Des espaces infinis, des activités culturelles, multisports et énergisantes pour chacun : pour un dépaysement ressourçant, suivez notre périple testé et adoré dans l’ouest du Québec.
Un (virgin) mojito à la main, à deux jours de votre retour d’Ibiza, vous réfléchissez à vos prochaines vacances. C’est futé : la projection prolonge le plaisir. Vous rêvez de dépaysement, d’Histoire et de sports plus ou moins adrénalinés ? On vous a balisé un parcours sur ce territoire qui compte 3 millions d’habitants de moins que la Belgique, pour 50 fois sa superficie. Mathématiquement et philosophiquement, ça fait beaucoup de calme et de liberté à explorer.
1ère étape : l’Abitibi-Témiscamingue
Si vous arrivez à le prononcer, vous pouvez le visiter ! On arrive dans cette région par Toronto, puis North Bay avec Air Canada. On plonge dans une nature dense et préservée, en inaugurant presque le tout nouveau parc national d’Opémican, fraîchement ouvert en juin 2019.
Ce parc, l’un des plus vastes du Canada, est né d’une initiative citoyenne pour préserver les richesses naturelles de la région.
Dans cet immense espace où la faune et la flore s’ébattent et se multiplient au-delà de notre imagination de citadins, on loge en « prêts-à-camper », sorte de tentes en dur, avec kitchenette, lits superposés, et début de luxe : l’électricité ! En revanche, pour les sanitaires, il faudra crapahuter un peu jusqu’aux toilettes sèches. On est en pleine nature sauvage, éclairé par les lucioles. Mais vraiment, n’oubliez pas vos sprays anti-moustiques. Parce que eux, ne vous oublieront pas.
Sur place, on s’adonne à toutes activités nautiques et pédestres qu’on souhaite, entouré du silence relatif de la pleine nature (il faut avoir dormi les yeux ouverts pour comprendre) et quasi sans croiser personne.
Mais dans le centre d’accueil du parc, on trouve de la petite épicerie et Graal de la forêt, du wifi.
Besoin d’un guide ? (on vous le conseille, parce que toutes les subtilités de la forêt, on ne peut pas les denier) : Exode Bâtisseurs d’Aventures vous concocte une expédition sur-mesure, toute logistique prise en charge, avec une équipe conviviale.
Bon à savoir : dans tous les parcs régionaux et nationaux du Québec, les infrastructures sont gratuites pour les moins de 18 ans. Prêts de vélos, kayaks et tous équipements sportifs, accès au parc, activités, tout est gratuit, à part l’hébergement, qui est réduit de 50 %.
L’objectif ? Reconnectez les jeunes avec la nature, et les débrancher de leurs écrans. Mais on ne dit rien pour les parents; vous pouvez embarquer vos tablettes et vous défouler quand les gamins seront couchés.
Quelques visites qui vont emballer les enfants
Le Refuge Pageau
Depuis 1986, ce centre de réhabilitation, le plus grand et le seul ouvert au public du Québec, recueille des animaux sauvages de la région. Retrouvés blessés, issus de la forêt boréale, ils sont soignés et relâchés dans la nature dès que possible. Car parfois, leur plus gros handicap est la confiance qu’ils développent envers les hommes. Comme certaines hordes de biches, trop habituées à leurs soigneurs, et qui deviennent des résidentes permanentes, lorsque malgré les efforts réciproques des uns et des autres, ils s’attachent. A l’instar de Chewbacca le porc-épic superlove qui viendra vous faire des câlins (à caresser dans le sens du poil…), ils finissent leurs vieux jours entourés de soins et d’affection. Il est important de soutenir le projet même si au final on ne voit pas beaucoup d’animaux, mais ici, le côté « zoo » n’est pas le propos.
Pour découvrir plus d’espèces et les fréquenter de tout près, si vous poussez qu’à la région de l’Outaouais, foncez visitez le Parc Oméga : là, les animaux « sauvages » locaux sont quasiment en liberté. On caresse des daims, tandis que cerfs et orignaux passent la tête par la fenêtre de la voiture. Ils ont l'air de s'amuser autant que les touristes. Prévoyez des kilos de carottes dans le coffre, ils apprécient.
le Fort-Témiscamingue/Obadjiwan
C’est un ancien poste de traite (comme on dirait aujourd’hui de commerce, de fourrures essentiellement). Un site pédagogique, qui raconte des millénaires de présence autochtone, la vie aux 17 et 18èmes siècles, les échanges de marchandises et de traditions dans la région. Un arrêt d'une heure ou deux, instructif et ludique, dans un site reconstitué dans le respect d’une réalité historique, pas à la façon d’un parc d’attractions.
Le site culturel Kinawit
Pour tout connaître des traditions autochtones, apprendre à fabriquer un authentique canoë en bouleau, se poser sous un tipi tapissé de branches de sapin, découvrir que la forme du tipi est un hommage à la féminité avec sa construction inspirée de la jupe, et que l’entrée est toujours installée à l’est, parce que le soleil servait de réveil-matin, juste avant le smartphone.
Pour loger ? De charmants petits chalets rustiques. L’accueil est chaleureux, dans ce lieu de rencontres authentiques.
La Cité de l’Or
Rien à voir avec Esteban, Zia et Tao. C'est une ancienne mine d’or sise à Val d'Or, une petite ville construite tout autour, pour et grâce à elle.
En tenue de mineur – il fait froid à -90 mètres sous terre – on descend en voiture à chenilles dans les galeries, pour se rendre compte dans le noir et l’humidité des conditions de travail des ouvriers de l’époque.
En surface, on découvre toute la vie sociale organisée autour de la ruée vers l’or, qui a atteint son pic dans les années 30. Dans le Val d’Or d'origine, l'animation a longtemps tourné autour des bars et des salles de jeux – là où il y a de l’argent et des expatriés de multiples nationalités qui se retrouvent par opportunisme financier, ça ressemble plus vite à Vegas qu’à une plaine de méditation collective.
Aujourd’hui Val d’Or est une petite cité « normale », mais l’histoire de ses tripots vous fera peut-être encore tripper.
Le Festival d’Humour de l’Abitibi-Témiscamingue
Pour vous divertir lors des longues soirées du début du mois de juillet, filez vers cette scène en plein air, avec son édifiante sélection d’humoristes québécois. Quand on se sait de quoi les gens rient, on les connaît mieux que par n’importe quelle étude sociologique.
Vous aimez les stand-up bruts de décoffrages ? Ne loupez pas le passage de Mariana Mazza, féministe et dessalée, qui se lâche jouissivement sur des sujets de société universels, qu’elle traite en frontal.
Prochaine édition du festival : du 7 au 12 juillet 2020.
2ème étape : les Laurentides
Pour explorer cette autre région pour nous remonte doucement vers Montréal – mais pas encore tout à fait - on peut suivre l’itinéraire du Petit Train du Nord, ligne de chemin de fer désaffectée, qui reliait au début du XXe siècle tous les petits villages de Montréal à Mont Laurier, et servait au départ à transporter du bois et de la glace des lacs jusqu’aux villes.
Cette région montagneuse du Québec est le berceau du ski en Amérique du Nord : dès les années 30, cette ligne charriait aussi les premières vagues de fans de loisirs hivernaux vers Mont-Tremblant. En 1994, cette voie ferrée a changé de destination, pour devenir une piste cyclable droite et sécurisée de 200 km, appelée « le parc linéaire », qui fait le bonheur des cyclistes et en hiver, des skieurs de fond et adeptes de frissons en motoneige.
On peut aussi choisir de suivre la Route des Explorateurs, émaillée de via ferrata, de sites de canyoning, de randonnées balisées, et d’une tyrolienne de 1 km de long, à hauteur de Mont Tremblant.
Dans le Parc National du Mont Tremblant, on trouve plus de 400 lacs étendus à perte de vue, avec des plages de sable fin et puisque globalement, ces petites mers sont peu profondes, l’eau y est tiède dès la mi juin.
En été, on s’organise des « courses en sentier », on fait du vélo de montagne ou des tours du lac sous forme de jeux de piste. Sur les lacs, on s’initie au paddle, au kayak, au canoë, et au pédalo, tout est à disposition. Pour les aventuriers, c’est l’opportunité de tester le « canoë camping » avec un équipement léger à bord : on rame, on s’émerveille, on s’arrête, on se détend, on se baigne, et on campe. Dans l’ordre, ou le désordre.
Dès les premières neiges, la région ouvre ses pistes de ski idéales avec des enfants, parce que les pentes sont modérées, et qu’à Mont Tremblant par exemple, le village se trouve en contrepoint : il est impossible de se perdre, et ça tombe bien, parce qu’il n’est pas toujours facile de trouver du réseau. C’est même un peu l’idée.
En hiver, tentez les randonnées « pleines lune » : il fait quasiment jour, grâce à la lumière se reflète sur la neige.
Dans la région, circulent de nombreuses légendes amérindiennes, dont celle du Windigo, un esprit protecteur de la nature, qui veille à ce que l’homme rendre à la forêt ce qu’il lui prend. C’est dire s’il a du boulot, le Windigo. Et si l’homme oublie, l’esprit vengeur lui tombe dessus. Selon certaines histoires, il peut même poursuivre les indélicats jusqu’en ville. Bref, laissez les feuillages tranquilles, on ne sait jamais.
Notre coup de cœur : le village Windigo (créé et géré par des Belges !)
A l’écart du monde, on arrive sur un site magnifiquement préservé, et pourtant équipé tout confort.
Au bord du lac Baskatong - 320 km² d’eau claire et limpide - des chalets sont égrenés dans le respect de la cohérence du site, et parfaitement aménagés : vue panoramique sur le lac et ses couchers de soleil depuis le salon, cuisine équipée, petite terrasse avec barbecue, salle de bain et sa baignoire jacuzzi, électroménager permettant de se couper de la civilisation pendant des semaines s’il le faut, et cerise sur le canoë : une climatisation au taquet.
Sur la plage privée, des équipements sont disponibles gratuitement (paddles, kayaks, chaises longues et parasols) ainsi qu’une multitude de jeux pour les enfants. Et surtout, il règne un calme respectueux : le site est tellement vaste, qu’on n’interagit avec ses voisins que si on en a vraiment envie.
Légèrement à l’écart de la plage, bouillonne le petit spa avec sauna jacuzzi, et démarrent toutes les randonnées possibles et imaginables, notamment dans le Parc de la Montagne du diable.
Marie-Christine, originaire de Jamioulx et directrice des opérations, mène une charmante équipe d’animateurs et de cuisiniers d’une main de belge dans un gant d’amour.
Ce complexe, créé dans les années 90 par la famille Mestdagh (des épiceries et supermarchés), est le fruit de leur coup de foudre pour la région. Le village Windigo compte désormais une vingtaine de chalets et autant d’appartements pour amoureux (les « condos »), avec vue sur le lac ou la forêt.
En plus, les poètes et les gamins adoreront les trois hébergements insolites fabriqués en Belgique : des bulles – igloo qui permette de voir la nuit en direct, dans un lit douillet, avec un plafond transparent qui ne sépare que les moustiques des étoiles (ce qui est appréciable).
Le village est ouvert toute l’année, parce qu’en hiver, on le plébiscite pour les sports de glisse, notamment le dérapage de Porsche sur lac (!), et la pêche blanche (un trou dans la glace). Dès que la neige fond, on peut partir explorer les environs en fatbikes, ces vélos à gros pneus.
Pour reprendre des forces le lendemain matin, on réserve un généreux petit-déjeuner buffet continental (avec gaufres maison à volonté) ; pour le dîner, une table d’hôte est alimentée par les fournisseurs locaux et tous les soirs, on emmène les enfants au feu de camp sur la plage, pour des animations, contes et légendes, et chants amérindiens.
Les condos se louent à partir de 140 euros la nuit, et les chalets, qui peuvent accueillir jusqu’à 12 personnes, tournent autour de 205 euros, selon la saison.
La rencontre pittoresque ?
Carl le trappeur, qui dispense ses enseignements au cours de « randonnées d’interprétation » sur la vie sauvage.
Puisque le métier de trappeur ne nourrit plus son expert de la forêt depuis longtemps, Carl organise des « excursions de trappage », animations pédagogiques pour comprendre explorer une autre réalité. « Mon travail ? Assurer l’équilibre et le respect de la faune. »
Sur demande, Carl peut venir vous récupérer à l’aéroport, et vous embarque pour une expédition de sept jours en forêt, selon une formule de votre choix.
Il propose aussi des excursions d’une demi-journée, où il expose une dimension insoupçonnée dans nos villes de la vie locale et traditionnelle. Carl insiste : « quand j’utilise des pièges, ils sont « humanitaires » certifiés sans souffrance et sans cruauté. » Au cours de cette promenade, il met en perspective l’action des trappeurs (moins d’une centaine de Québec) par rapport aux plus de 550.000 chasseurs. La vocation des trappeurs s’exerce à la patience, à la connaissance et à l’observation de l’équilibre de la forêt.
On apprend auprès de Carl que le porc-épic et le seul animal qu’on peut manger cru, et qu’il est protégé car il pourrait nourrir des promeneurs perdus (ce qui, soyons clairs, n’arrive pas très souvent, mais arrange les porcs-épics).
De même, saviez-vous que le lynx, c’est de la viande blanche, et qu’il est le seul carnivore qui ne soit pas toxique pour l’homme ? Nous non plus, et auprès de Carl, on a découvert plein d’autres secrets de la nature. Comment un trappeur attire-il un ours ? En faisant le tour des pâtisseries du coin. Il récupère les invendus et les produits non conformes, remplit un baril de centaines de pâtisseries, et finit par prendre l’ours à son péché mignon. Cependant, que ce soit la chasse, la trappe ou la pêche, toutes les prises sont très strictement réglementées au Québec, et toujours en vue de régulation.
Le trappeur se dirige au vent, et se prépare des jours durant pour ne pas se faire repérer par la faune sauvage. Son rituel pré-expédition pourrait s’appliquer à d’autres même en ville : toilette au savon parfum sapin, bannissement de l’ail, de l’oignon, et de tous les aliments qui sentent fort de son alimentation, hygiène très stricte.
On peut lui poser toutes les questions, Carl y répond, sans langue de bois : « sans trappeurs, il y aurait trop de prédateurs, et beaucoup moins de cervidés et de petit gibier dans les bois ». À l’issue de cette excursion, il peut mitonner un dîner sur commande : si la viande sauvage n’est pas autorisée à la vente, les trappeurs ont le droit de partager la leur avec leurs invités. Parallèlement, Carl organise aussi des ateliers de fabrication d’attrape-rêve, et partage ses connaissances des rituels amérindiens.
Ensuite, du village Windigo, on peut se rendre directement au Rabaska Lodge en hydravion.
Le logement ? De confortables chalets avec un grand jacuzzi (vraiment grand, limite piscine municipale), chauffé, installé devant chaque maisonnette. Idéal pour voir le jour se lever sur la brume du lac, et finir la journée en dégustant sur la terrasse de généreuses portions de cuisine locale.
Au bord du lac, on s’adonne aux sports nautiques, à la pêche ou au quad, avec la possibilité de partir en bateau sur un tout petit îlot pour se baigner et jouer tous seuls aux Robinsons.
L’accueil y est particulièrement chaleureux de la part des patrons, qui conçoivent leur activité de villégiature comme un artisanat, s’impliquant auprès de chaque client, pour lier un rapport authentique.
3ème étape : l’Outaouais
Faites étape au Pub Chelsea : une brasserie au menu terroir gourmand, gourmet, généreusement servi sur une belle terrasse. Justin Trudeau, le Premier Ministre canadien, s’y arrête régulièrement avant de rejoindre sa résidence d’été, tout près de là. On peut lui faire confiance, c’est que le coin vaut le déplacement.
Ensuite, programmez-vous une balade en bordure du Parc de la Gatineau, l’un des plus populaires du Québec. Ce site de 360 km² possède ce caractère exceptionnel d’être un territoire immensément vaste et protégé, en bordure d’une capitale (Ottawa, comme vous alliez le dire). C’est également l’une des plus grosses exploitations de ski de fond d’Amérique du Nord.
Après tant de nature, on peut renouer avec les joies de la sophistication dans un spa à l’ambiance naturelle, et des équipements ultramodernes
Le Spa Nordik, la plus grande infrastructure de ce type au Canada (pourtant étonnamment calme), déploie une série de bassins, saunas et hammams à différentes températures et intensité de soins, pour se purifier dans l’un, se tonifier dans l’autre. On se ressource dans les zones silencieuses, on papote à voix basse dans les airs à bavardage modéré, en se trempant dans une piscine panoramique qui domine Ottawa, avant de planer littéralement dans le bassin de flottaison, sur le même concept que la Mer Morte : la haute densité en sel nous permet de nous poser sur l’eau et de déconnecter dans une ambiance sereine complètement planante. Attention dans ce spa, enfants non admis !
On flâne à Wakefield
Une charmante petite ville hippie, puis on pose nos valises à l’hôtel spa (avec piscine) Moulin de Wakefield, établissement haut de gamme avec restaurant gastronomique et chambres installées en escalier sur la rivière.
Sur le lac Gauvreau tout près, on paddle ou on pédale, avant de rencontrer la passionnante Nathalie, propriétaire de Khewa, une boutique d’artisanat « premières nations ». Sur demande, Nathalie vous initie à un rituel amérindien de purification et de recentrage.
Il faut découvrir Khewa, pour partager une culture qui a besoin d’être soutenue, et qui rejoint les aspirations spirituelles et universelles de connexion et de respect qu’on plébiscite où qu’on soit né, mais qu’on oublie souvent malgré beaucoup de bonne volonté, mais un peu trop de marketing.
Cette immersion en nature authentique nous reconnecte à la nôtre et de retour de l’autre côté de l’Atlantique, on aura acquis quelques réflexes pour dompter l’esprit de la forêt. Toujours utile, surtout pour aborder la rentrée.
Pour plus d'infos pratiques : Québec Original
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