Après un LGBT Pride Month haut en couleurs (un mois durant lequel les USA mettent à l'honneur l'impact des personnes LGBT sur la société), Megan Rapinoe donne une nouvelle raison aux États-Unis d’agiter bien haut le drapeau arc-en-ciel en remportant avec son équipe le Mondial de football. Mais qui est cette redoutable joueuse, sur le terrain sportif comme politique ?
1. Une habituée des grands palmarès
Ce n’est pas parce que le monde entier semble s’être intéressé pour la première fois cette année au « football féminin » que Megan Rapinoe nous a attendus pour marquer des points. Ce 7 juillet, elle célèbre en effet sa deuxième victoire en Coupe du monde avec l’équipe américaine. Et Megan est une habituée des palmarès, crampons aux pieds : médaille d’or aux Jeux olympiques et championne de France deux ans de suite avec l’Olympique lyonnais. Et pour ses performances impressionnantes en 2019, elle vient d’être sacrée Ballon et Soulier d’or 2019. Rien que ça !
2. Un combat contre la drogue
Megan Rapinoe est née dans une famille californienne de six enfants. Elle a une sœur jumelle, Rachael, mais c’est son frère Brian qui a toujours focalisé l’attention. Si c’est lui qui a poussé Megan à jouer au football, il est malheureusement tombé dans l'enfer de la drogue dès le lycée, un mal qui ronge véritablement la jeunesse californienne. Depuis, il est passé d’une prison à une autre, séjournant même dans l’établissement pénitentiaire haute sécurité de Pelican Bay et s’acoquinant avec des suprémacistes blancs. Megan et lui y ont échangé de nombreuses lettres, où elle l’a toujours soutenu et encouragé à retrouver le droit chemin. Depuis le succès de sa petite sœur, Brian tente de se tenir aussi loin que possible de ses démons. Megan, elle, a été sauvée grâce au football… et par extension son frère, qui l’a emmenée sur le terrain vert dès ses trois ans.
3. Une icône LGBT
La joueuse américaine était déjà promise à une carrière plutôt glorieuse quand elle a fait son coming out public dans le bien nommé magazine « Out ». À 27 ans et dans un milieu sportif pas toujours tendre, elle explique l’avoir fait pour incarner pleinement son rôle de symbole pour la communauté LGBT : une jeune femme sportive, couronnée de succès et lesbienne. Un modèle pour de nombreuses autres qui a été immortalisé en 2015 au National Gay and Lesbian Sports Hall of Fame. En 2019, elle est devenue la première femme ouvertement gay à figurer en maillot de bain dans le fameux Sports Illustrated. Megan Rapinoe partage aujourd’hui sa vie avec Sue Bird, une basketteuse quadruple championne olympique.
4. Pas d’hymne, mais un genou à terre
Après la shitstorm qui s’était abattue sur le joueur de football américain Colin Kaepernick, qui avait posé un genou à terre avant un match en signe de défiance contre le racisme et les violences policières aux États-Unis, Megan Rapinoe a tenu à lui montrer son soutien. En septembre 2016, elle a reproduit son geste durant l’hymne américain, juste avant un match international. Désormais, elle refuse même de chanter le dudit hymne, s’attirant les foudres de certains Américains… et de Donald Trump.
5. Megan Rapinoe n’ira pas à la Maison blanche
Le président américain n’est en effet pas son plus grand supporter, d’autant plus depuis que Megan a fait savoir dans un tweet qu’elle ne mettrait pas les pieds à la Maison blanche, comme le veut la coutume, si son équipe gagnait la finale. Toujours très engagée, la joueuse refuse de rencontrer Donald Trump, dont elle rejette totalement les idées et la politique. Sa prise de position lui a même valu de devenir un meme.
“How much do you hate the current president”
Megan Rapinoe: “This much” pic.twitter.com/MhXMWUyD0w
— Sean Yoo (@SeanYoo) 28 juin 2019
Le président américain lui avait répondu par une volée de tweets l’accusant en filigrane d’arrogance. Mais même avec la coupe entre les mains, rien n’y fait : Megan Rapinoe refuse d’aller à la Maison blanche… Et tant pis pour les hamburgers — de toute façon froids — qui avaient été servis à une équipe de football américain masculin.
....in our Country’s history, and the poverty index is also best number EVER), leagues and teams love coming to the White House. I am a big fan of the American Team, and Women’s Soccer, but Megan should WIN first before she TALKS! Finish the job! We haven’t yet....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 26 juin 2019
En revanche, quand la députée démocrate Alexandria Occasio-Cortez, grande défenseuse de la justice sociale, l’a invitée à vitisiter la Chambre des représentants, Megan n’a pas hésité une seule seconde. Donald Trump a, quant à lui, finalement félicité les joueuses américaines — deux heures après leur victoire, tout de même —, mais sans citer la buteuse du match, Megan Rapinoe...
6. Elle en veut à la FIFA...
Megan Rapinoe porte de nombreux combats. Dernièrement, elle s’est attaquée à la fameuse FIFA en dénonçant les horaires des finales de trois compétitions footballistiques : la Coupe du monde, à laquelle participait son équipe, la Gold Cup et la Copa America, qui avaient étrangement toutes lieu en même temps. « Je ne pense pas que nous soyons aussi respectées que le football masculin », a-t-elle déclaré, en colère. « Incroyable » selon elle, surtout qu’aux États-Unis, l’équipe féminine est particulièrement suivie et populaire, après avoir gagné de nombreux titres.
🏆 Trois finales le même jour (Gold Cup, Copa America, Coupe du Monde) ? ''Nous n'avons pas le droit au même respect que les hommes'', assure Rapinoe pic.twitter.com/pzyCoLUVmm
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 6 juillet 2019
7. … et à sa propre ligue
La joueuse californienne a également porté plainte avec 27 autres sportives contre la Fédération américaine de football. Malgré leur succès, elles s’estiment « discriminées en raison de leur genre ». En cause, des salaires toujours moins bas que les hommes, alors même qu’elles affichent un palmarès bien meilleur. 20 000 Américains on d’ailleurs décidé de faire le déplacement pour les soutenir en France, où elles ont remporté le titre de meilleure équipe de la Coupe du monde. Leur lutte pour l’égalité salariale, elle, se poursuit.
8. Showgirl
Rien de tout cela n’empêche Megan Rapinoe de faire la fête sur le terrain. Elle est d’ailleurs bien connue pour ses célébrations voyantes — parfois taxées d’arrogance —, quand elle marque un but. Avant la pose qui lui a valu de devenir un meme, elle avait déjà marqué les esprits en 2011 lors de sa précédente Coupe du monde. Son fait d’arme le plus mémorable ? Folle de joie après son premier but, elle avait agrippé le micro pour entonner devant une foule en liesse « Born in the USA » de Bruce Springsteen. What a showgirl !
9. « Just do it »
Le caractère détonnant de Megan Rapinoe ne semble en revanche pas faire peur aux annonceurs, puisqu’en février dernier, elle est apparue aux côtés de Serena Williams, l’escrimeuse voilée Ibtihaj Muhammad ou encore Simone Biles, gymnaste américaine, dans le spot émouvant de Nike, « Dream Crazier ». On l’y voit garder le silence, la main sur le cœur, durant l’hymne américain. La campagne, qui rend hommage aux sportives et veut en inspirer d’autres, a été diffusée lors de la dernière cérémonie des Oscars.
10. Megan ne jouera plus jamais de Mondial
Selon toute vraisemblance, cette Coupe du monde victorieuse sera sa dernière, la compétition féminine ayant lieu tous les quatre ans. Megan Rapinoe a en effet 34 ans, un âge « honorable » pour une joueuse de football professionnelle. Gageons que les matchs politiques qu’elle dispute, eux, ne prendront pas fin en même temps que sa carrière sportive.
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