Visionnaire du prêt-à-porter, elle a fondé sa Maison en 1968. Sonia Rykiel disait aux femmes : « n’écoutez pas les diktats de la mode, regardez-vous dans la glace et choisissez ce qui vous va ».
Elle appelait ça « la démode »
Pour libérer les femmes des vêtements qui les empêchaient d’être pleinement elles-mêmes, elle a inventé les coutures à l’envers, elle a supprimé les ourlets, créé des pulls collants, des tenues sophistiquées en matière tee-shirt ou jogging, en velours...
« En général dans la mode, les mots « confortable », « sexy » et « sensuel » ne cohabitent pas. Ma mère a réussi ça », déclarait Nathalie Rykiel, qui a pris la suite de sa mère à sa disparition en 2016. Sonia Rykiel était une marque pionnière sociologiquement et stylistiquement.
Une autre époque
La marque française emblématique de la nonchalance parisienne démocratisée avait été rendue célèbre par ses pulls en maille et rayures colorées.
Mais entre le marché de la mode, challengé depuis une dizaine d’année notamment par l’hyper versatilité des tendances imposées par le mass market et l’émergence d’une nouvelle marque toutes les deux secondes, mis en perspective avec une gestion manifestement inefficace, la Maison a accusé de lourdes pertes en 2018 (30 millions d’euros pour 35 millions d’euros de vente). Alors qu’à sa grande époque, l’entreprise comptait 30 magasins et 400 salariés, ils n’étaient plus que 131 en 2019, et réclament aujourd'hui un plan social.
Mais les difficultés de la marque n’étaient pas récentes : maison historiquement indépendante – comme sa fondatrice – Sonia Rykiel avait dû léguer 80 % du capital de la société au fonds d’investissement chinois First Heritage Brands, des frères Fung, pour tenter de stabiliser l’entreprise familiale.
Ce 25 juillet
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire immédiate de la Maison, faute d’avoir été reprise par un repreneur, malgré des mois de recherches.
Nathalie Rykiel, directrice artistique depuis 1995 de la marque fondée par sa mère, nous avait confié sa vision de la mode créée par une femme, pour des femmes : « je déteste les clivages sexués. Je reconnais que les femmes ont souvent un tempérament très ancré dans la réalité, surtout dans ce métier où elles sont amenées à porter leurs créations, et où elles ont une évidente proximité avec la morphologie féminine. Mais je trouve aussi cette approche réductrice, car elle implique que tous les grands artistes sont des hommes, ce qui est faux. Je suis contre cette idée qui sous-entend que les femmes ont moins d’imagination et qu’elles sont incapables de faire rêver. Tout est question de personne. Il est vrai qu’une femme connaît son corps, qu’elle sait ce qui va la mettre en valeur, être confortable ou non. Néanmoins, certaines stylistes partent dans de puissants délires créatifs hors de contrôle ! Tout comme certains hommes ont un sens affûté du confort. A sa façon, ma mère a lancé une véritable révolution ».
Vision moderne de la mode qui, même sous une autre forme, perdurera forcément, pour avoir changé notre acception du style et du confort.
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