La Haute-Couture nous inspire et donne le ton d’une création qui s’attache moins à l’hyper-réactivité de la tendance, qu’à une élégance dans la durée.
Les images fortes de la saison, pour comprendre et décliner la Couture à notre mesure :
Le fluo et des couleurs flash, avec Schiaparelli
Le nouveau directeur artistique de la Maison, Daniel Roseberry, 33 ans, a travaillé pendant une dizaine d’années avec Thom Browne à la tête des collections homme et femme. Désormais, il préside à la nouvelle allure de la femme Schiaparelli : moderne, assertive et spectaculaire, avec un culot technicolor et des lignes épurées potentiellement prêt-à-porter.
Les images symboliques, avec Viktor & Rolf
La mode véhicule les messages de son époque et pour Viktor & Rolf, chaque collection exprime une problématique d’art contemporain. Cet hiver, les patchworks de spiritualités remettront les pendules de la mode à l’heure d’un bon sens parfois oublié.
Les plumes et les volumes, avec Givenchy
Cette collection Givenchy Haute-Couture signé Clare Waight Keller est saisissante de beauté. Elle présente tous les ingrédients de l’émerveillement : les lignes structurées qui surfent au-dessus des tendances éphémères, la délicatesse de matières sensuelles et caressantes, une élégance universelle à vous rendre paradoxalement inaccessible. En pratique et au quotidien, on adoptera cette notion de volumes duveteux réconfortants et théâtraux : plumes et (fausse) fourrure colorée, on ose, on s’impose.
L’androgynie douce, avec Rabih Kayrouz
Le plus parisien des créateurs libanais décline cette saison la Couture en épure d’un chic absolu, avec des silhouettes aux lignes parfaites qui ne nécessitent pas de bavardage accessoirisé. Les robes chemises se fondent au corps et ajoutent de la prestance à une personnalité forcément affirmée. Rabih Kayrouz possède un inestimable art de la coupe, et on s’inspire avec délice de sa philosophie de la simplicité sophistiquée.
Les textures vivantes, avec Iris Van Herpen
La créatrice expérimentale néerlandaise consacre le plus clair de son temps de conception à échanger avec les chercheurs scientifiques les plus innovants, pour imaginer ses collections vibrionnantes à la respiration organique. Cet automne, ses robes sont papillons, et on butine cette inspiration à la délicatesse à peine compréhensible, en plébiscitant plissés et imprimés en trompe l’œil. La mode est une succession d’histoires, il faut écouter Iris, elle voit au-delà de la pupille.
Une idée débridée de “la bourgeoise”, avec Alexandre Vauthier
C’est l’une des tendances phares de la rentrée, en contre-pied de l’hyper-accessibilité des icônes outrancièrement sexy des réseaux sociaux. La néo-bourgeoise s’invite sur les podiums comme une forme de subculture, et chez Alexandre Vauthier, c’est la rigueur qui structure une séduction féminine subtile.
Comme des bêtes, avec Jean-Paul Gaultier
Les allusions fauniques feront fureur et fourrure tout l’hiver, avec des imprimés sauvages d’une sensualité fauve. Chez Jean-Paul Gaultier, le second degré d’un regard décalé ou d’un trompe-l’œil rend les motifs animaliers surréalistes et chaleureux, même quand la matière est légère comme un souffle. De panthère, évidemment.
L’autorité post-gothique, avec Maison Margiela
C’est la tendance fétish de la saison, celle d’une sexyness extravagante aux accents militaires. Pour Maison Margiela, John Galliano se fond dans la didactique énigmatique et conjugue l’avant-garde à sa culture britannique : extra-ordinaire, barbouillée de sensualité, et transversale aux genres et aux tendances qui passent, tandis que son élégance reste.
L’élégance intellectuelle, avec Chanel
On attendait avec impatience et curiosité la première collection Chanel officiellement signée par Virginie Viard, à la succession de Karl Lagerfeld. Présentée dans un décor de bibliothèque, cette saison Haute-Couture a affirmé une sophistication intemporelle, fiable, sans éclats second degré. Une valeur sûre, pour une Maison de métiers d’arts au luxe pérenne.
Les robes de soirées, avec Christian Dior
« Je pourrais écrire tout un livre sur le noir », Christian, Petit Dictionnaire de la mode. On lui en sait grées. Cette nouvelle collection Haute-Couture signé Maria Grazia Chiuri n’a dévoilé que peu de couleurs et encore, c’était des éclats argent, avec des interprétations de tuniques grecques antiques. Dentelles et drapés, la Maison rappelle l’essentiel de la Couture : une élégance sublime, destinée à paraître. Pour faire de chaque moment, une grande occasion.
À LIRE AUSSI:
L’art de ne pas être à la mode
La mode sait-elle encore être insolente ?