Parabènes dans les lubrifiants, phtalates dans les sextoys, perturbateurs endocriniens dans les préservatifs, et si les produits de jouissance étaient le prochain scandale sanitaire ? Pour protéger votre intimité et la planète sans faire capoter votre sexualité, passez au sexe écolo sans tarder.
Il y a plus de 20 ans, la prude et angélique Charlotte, sur les conseils de ses amies Carrie, Miranda et Samantha, s’offrait une symphonie d’orgasmes grâce à son Rabbit. Pratique, dévoué et efficace, le sextoy devint même une addiction pour la sage brune de Sex and the City. Mais qu’aurait dit Charlotte si elle avait su que son cher et tendre petit lapin pouvait, loin de la faire vibrer, aussi l'intoxiquer ? Peut-on vraiment se fier à ces donneurs de plaisir ?
Des constats alarmants
Pas si l’on en croit l’organisation de consommateurs allemande Stiftung Warentest. D’après leur étude menée en 2013 sur 18 sextoys, cinq se sont avérés être “lourdement chargés” en substances néfastes pour la santé, mais également pour la planète. Phtalates, phénols, hydrocarbures, ces composés utilisés pour assouplir le plastique sont plus que dangereux pour les humains, et au contact des muqueuses, peuvent, entre autre, rendre stérile.
Le constat n’est pas nouveau, en 2006 déjà, Greenpeace tirait la sonnette d’alarme en révélant que 7 des 8 sextoys échantillonnés par leurs soins contenaient également des phtalates. Cette substance pourtant interdite dans de nombreux produits dont les biberons et jouets pour enfants. Le problème ? Les fabricants de ces petits objets de plaisir et de désir n’ont actuellement aucune obligation d’afficher la composition exacte de leurs produits. Les entreprises de vibros et autres godemichés ne sont d’ailleurs pas les seules à jouir de cette absence de transparence. Considérés comme dispositifs médicaux, les préservatifs et lubrifiants profitent aussi de cette opacité.
C’est pourquoi en 2017, le G-MED, le groupement pour l’évaluation des dispositifs médicaux en France, a analysé un préservatif de l’une des marques leaders en Europe, Durex. Sans grande surprise, les résultats étaient loin d’être encourageants puisque le contraceptif contenait de nombreux hydrocarbures de nouveau susceptibles d’affecter la fertilité.
Adnane Kabbaj, manager de la boutique érotique sex-positive Lovely Sins, le confirme : “Il y a pas mal de produits dans l’industrie érotique qui n’obéissent pas à des normes strictes en matière de santé et de sécurité.” Heureusement, il est aujourd’hui possible d’éviter d'arroser nos parties intimes de roundup tout en gardant une vie sexuelle libre, safe et clean pour l’environnement. Mais pour ce faire, on oublie les présentoirs des pharmacies et les rayons des grandes surfaces au profit de boutiques spécialisées ou du shopping en ligne éclairé.
Une tendance qui fait du bien
Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par ◯ Maria Rozalia Finna ❁ (@ouvra) le
Selon Adnane, passer au sexe écolo serait d’ailleurs une tendance grandissante dans l’industrie du Q. Manger bio, rouler à vélo et switcher sa libido en mode green, c’est le nouveau métro-boulot-dodo des jeunes: “avant ce qui fonctionnait c’était vraiment lié à la forme et au packaging : les gens voulaient des lapins, des petits trucs mignons, roses, qui sentent bons. Mais depuis quelques années, on sent qu’ils font bien plus attention à la composition des produits. Aujourd’hui l’intérêt à basculé vers une envie de qualité ainsi que de respect de leur corps et de la nature.” Le manager de la boutique qui dirige instinctivement ses clients vers des gadgets green et clean se réjouit de voir qu’il n’a même plus besoin de prendre les devants : “Souvent les clients m’interpellent directement en disant : “Je ne veux pas tel ou tel ingrédient”. Green-fluenceuse, Marine, 27 ans confirme : “J’ai mis du temps à comprendre que les lubrifiants peuvent être remplis de saloperies pour mon corps. J’ai plusieurs applications pour scanner mes produits de beauté. Un jour j’ai décidé de m’en servir sur un gel de massage deux en un et j’ai directement jeté le produit à la poubelle ! Depuis je suis incapable d’acheter quoi que ce soit sans passer par la case app.”
Liés de près aux scandales entourant l’industrie de la beauté, les cosmétiques de l’intime sont donc passés au crible par leurs propres utilisateurs. Mais il semblerait que les sextoys quant à eux, échappent encore à la vigilance des consommateurs : “Je ne sais pas si c’est parce qu’ils sont bien informés ou parce qu’ils n’imaginent simplement pas qu’un vibro puisse être néfaste, mais nous avons peu de clients qui posent des questions ou s’inquiètent des compositions des sextoys”.
Si la demande n’y prête pas attention, on peut tout de même se réjouir de possibles avancées lorsqu’on voit la réponse des industriels. Pour Adnane, c’est un signal fort : “On sait qu’il y a une demande, mais le plus flagrant, c’est la réponse à cette demande. Aujourd’hui, les fabricants se mettent à proposer des lignes naturelles, bio, véganes, à base d’huiles essentielles ou encore de pierres précieuses. C’est formidable parce que je pense vraiment qu’il n’y a rien de mieux que la nature pour rendre service à la nature !”.
La panoplie du sexe écolo
On dit bye bye les perturbateurs endocriniens et welcome aux green-gasmes grâce à cette sélection de produits safe, clean, écolos et sexy !
Pour faire monter la température : les huiles de massage Exsens
Avec la marque frenchie de cosmétique intime Exsens, on dit au revoir aux OGM, paraffine, silicone, parabènes et autres substances toxiques. À la place, on invite ces huiles de massages issues de l’agriculture bio et contenant des pierres semi-précieuses à notre rituel érotique. Promis, la lithothérapie c’est bien plus caliente qu’on ne le croit !
Pour se protéger : les préservatifs Fair Squared
Pour des raisons sanitaires évidentes, il est impossible de passer à côté de l’emballage unique des capotes. Mais éviter les bébés et les MST tout en protégeant la planète, c’est possible. Naturels et fairtrade, les préservatifs Fair Squared sont conçus à partir de latex en caoutchouc naturel provenant d’une plantation de commerce équitable de la région du Tamil Nadu au sud de l’Inde. Produits sans caséine (protéine de lait), les capotes sont également véganes. Extra fins, originaux, aromatisés... Il y en a pour tous les goûts ! Le must ? Une partie des bénéfices est reversée pour la plantation d’arbres.
Pour que ça glisse : le lubrifiant YES
Inventée par Susi Lennox et Sarah Brook, Yes est une marque anglaise de lubrifiants intimes naturels à base d’eau. Anciennement dans l’industrie pharmaceutique, les deux femmes confrontées aux problèmes de sécheresse vaginale à la ménopause ont été stupéfaites en voyant les ingrédients utilisés dans les lubrifiants. En 2003, elles décident de créer leur propre label pour soulager la gent féminine tout en évitant les substances nocives pour la santé et la nature. 100% naturels, les lubrifiants YES sont hypoallergéniques, sans silicone, parabène, parfum, hormone et glycol. Un petit pas pas pour la planète et un bon de géant pour l’industrie du Q.
Pour que ça jouisse : le sextoy en verre Double Trouble
Pour être totalement écolo, on dit adieu au silicone et on opte pour le verre borosilicate avec le Double Trouble. Sans batterie ni piles, ce gode en verre est l’alternative la plus clean (non poreux) et safe (inerte chimiquement) du marché. On fait donc le deuil des vibrations, mais on découvre l’univers excitant des changements de températures.
Astuce : le verre étant un excellent thermo-conducteur, on passe le Double Trouble quelques minutes sous l’eau chaude ou froide avant de l’enfouir vers d’autres territoires humides.
Warning : si l’on ne peut toujours pas se passer de son rabbit, on opte alors pour des sextoys en silicone qui disposent du label “phtalale free”.
Pour se soumettre : les accessoires BDSM de Bijoux Indiscrets
À la lisière entre les créations de designers et les panoplies de bondage, on retrouve Bijoux Indiscrets, une marque qui prône l’empowerment des femmes à travers des accessoires fashion de soumission en cuir vegan. Plus besoin de tuer des vaches pour se faire délicatement fouetter le postérieur. Le must ? On peut exhiber ces bijoux et harnais de corps au vu et su de tous ou en profiter en secret.
Pour se renseigner : le livre “Osez le sexe écolo”
À l’ère de l’homodétritus, la seule et unique bible que l’on doit encore avoir sur sa table de chevet, c’est “Osez le sexe écolo”. Écrit par Marc Dannam, ce livre regorge de conseils utiles et pratiques pour rendre ses orgasmes complètement green. Des sites de rencontres aux sites pornos pour écolos en passant par les huiles aphrodisiaques et les bons spots où faire l’amour en pleine nature, ce bouquin détaille une nouvelle conception de la sexualité, plus verte, mais aussi plus positive.
LIRE AUSSI:
Recycler son sextoy : le geste écolo qui compte
3 sextoys passés au crash test