Ce vendredi 17 mai, c’est la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie. Un jour important pour rappeler qu’en Belgique également, la lutte est loin d’être de l’histoire ancienne. État des lieux d’un pays moins tolérant qu’on ne le croit.
Un couple homosexuel agressé par cinq mineurs en soirée, deux hommes battus par leur voisin dans leur propre appartement le soir du réveillon de Noël, un étudiant roué de coups en rentrant chez lui, un couple gay frappé avec une barre de fer, un jeune passé à tabac dans un guet-apens… Alors que la Belgique a été classée deuxième pays le plus avancé en matière de droits des personnes LGBTI en Europe, il ne faut pas oublier qu’en 2018, nous avons également battu le record de plaintes pour homophobie !
Des chiffres alarmants
C’est UNIA, l’institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination qui a révélé ce sordide constat. L’année dernière, l’association a traité près de 125 dossiers relatifs à la discrimination à l’encontre des personnes homosexuelles. il s’agit d’une augmentation de 38% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Et si les agressions physiques (17 en 2018) sont souvent largement médiatisées, elles ne représentent qu’une infime partie des discriminations rencontrées par les personnes homosexuelles.
À côté de cette violence visible, on en oublie trop souvent les agressions verbales (42 dossiers ouverts), les refus de louer une habitation ou de servir un couple homosexuel (17 incidents avec locataires ou clients répertoriés), les incitations à la haine sur internet, les trolls sur les réseaux sociaux...
“En théorie, la plupart des gens n’ont aucun problème avec le mariage homosexuel jusqu’à ce qu’ils voient deux hommes marcher main dans la main. C’est à ces moments-là que nous observons une homophobie sous-jacente dans différents groupes allant de voisins intolérants à des étudiants du milieu d’extrême droite“, commente le directeur d’Unia, Patrick Charlier, qui estime que l’on ne peut pas parler vraiment d’acceptation totale des personnes LGBT dans notre société.
Il ajoute d’ailleurs pour illustrer cette discrimination que certains propriétaires refusent encore de louer un appartement à un couple gay parce qu’ils recherchent “un ménage stable”, que des chauffeurs de taxi ou de bus interdisent à des personnes LGBT de monter, que des personnes se permettent de commenter des articles avec des “tous les pédés en prison” sur internet, qu’un forum ultra-catholique assimile l’homosexualité à la pédophilie… Des situations que les homosexuels et plus généralement, les personnes LGBTQI+ vivent au quotidien et que nous ne pouvons tolérer.
Mais l’homophobie augmente-t-elle ? Difficile de l’affirmer. On peut supposer que s’il on recense une augmentation de la discrimination envers les personnes homosexuelles, c’est parce que ces dernières sont plus enclines à porter plainte. On peut donc imaginer que l’homophobie n’est pas en hausse, mais qu’elle est plus souvent traitée et médiatisée.
Si en Belgique, la discrimination basée sur l’orientation sexuelle est interdite par la loi antidiscrimination, aujourd’hui encore dans l’espace public, à l’école, dans les clubs de sport, etc. les lesbigays continuent d’être considérés autrement pour ce qu’ils sont. L’existence même d’Unia nous rappelle que : “la violence verbale et physique contre les personnes homosexuelles est encore une réalité dans notre pays”.
Comment lutter contre l’homophobie et la transphobie?
Quels sont les trucs et astuces pour lutter contre l’homophobie et la transphobie ?
- Bannissons les expressions péjoratives : écoutez-nous attentivement: non, on ne peut pas dire “gouine” ou “tapette” en haussant les épaules et en ajoutant “Oh ça va, j’suis pas homophobe”. Ces expressions sont lourdes de sens et historiquement loin d’être glorieuses. On fait donc attention au poids des mots pour ne blesser personne et respecter l’être humain qui se trouve en face de nous.
- Informons-nous : avant de pouvoir discuter avec une personne d’un sujet (surtout quand il est aussi sensible), on s’informe et on prend la mesure de la problématique. L’homophobie et la transphobie tuent toujours des milliers de personnes dans le monde. Il existe des dizaines de sites qui fournissent chaque jour des informations sur la situation des homosexuels dans le monde. On pense notamment à SOS Homophobie, Rainbow Europe et Urgence Homophobie. Apprendre et comprendre, c’est le premier pas nécessaire pour rejoindre le combat.
- Parlons-en : discutons de l’homophobie et de la transphobie avec notre entourage, véhiculons des messages positifs sur les réseaux sociaux, défendons les personnes victimes de discrimination, argumentons face aux personnes réfractaires… Crions notre ouverture d’esprit !
Envie d’appuyer vos arguments ?
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