Un sein masculin, oui. Un mamelon féminin, non. Le compte Instagram @taboob_official créé par deux Belges, JasperDeclercq et la photographe Noortje Palmers, ne contient que des photos de tétons féminins. Le but ? Tester les limites des algorithmes Instagram.
Tabou ou pas tabou ?
Quelle est la définition d’Instagram sur la poitrine féminine ? Jasper Declercq s’interroge quant à la diffusion de seins nus sur le réseau social sans que ceux-ci soient supprimés de la Toile. Avec l’aide de sa collègue Noortje, les deux artistes ont l’idée de décorer, de recouvrir et de photoshopper des photos de seins féminins. Est-ce qu’un téton transformé en œuvre d’art, décoré de charcuterie, de bonbons, de ficelles… sera considéré comme objet de censure sur Instagram ? Malheureusement, oui… La plus frappante est sans doute le “Pinochiotet'”, un téton qui se rallonge comme le nez de Pinocchio mais cette image traitée par Photoshop a été retirée par Instagram 0,2 secondes après sa publication. Les limites de la plateforme sont très restreintes et la définition du terme “tabou” reste assez flou.
“You can block a boob once, but in the end, tits will win”
Tout en provoquant les algorithmes d’Instagram, Jasper et Noortje prônent la diversité. En effet, sur la page on y retrouve des tétons de toutes tailles, de femmes blanches ou noires qui sont âgées entre 20 et 70 ans. Contrairement aux industries de la publicité et du porno qui n’affichent que des seins “parfaits”, les créateurs exposent simplement la réalité c’est-à-dire la multiformité.
Une fois publiées, les photos sont effacées petit à petit par la plateforme et entre-temps, le compte a complètement été supprimé. Face à ce mécontentement, les deux artistes se créent un nouveau compte @taboobofficial et re-postent les mêmes photos. Grâce aux soutiens de nombreux internautes, la page est ré-accessible. Pour voir les photos qui n’ont pas plu à l’entreprise de la Silicon Valley, faites un tour sur le site.
Instagram, un des réseaux sociaux le plus conservateur
En Belgique, Instagram est désormais le réseau social le plus utilisé mais aussi le plus controversé notamment avec son double-standard. La plateforme censure facilement dès qu’un contenu n’est pas conforme aux règles de la communauté mais n’est pas toujours cohérent dans ses actes…
Le compte Playboy montrant des femmes dénudées ne pose aucun problème mais un travail photographique axé sur la représentation de la sexualité peut déplaire au réseau social américain. Certaines photos d’automutilation sur le corps d’une femme sont acceptées mais le corps féminin est censuré. Le réseau social s’oppose également à certaines idées, par exemple le compte @Meufsmeufsmeufs proposant un contenu féministe a été bloqué alors qu’a priori, aucun contenu choquant n’a été partagé.
Notre avis : si on ne peut même plus partager nos idées et nos revendications, à quoi servent les réseaux sociaux ? Pour soutenir les comptes féministes victimes des algorithmes d’Instagram, n’hésitez pas à signer la pétition.
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Nao Nishikawa (stagiaire)
