Vous l’avez sûrement déjà vu quelque part, et pour cause : il fait un carton sur la RTBF. Tarmac, les Niouzz ou encore Max&Vénus, Prezy est multitâche. Dans son élément côté média, il se dévoile à présent côté musique. 

Prezy, c’est un shot de vitamines. Un entretien dès le matin avec lui, et nous voilà de bonne humeur pour le reste de la journée. Le « présentateur télé qui fait de la musique », voilà comment il se présente. « Je m’amuse en télé et je m’amuse en musique. En fait je m’amuse dans la vie. Je suis quelqu’un qui prend plaisir à faire plaisir. »

Un passé douloureux

Alors oui, Prezy est toujours souriant. Mais quand on lui demande comment il a commencé le rap, il dévoile une autre facette de sa personnalité. À 18 ans, alors qu’il vient d’obtenir une bourse pour concrétiser sa carrière de basketteur professionnel aux USA, une attaque musculaire inexpliquée vient briser ses perspectives d’avenir. Pendant sa réhabilitation, il commence à écrire. « Au début ce n’était même pas du rap, j’écrivais des textes pour extérioriser ma colère. » Tout juste sorti de l’hôpital, il rencontre un jeune rappeur dans un internat namurois. « Pour moi, les rappeurs ça avait toujours été les gens qu’on voit à la télé. D’une rigolade, c’est devenu un défi. Si lui sait le faire, je suis capable de le faire aussi. » Voilà comment ses poésies sont devenues musiques. S’il accepte d’en parler aujourd’hui, ce n’est pas pour qu’on ait pitié de lui. Il a simplement pris conscience de la force qu’il peut transmettre en partageant son histoire. 

Au début, il se faisait appeler Prezy H. « J’avais commencé à écrire à l’hôpital et le « H » c’était pour me rappeler de quand ça avait commencé. Les gens pensaient que ça voulait dire « haschisch », mais rien à voir. “Prezy” c’est parce qu’en rue, je saluais plein de personnes. Un jour un pote m’a dit que j’étais toujours en campagne présidentielle. C’est venu de là. »

“Hulahoop”

Sous ses airs de « déconneur », le rappeur aime les doubles-sens et le morceau « Hulahoop » en est l’illustration. A la première écoute, la chanson est entrainante. A la seconde, celui qui veut aller plus loin comprendra que le « Hulahoop » est la métaphore d’un cercle sans fin. « Il a fallu que je me perde avant de trouver mon chemin ».

Par ailleurs, le texte est aussi une critique de l’hypocrisie véhiculée par les réseaux sociaux. « C’est le culte de l’apparence, et on est tous dedans. […] Les gens utilisent les réseaux sociaux comme une vitrine pour impressionner l’autre. […] Tu vas montrer ton boule sur les réseaux sociaux, et dans la vraie vie tu vas te montrer pieux. Moi je suis partisan de se montrer tel que tu es : si tu bouges ton boule sur les réseaux sociaux, va jusqu’au bout du concept ! »

La pochette représente elle aussi cette ambivalence. « Elle est à l’envers, parce qu’elle représente deux dimensions : ce qu’on est vraiment et ce qu’on montre aux gens. Il y a le rouge et il y a le bleu : avoir la tête dans les nuages et être terre à terre. » A chacun son interprétation.

Et la télé ?

Quand on lui demande si ça n’est pas trop compliqué de jongler entre ses différentes activités, Prezy n’est pas d’accord. “Non, parce que je ne me lance jamais dans quelque chose pour laquelle je ne pourrai pas être au max de mes capacités. […] La télé, pour moi c’est un jeu. Ce n’est pas une contrainte. C’est-à-dire que quand j’arrive au boulot, on rigole dès qu’on me voit dans le couloir. La rédac’ elle-même me dit que je suis arrivé avec une énergie super positive. […] Il n’y a pas de meilleur boulot. Pareil pour la musique, pouvoir échanger comme ça, c’est magique !” Et pas question de choisir une des deux casquettes. “C’est cinquante-cinquante, c’est l’un avec l’autre. Pendant mes trois premières années à la RTBF, j’avais mis en stand-bye la musique. J’avais toujours cette inspiration mais je me forçais à ne pas écrire. À un moment je me suis dis que je gaspillais des histoires à raconter. Je me suis dit “écris-les, peut-être qu’un de ces quatre tu trouveras le temps de balancer des trucs”, et ça se confirme maintenant avec Hulahoop.”

To be continued

Et pour la suite ? “J’ai une cinquantaine de morceaux qui sont déjà prêts. “Hulahoop” c’était le départ. C’était dans ce style-là parce qu’il fait beau, c’est l’été. Après je vais autant dans de la trap que je vais dans de la rumba revisitée hip-hop, de la funk ou de la bossa nova. […] Je sais faire de tout et je sais raconter des histoires sur beaucoup de sujets. S’il faut faire de l’égo trip, on est prêt ! S’il faut faire du second degré tout en faisant des punch lines, on est prêt ! S’il faut faire du story telling, on est prêt ! […] J’avais déjà fait écouter des morceaux à IAM, le groupe marseillais, et ils avaient grave flashé sur certains titres. Je crée des contacts ici et là. Je vais bientôt collaborer avec les Beaux Arts, il y a quelque chose qui se prépare pour l’année prochaine.”

Certes Prezy est un rigolo. En revanche, il ne faut pas creuser énormément pour approcher son côté profond et perspicace. Loin de se complaire dans un petit confort, le rappeur touche à tout. “C’est comme dans tout, il faut d’abord que tu “pèses” un peu plus et que tu fasses tes preuves. Et finalement, les portes grinceront moins quand tu voudras les ouvrir.”

“Hulahoop” est disponible sur toutes les plateformes de streaming

Estelle De Houck (stagiaire)

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