L’écrivaine américaine Toni Morrison a disparu, mais son œuvre littéraire continue de marquer des décennies de jeunes noirs américains.

Une grande dame, pourrait-on résumer, pour parler de Toni Morrison. Mais l’éloge serait trop courte, tant il y a à dire sur cette Américaine, décédée ce 5 août à l’âge de 88 ans. D’abord, qu’elle était l’une des plus percutantes — et impactante — de son siècle, et même du suivant : onze livres lui survivront, qui ont marqué les États-Unis à tout jamais. Car Toni Morrison était une autrice noire, dont l’écriture intelligente, sensible et puissante a été couronnée d’un prix Pulitzer pour son livre « Beloved » en 1988 et l’ensemble de son œuvre d’un prix Nobel de littérature en 1993. Elle a d’ailleurs la seule écrivaine noire à l’avoir jamais reçu.

Toni Morrison

Toni Morrison a aussi écrit des livres pour enfants et un opéra.

Toni Morrison traitait le racisme et la pauvreté, l’identité noire bafouée de manière parfois crue, mais toujours lyrique, la société américaine déchirée et l’héritage culturel afro-américain sur celle-ci. D’elle, on ajoute à notre « must-read list » ses grand succès : « The Blues Eye » (son premier roman, écrit à 39 ans), « Sula » et « Le Chant de Salomon ». Elle nous donne aussi l’occasion de nous pencher sur les œuvres de la maison d’édition Random House, dont elle a dirigé la partie « littérature noire » pendant plus de dix ans, publiant par exemple la biographie de la militante Angela Davis.

Issue d’une famille ouvrière, elle a également eu une carrière universitaire impressionnante. Cornell, Yale, Princeton… Des noms d’universités américaines prestigieuses qui peuplent notre imaginaire, et où Toni Morrison a enseigné. C’est même à Princeton qu’elle vivait, avant sa mort des suites d’une pneumonie. Son décès a secoué les États-Unis, et plus spécialement sa communauté noire, pour qui elle a été un exemple et une inspiration. « Toni Morrison était un trésor national », a tweeté l’ancien président Barack Obama. « Son écriture était un magnifique challenge, plein de sens, pour nos conscience et morale. Quelle chance d’avoir respiré le même air qu’elle, au moins pendant un temps ».

Oprah Winfrey lui a aussi rendu un vibrant hommage, elle qui avait participé à l’adaptation de son libre « Beloved » en 1998. « Elle était notre conscience. Notre prophétesse. Notre diseuse de vérités. Elle était une magicienne du langage, qui comprenait le pouvoir des mots », écrit-elle dans un message publié sur Twitter, à côté d’une photo de l’écrivaine et de l’animatrice télé, visiblement au bord des larmes. Toni Morrison n’est plus, mais son empreinte est bien présente, et ce pour des générations de jeunes noirs à venir.

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