R’n’B mélancolique, mélodies arabes, textes en franglais, voix envoutante et minois à la Angela d’American Beauty… On a rencontré Lolo Zouaï, le phénomène transatlantique qui séduit tous les publics.

Avec un premier album “High Highs to Low Lows”, sorti il y a quelques mois et adoubé par la critique et les millions de streams, Lolo Zouaï s’impose comme une tornade rétro R’n’B dans un univers musical international. Émancipée de tout formatage, cette jeune franco-américaine aux origines algériennes représentative de la nouvelle génération d’artistes balance ses tubes hybrides dans toutes les oreilles, et on ne peut que liker. Rencontre avec cette autrice, compositrice aux sweats oversized et au talent éclatant au détour des plaines ensoleillées de Dour.

Rencontre

On se retrouve à Dour aujourd’hui. Tu avais déjà entendu parler de ce festival ? 

Oui ! Je n’ai pas encore vu la scène mais j’ai hâte d’y jouer parce que je n’ai entendu que des bonnes choses sur Dour. On m’a dit que les gens étaient crazy et They are getting loose donc je pense que ça va être super !

Tu switch du français à l’anglais avec une aisance déconcertante, tu nous racontes ton histoire ? 

Yes I know (rires). Je suis née à Paris. Ma mère est française et mon père vient d’Algérie. À trois mois, mes parents ont gagné à la loterie des visas. On a donc immédiatement déménagé aux Etats-Unis et j’ai vécu à San Francisco en Californie jusqu’à mes 18 ans. Par la suite, je suis allée à l’université de Nashville dans le Tennessee pendant un semestre C’était court, mais ce n’était clairement pas pour moi. Comme j’avais besoin de changement, je suis repartie aux sources, à Paris, en pensant réinventer ma vie. Mais je gagnais trop peu d’argent, je vivais dans une chambre de bonne… C’était vraiment très dur. Trop dur même, car six mois plus tard je suis retournée aux Etats-Unis, j’ai déménagé avec ma mère à New-York et j’ai commencé à faire de la musique.

 

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Et cette envie de faire de la musique, elle vient d’où ? 

Je pense que c’est juste innate (inné). J’ai toujours aimé la musique depuis que je suis toute jeune. Un jour je me suis rendue à l’évidence et je me suis dit : “ok je ne peux rien faire d’autre que chanter”. C’est la seule voie possible pour moi. Je ne voulais pas aller à l’université pour faire du business. Mon truc à moi c’est singing.

Tu as d’ailleurs rapidement séduit. Il parait qu’un label assez connu aux USA voulait te signer, mais tu as refusé… Pourquoi ? 

Quand je me suis lancée dans la musique, j’expérimentais plein de choses, j’allais dans des studios et je posais ma voix sur n’importe quoi. J’ai commencé à enregistrer avec des producteurs un peu plus connus et ils ont fini par m’offrir un deal. Mais ce qu’ils attendaient de moi ne me correspondait pas vraiment. J’ai donc refusé par soucis d’honnêteté. Je préférais avancer de mon côté, indépendamment des gros studios, quitte à échouer… mais au moins je restais fidèle à moi-même et la suite, je me disais qu’on verrait plus tard…

Ça nous arrange, on aime ton style conceptuel.

Oui mon style c’est un peu un mélange de R’n’B, d’influences hip-hop, de mélodies arabes, de chanson française, de classique… J’appelle ça “bittersweet”, car c’est à la fois triste et doux.

Et Lolo Zouaï, c’est un nom de scène ? 

Je m’appelle Laureen Zouaï. En me faisant appeler Lolo, c’était une manière de mettre un peu de distance, like to separate ma vie et ma musique. C’est drôle, parce que maintenant je réalise que c’est vraiment impossible de fragmenter ces deux parties de moi. Je suis toujours en train de penser à ma carrière et ça m’effraie un peu d’ailleurs. Je veux que la musique puisse rester une passion toute ma vie. Mais quand tu commences à faire de l’argent avec quelque chose qui t’anime, ça peut vite devenir un business et rien d’autre. Pour ne pas perdre la flamme, si je ne peux pas séparer la fille de la chanteuse, je veux au moins prendre soin de moi.

D’ailleurs, qui est la fille qui se cache derrière ce flow singulier ? 

La même que tu vois maintenant, une nana à la “vibe internationale”, drôle, honnête et authentique. “I’m just myself”, et j’espère que ça se ressent dans mes chansons parce que j’écris à partir d’histoires personnelles. Personne ne me dit quoi ni comment faire. Je fais juste ce que j’aime.

Toutes tes chansons sont donc autobiographiques ? 

Pas forcément dans les textes, mais tout part de moi. Des mélodies me viennent naturellement en tête parce ça provient de la musique que j’écoutais en grandissant. J’aime également beaucoup jouer avec les mots et je commence parfois une musique à partir d’un titre. Par exemple, je me suis dit :”j’adore la sonorité de Caffeine, mais pourquoi ? Est-ce que ça fait sens pour moi au regard de ma vie ?” Et alors je fouille dans mon passé. J’écris surtout quand je suis triste ou en colère and I have to let it out. Je transforme ma peine en quelque chose de positif. J’écris une chanson and I’m over it. J’avance comme ça.

Il y a quelque chose de l’ordre du spleen dans ta musique. Toi tu te décrirais comme quelqu’un de mélancolique ? 

Oui je le suis, mais je ne m’arrête pas pour autant sur le passé. Je sais que ma musique est parfois triste et empreinte d’introspection. What I mean is that I have a dark place in my head (“un coin sombre dans ma tête”) et je veux que ça sorte. Ecrire takes me out of the darkness. C’est comme ça que j’arrive à vivre dans le présent et à penser au futur.

Tu es polyglotte et tu chantes aussi dans plusieurs langues : français, anglais, arabe… Ça signifie quoi ?

J’écris en français quand je suis dans un mood un peu plus romantique. Même si je suis fluent, je sais que mes formulations sont basiques et c’est aussi ça que j’exprime en français, la simplicité, mais romancée. En revanche, l’anglais c’est pour ma everyday life… Mais to be honest, quand j’ai commencé, je ne pensais pas que ces mélanges de langues allaient plaire. I just wanted to do it and it started to be like “my thing”. Je ne l’ai pas vraiment fait exprès. Mais aujourd’hui je ne veux pas que ça devienne un gimmick. Je ne l’applique donc pas à toutes mes chansons, mais juste quand je le sens…

Un premier album c’est toujours un événement. Tu ne t’es pas trop mis la pression pour sortir “High Highs to Low Lows” ? 

En fait c’était très peace. J’ai enregistré cet album pendant un an et demi dans un studio indépendant à New York, sans stress, “just for the love of music”. Et un mois après l’avoir fini, je l’ai sorti ! Au final, pourquoi se mettre la pression ? Ma musique est telle qu’elle est… Si les gens n’aiment pas, ils n’écoutent pas, et s’ils like alors c’est génial. Mon plus grand souhait c’est que les gens comprennent qui est Lolo Zouaï. Et avec cet album je pense que c’est “job done”. I have more freedom to do my music now.

Depuis tu tournes partout. Tu trouves qu’il y a une différence entre le public européen et américain ? 

Je pense que c’est un peu partout pareil. Mais j’ai l’impression que l’Europe accepte plus facilement les différences ou du moins arrive à comprendre plus rapidement des choses qui sortent de l’ordinaire. Ils ont moins peur de la nouveauté. Nous en Amérique, on peut plus vite être effrayés par ce qu’on ne connaît pas. Et en même temps on est en avance sur beaucoup de choses…

C’est un peu précoce, mais tu as déjà des projets futurs en tête ? 

Oui je bosse déjà sur le prochain album. Je vais sans doute plus glisser dans le RnB un peu dark et expérimental avec des sons industriels ! J’ai déjà enregistré pas mal de tracks, et ça me fait du bien d’être en studio parce que je suis énormément dépendante de l’énergie qu’on me donne. La scène c’est génial, mais quand le show se passe mal ou moins bien que je ne l’espérais, ça me rend triste.

 

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T’as déjà pensé à des collabs ? 

J’ai contacté personne mais ça pourrait être cool de faire un feat avec James Blake, The Weeknd ou Rosalia… Il y a plein de gens talentueux donc if it makes sense I’ll do it !

Et en dehors de la musique, tu as des projets ? 

Pour le moment la musique reste ma priorité number one. Mais j’aimerai bien créer une collection de vêtements, peut-être même lancer un rouge à lèvres. Au-delà de ça, je pense aussi au cinéma.

Du coup on te souhaite quoi ? 

Peace, serenity, happiness and success ! (rires)

Plus d’infos ?

Lolo Zouaï sera à l’Orangerie au Botanique le 11 novembre 2019 à Bruxelles. En attendant, son premier album “High Highs to Low Lows” est disponible sur toutes les plateformes de streaming et de téléchargement !

Pour connaître les autres dates de sa tournée c’est ici 

 

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