Zed Yun Pavarotti est un véritable ovni dans la scène musicale actuelle. Un flow poétique, des instrus mélodieuses et une vraie “gueule”. Un artiste inclassable à découvrir d’urgence.
Originaire de Saint Etienne, le jeune Zed Yun Pavarotti est un “rappeur-chanteur” de 22 ans. Influencé par le métal, il propose un univers inédit dans le paysage rap et se démarque avec son style mélancolique voire poétique. En mai dernier, il a sorti sa deuxième mixtape French Cash. Le point de départ d’une tournée à travers toute la France avec un passage en Belgique pour le festival des Ardentes à Liège. Rencontre avec l’un des nouveaux visages du rap français.
Comment t’es-tu intéressé à la musique ? Quel a été le déclic ?
C’est grâce à mon cousin. Il était fan de métal et moi j’avais très envie de lui ressembler. J’écoutais tout ce qu’il aimait mais j’ai vraiment dû me forcer parce que au début ça ne me plaisait pas du tout.
Et il écoutait quoi ?
C’était un album de System of the Down. Je l’avais sur mon MP3 mais j’ai seulement commencé à l’aimer au bout d’un an. À la base, je n’écoutais pas de musique. Je n’avais pas forcément de goût, et grâce à cet album j’ai développé une passion pour le métal
Comment t’es-tu dirigé vers le rap ?
C’était un processus assez naturel, parce qu’il y a beaucoup de groupes de métal qui côtoient le monde du rap et vice-versa. Je devais avoir 12, 13 ans quand j’ai commencé à écouter des artistes qui mélangent ces deux styles musicaux comme Limp Bizkit. Je me suis aussi intéressé au rap grâce à Eminem.
Tu as ensuite commencé à écrire et à sortir des projets ?
Oui, mon premier morceau date de 2014, et j’ai sorti mon premier projet la même année. Actuellement, il n’est plus disponible, fort heureusement. En 2018, j’ai sorti ma première mixtape Grand Zéro et la deuxième French Cash en mai.
Quelle est l’origine de ton nom de scène ?
Avant c’était seulement Zed. J’ai ensuite ajouté Yun et Pavarotti. J’avais besoin de marquer plus directement mon identité. Je voulais y mettre des infos. Yun c’était pour dire “jeune”, dans le courant des “Lil’” et des “Yung” aux Etats-Unis, donc c’était un clin d’œil au rap américain. Pavarotti, c’était pour marquer la scission avec le rap parce que plus tard je risque de proposer autre chose. Et puis je suis assez fan de Luciano Pavarotti.
Tu te doutais qu’on allait en parler. Tu peux nous expliquer un peu le sens de tes tatouages ?
C’est bizarre parce que je déteste l’univers autour du tatouage. Moi je les vois un peu comme des marques. C’est d’ailleurs pour ça que j’en ai sur le visage. Il n’y a pas vraiment de réflexion ou de sens derrière mes tattoos. J’y réfléchis un minimum parce que je vais les garder sur mon corps et mon visage. Mais il n’y a pas beaucoup de temps entre l’instant où j’y pense et le rendez-vous chez le tatoueur. Par exemple le “Maison” en dessous de mon œil, c’est tout simplement parce que j’aime être à la maison.
Ton style est assez mélancolique et poétique. C’est assez inédit dans la scène rap actuelle. Comment tu t’es créé cet univers ?
Il faudrait que je demande à Freud (rires). C’est passé par des phases d’expérimentations, d’élaborations et je me suis rendu compte de ce que j’aimais vraiment faire. Après, j’ai affiné pour voir ce que je pouvais proposer au public. Au final c’est assez dark, mais je n’étais pas prédestiné à faire ça, c’est juste venu comme ça.
Ce style est vraiment accentué par tes instrus, tes musiques. Comment tu travailles sur ça ?
J’ai un producteur un peu fétiche qui s’appelle Ocha. Il vient de Saint Etienne comme moi. C’est avec lui que j’ai collaboré sur mon premier projet Grand zéro et aussi French Cash. On élabore plein de choses ensemble. Au niveau des prises de voix, de la technique, on crée notre petit monde musical.
Il n’y aucun aucun duo sur ton dernier album French Cash, c’était volontaire ?
J’avoue que je n’ai pas essayé de provoquer une collaboration. Je préfère que ça se fasse au feeling. Moi j’ai de très gros blocages, des lubies quand je bosse donc c’est compliqué.
Il y a des rappeurs avec qui j’aimerais travailler mais vis-à-vis de ce que je propose j’ai envie de surprendre en permanence. Je voudrais travailler avec un mec qui n’est pas forcément connu, un international. Je veux essayer de m’ouvrir. Le principe de musique nationalisée, ce n’est pas mon truc. Même si je chante en français, j’ai envie de parler à tout le monde et aller partout.
Tout s’est rapidement enchaîné pour toi. Tu étais dans la liste des Frenchmen de Konbini. Beaucoup de médias comme France Culture ou Télérama ont parlé de toi.Comment as-tu vécu tout ça ?
Je ne sais pas trop. Ça ne m’a pas choqué, parce que pour moi c’est juste le début. Mes objectifs ne sont pas tous atteints. Mon premier but, c’était de remplir une grande salle et j’ai réussi à Paris au 1999. C’est là que je me suis dit “ça peut vraiment marcher”. Mais le traitement médiatique ce n’est pas ce qui me bouleverse le plus.
Et quels sont tes autres objectifs ?
J’aimerais remplir une grosse salle avec un public de 1000, 1200 personnes.
Il y a une salle qui te fait rêver ?
Oui à Saint-Etienne, ma ville natale. Si je peux réussir à remplir Le Fil, ça serait quelque chose d’assez fort et de symbolique.
Retrouvez Zed Yun Pavarotti le dimanche 7 juillet aux Ardentes à Liège.
Pour plus de dates, rendez-vous sur son Facebook : https://www.facebook.com/ZEDYUNPAVA/
Charlotte Médot