Marcus Hyde, un photographe qui a notamment travaillé avec la famille Kardashian, est accusé d’agressions sexuelles. Le tout, sur les réseaux sociaux, à l’ère post-#MeToo.

Il est de ceux qui opèrent dans l’ombre des grandes célébrités. Marcus Hyde est le photographe de toute une scène, de Chance the Rapper à Ariana Grande, en passant par l’inévitable Kim Kardashian. Son portfolio est explicite, tout comme ses photos : des femmes, surtout, dénudées, souvent. Ce qui ne constituerait pas un problème, si l’Américain n’avait pas été tout récemment accusé d’être un véritable prédateur sexuel, preuves à l’appui.

Dans une série de messages adressés à des modèles, il propose ses services de photographe. Sauf qu’il exige, avant toute séance officielle et dans un cadre professionnel, des « nudes » de la part de ses victimes, jouant de son influence. Si de nombreuses femmes ont dû refuser cet échange pour le moins sordide, certaines ont décidé de passer à l’attaque. Révélant ainsi toute la puissance des réseaux sociaux à l’ère post #MeToo.

C’est le compte Instagram @Diet_Prada, spécialisé dans les scandales de l’industrie de la mode, qui a posté les premières captures d’écran. Et ce qu’on peut lire dans ces échanges de messages dépeint sans équivoque Marcus Hyde comme un photographe lubrique, un prédateur sexuel en puissance. « Je veux voir ce que tu vaux », écrit l’homme de 34 ans, après avoir demandé des photos nues d’une mannequin. Si elle s’exécute, le shooting sera gratuit. Dans le cas contraire, elle déboursera les 2 000 euros prévus. La modèle refuse, mais il insiste, avant de finir par l’insulter. Sa victime finira par partager les échanges sur sa story Instagram, avant d’être reprise par le compte aux 1,4 million d’abonnés. Depuis, d’autre témoignages ont rejoint le sien — l’accusant notamment de viol —, toutes partagées par @Diet_Prada.

 

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Suite à ces révélations, deux de ses anciennes clientes, Ariana Grande et Kim Kardashian, se sont exprimées pour dire à quel point elles trouvaient révoltant son comportement. Et de la même manière que la victime, ont communiqué l’affaire sur leurs propres réseaux sociaux. En deux jours, Marcus Hyde a littéralement disparu des siens, passant notamment son profil Instagram en privé.

#MeToo et la justice des réseaux sociaux

La méthode est extrêmement parlante, puisqu’elle emploie les mêmes outils qu’en 2017, quand le scandale #MeToo a éclaté . À l’époque, des actrices révèlent sur les réseaux sociaux — Facebook et Twitter, surtout — les agressions sexuelles du producteur américain Harvey Weinstein, avant de saisir la communauté internationale avec un hashtag déjà inscrit dans les livres d’histoire du féminisme. Et si certains parleront de justice expéditive, voire de délation, force est de constater que les preuves incriminant les hommes concernés ont très vite surgit.

Ces dénonciations 2.0 n’ont pas valeur de justice, bien entendu, mais elles permettent dans un premier temps aux victimes de faire entendre leur parole et de trouver le soutien de leurs paires, quand par le passé, elles étaient seules à devoir supporter le trauma de ces agressions. Elles ont également permis de gonfler les dossiers de l’accusation : en visibilisant les agissements de leur agresseur, elles ont permis à d’autres victimes de sortir du bois. C’est d’ailleurs ce qui est actuellement en train de se produire avec l’affaire Marcus Hyde, puisqu’un échange incriminant cette fois un autre photographe, Timur Emek, a été publié. Par le passé, d’autres photographes, comme Terry Richardson, avaient été pointés pour leurs agissements. Mais ça, c’était avant #MeToo…

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