Brit Marling, la co-créatrice de la série « The OA », a laissé à ses fans un message poignant sur le pouvoir de la fiction.

Il n’y avait jamais eu de série comme « The OA ». C’est incontestable : aucun show n’avait jamais porté à l’écran des expériences de mort imminente, une pieuvre parlante ou encore une maison-labyrinthe qui permet d’atteindre une autre dimension. Mais aucun de ces éléments bizarres du scénario de « The OA » ne permet non plus de résumer cette série atypique, qui a immédiatement mobilisé une communauté de fans dévoués.

Pour faire simple, elle nous conte les aventures fantastiques de Prairie, une jeune femme adoptée, qui réapparait soudainement sept ans après avoir été enlevée. Plus étrange encore : autrefois aveugle, elle a désormais retrouvé la vue. Prairie raconte alors à quelques adolescents de sa petite ville son histoire, pour le moins surnaturelle. Mais « The OA » est surtout un ovni dans le monde des séries, et plus encore des productions Netflix : une œuvre télévisée mystique, aussi étonnante qu’attachante.

Et pourtant, après deux saisons saluées par la critique, Netflix vient d’annoncer la fin de « The OA ». Une surprise glaçante pour les fans, alors que le dernier épisode se clôturait sur un fameux cliffhanger. Depuis lors, une pétition réclame le retour de la série. Elle a déjà rassemblé plus de 26 000 signatures.

La co-créatrice de « The OA » elle-même a dû accuser le choc. « J’ai pleuré un bon coup », raconte Brit Marling (qui interprète aussi Prairie) dans un long texte publié sur Instagram. Mais plutôt que de déplorer l’arrêt de « The OA », elle est revenue sur un moment en particulier du développement de la série. « Quelqu’un m’a un jour demandé : ‘Pourquoi êtes-vous si obsédée par la science-fiction ?’ (…) J’ai été prise par surprise », raconte-t-elle. La suite de son message est un joli discours sur le pouvoir de la fiction pour les femmes et un hommage vibrant à « The OA » et ses thèmes de prédilection : la nature, la différence et la sensibilité.

 

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the end of #theoa “ 🐙🍷😭🙏🏽🔑” – last text to Grandma Vu. ((( first image in post drawn by: @vicenteniro )))

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« J’ai beaucoup réfléchi à la question depuis, et voici la réponse qui me semble la plus proche de la réalité : il est difficile de se sentir inspirée par le ‘monde réel’ quand vous n’avez jamais eu l’impression d’en faire partie. En tant que femme qui écrit des personnages pour moi-même et d’autres comédiennes, il m’a souvent semblé que les manières d’appréhender la narration étaient limitées. Peut-être qu’un jour, j’aurai assez évolué pour raconter à ma façon cette réalité (comme Elena Ferrante !), mais pour l’instant, je me suis souvent sentie limitée.

Je peux écrire sur ces femmes ‘au sommet’, mais cela fait alors de moi quelqu’un qui perpétue les mêmes hiérarchies qui nous oppriment. Je peux écrire sur la vaste majorité des femmes qui se situent tout en bas de l’échelle économique, mais le pouvoir de l’image et des acteurs charismatiques ont tendance à glamouriser ou répéter les mêmes stéréotypes que le film espère critiquer. Je peux écrire sur ces femmes qui se déprécient pour mettre en lumière les inégalités de genre et rire un bon coup, mais comme Hannah Gadsby le pointe dans son brillant spectacle ‘Nanette‘, ce serait échanger mes humiliations pour un salaire et le droit de m’intégrer.

La science-fiction a balayé ce ‘monde réel’. La science-fiction dit ‘Imagine que tout est à sa place’. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons imaginé un monde où le collectif était plus fort que l’individu. Où il n’y avait pas de héros. Où les arbres de San Francisco et une pieuvre géante avaient des voix que nous pouvions et nous voulions comprendre. Où les humains ne seraient qu’une espèce parmi d’autres, ni plus sage ni plus évoluée. Où des mouvements rassembleraient des gens dans une seule et même pièce, pour les faire bouger, pour leur faire oser la vulnérabilité, avec comme simple but d’entrer dans un autre monde. C’est ce que ‘The OA’ a représenté pour nous. La chance de pénétrer un monde différent où nous nous sentirions libre ».

Dans ce message poignant, qui a déjà rassemblé près de 125 000 likes, Brit Marling remercie également Netflix pour ces deux saisons, 16 heures sans compromis.« Même si nous ne pouvons pas clôturer cette histoire, nous en raconterons d’autres. Je n’ai à ce jour trouvé aucun moyen efficace pour supporter la vie en tant qu’humain ».

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