La question peut sembler chimérique et pourtant, elle était au cœur du voyage qui nous a emmenées de rooftops en soirées chics, de la Croisette au tapis rouge. Chopard, partenaire officiel du Festival de Cannes, nous a ouvert les portes d’un monde qui pourrait bien secouer ses codes. Chloë Sevigny, amie de la maison, est un visage du changement.
Chopard, c’est l’éclat, la magie, le raffinement depuis 1860, c’est le design et la réalisation de la Palme d’or depuis 1998, mais c’est aussi un joaillier et un horloger de luxe écoresponsable depuis 2013, le premier à avoir lancé une chaîne d’approvisionnement en or 100 % éthique. Toutes ces facettes se mélangent lors du Festival de Cannes, carrefour de toutes les contradictions. Et de tous les talents.
Un secteur en mutation
Parmi eux, Chloë Sevigny nous a présenté le sac qu’elle a imaginé avec Caroline Scheufele, coprésidente de la maison suisse : le Green Carpet Collection Bag, une petite boîte, un grand cœur et du cuir provenant de sources écoresponsables. « Cannes n’est pas un événement écologique, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est le faste, le luxe et tout le monde a envie de s’échapper un peu de sa vie pendant quelques instants. Quand Chopard m’a approchée pour un projet durable, ce que j’ai toujours essayé de soutenir dans ma carrière, j’ai pensé que c’était le moment idéal. Si on aime tous le luxe, on doit sincèrement se remettre en question sur la façon dont les produits sont fabriqués. Toutes les marques doivent embrayer pour limiter cette catastrophe environnementale imminente. » L’actrice milite depuis des années pour soutenir la cause environnementale. C’est aussi une icône mode depuis les années 90, lorsque, repérée par la rédactrice en chef de « Sassy Magazine », elle devient l’une des premières it-girl de l’histoire. Ce qui ne l’empêche pas de pointer du doigt ce secteur. « La contribution de l’industrie de la mode dans la raréfaction de nos ressources est tellement importante qu’elle doit faire quelque chose et particulièrement la fast fashion. Le luxe produit moins, ce qui est mieux, mais il faut vraiment gérer ce besoin d’objets que l’on a et apprendre à combler ces désirs autrement. Finalement, c’est vrai, nous avons fait un sac de plus ! Mais il vaut mieux investir dans une marque qui se préoccupe de la provenance des matériaux et de la condition des travailleurs, dans une sorte de capitalisme écoconscient. À titre personnel, j’achète principalement vintage, j’ai peu de nouveautés. Je porte beaucoup de pièces pour les tapis rouges, prêtées par les marques. Je pense que Chopard est précurseur dans son approche et montre le chemin à d’autres marques vers un “ écoâge”. À notre échelle, tout ce que l’on peut faire, c’est de notre mieux, à la maison. Je n’utilise pas de séchoir, je prends des douches rapides, je suis très sensible à la préservation de l’eau, j’essaie de ne pas utiliser de plastique, une gourde pour boire, prendre le métro plutôt que la voiture, je fais du mieux que je peux pour donner l’exemple dans ma vie quotidienne. »
Le festival de Cannes et sa magie
À côté de la vie, il y a Cannes qui nous a éblouies avec ses célébrités, ses fêtes privées et ses robes de soirée. Un tourbillon surréaliste d’une vie de papier glacé. Contrairement à nous, Chloë n’en est pas à sa première Croisette, sans pour autant s’en lasser. « Cannes m’éblouit toujours, je m’y amuse tellement ! J’aime sa tradition. Monter les marches, attendre les applaudissements à la fin du film. Voir tout ce respect et cette admiration pour les films et les acteurs. C’est un moment très fun. C’est aussi une façon de célébrer ce que je fais pour vivre et l’industrie dans laquelle je travaille. La visibilité est importante pour une actrice, c’est une scène internationale. Toutes les personnes de la profession sont présentes, c’est l’occasion de créer des connexions ou des amitiés profondes. C’est aussi faire partie d’un projet que l’on défend et recevoir une approbation de la profession. » Cette année, l’actrice a fait sensation sur le tapis rouge en compagnie de l’équipe du film « The Dead Don’t Die » de Jim Jarmusch avec Tilda Swinton, Selena Gomez, Bill Murray, Adam Driver. Un grand moment cannois. « C’était la première fois que je voyais le film, j’étais à la fois très excitée et nerveuse. J’étais avec le cast que j’adore, mon ami Jim, Luka Sabbat : nous avons partagé un chouette moment. On a adoré le film. Ce n’est pas facile de voir sa performance à l’écran, parfois je lutte avec moi-même pour ne pas trop analyser mon image et continuer à apprécier le film, mais là, j’ai réussi. J’ai mis tout ça de côté, j’ai pu profiter du moment. »
Difficile pour le commun des mortels de s’imaginer une journée typique à Cannes, pour autant que cela puisse vraiment exister. Entre réseautage, visionnage de films, lunchs sur le pouce, interviews, essayages et soirées folles, aucune journée ne se ressemble ! « Je vois beaucoup de journalistes (rires). Parfois, j’arrive à m’échapper pour aller me promener sur la Croisette, en toute décontraction. J’essaie de voir un maximum de films, un ou deux par jour. Il y a aussi des soirées où je dois être présente, sans oublier de me garder quelques nuits de sommeil pour durer jusqu’au bout. Cette année, j’ai un court-métrage (« White Echo », NDLR) que j’ai tourné et que je dois défendre en fin de festival, je dois donc tenir le coup. Sans oublier le lancement du sac avec Chopard. C’est donc une année très chargée pour moi. » Ce sac reflète ce qu’elle dégage, de l’audace mêlée à une fausse candeur. « L’audace se trouve dans les couleurs. Je pensais à Paloma Picasso, forte, intrépide. Le modèle pourpre a particulièrement cette désinvolture qui conforte les femmes dans leur assurance. C’est juste attirant. Pour l’imaginer, j’ai d’abord googlé “sac de soirée” et j’ai trouvé plein d’inspirations de différentes marques, des sacs vintage, que j’ai compilées pour arriver à plusieurs idées de formes. Je voulais être sûre qu’on puisse vraiment mettre des choses dedans. Avec les sacs de soirée aujourd’hui, vous ne pouvez plus glisser votre téléphone ou même votre rouge à lèvres (rires) ! »
La discussion se termine sur ses engagements, ses croyances et la façon dont elle les distille dans son travail. « Je pense que les projets que je choisis parlent d’eux-mêmes. Je travaille avec des voix fortes, des gens qui racontent des histoires qui n’ont pas encore été racontées. Même avec “The Dead Don’t Die” ici à Cannes, Jim a fait référence à l’environnement et au désastre qui nous attend. Dans mes films, je parle des femmes et de leur pouvoir. Je choisis des histoires importantes avec une conscience sociale forte. » Ce n’est donc pas un hasard si Chopard a choisi comme porte-voix la fille chérie du cinéma indépendant. Élégante, forte, inspirée. Prête à changer le monde.