C’est elle la tête – ou plutôt le nez – à l’origine de quelques unes des plus grandes créations olfactives de Diptyque, Frédéric Malle ou encore Hermès. À travers sa propre maison de parfumerie Iunx, Olivia Giacobetti imagine des parfums singuliers, suspendus entre poésie et modernité. De ses inspirations à son approche des ingrédients, la parfumeuse française nous parle de sa passion.

Comment est née votre passion pour la parfumerie ?

Je ne suis pas issue d’une famille de parfumeurs mais déjà enfant, j’avais une irrésistible attirance pour les odeurs, mes parents se souviennent que je mettais mon nez partout comme un petit animal. À l’âge de 9 ans, j’ai découvert le métier de parfumeur grâce au film « Le Sauvage » de Jean-Paul Rappeneau. Le parfum est arrivé dans ma vie comme une évidence.

Comment êtes-vous devenue nez ?

J’ai eu la chance d’apprendre ce métier très jeune. À 17 ans, je suis entrée comme assistante parfumeur chez Robertet, l’une des sept plus importantes sociétés de matières premières. J’étais encore une enfant et découvrais un monde sensible et totalement instinctif. Travailler son odorat est assez proche de l’apprentissage de la musique. Cela demande un entraînement de tous les jours pour mémoriser plusieurs centaines de molécules avant de pouvoir composer. On apprend à déchiffrer la nature et l’architecture des grands parfums de l’histoire. On prend conscience des millions d’odeurs qui nous entourent et du pouvoir de la mémoire olfactive.

Quel métier auriez-vous voulu exercer si vous n’aviez pas été parfumeur ?

La mise en scène.

Quel est votre premier souvenir olfactif ? 

Grâce à ma mémoire olfactive, je peux remonter le fil de mon enfance. Comme un puzzle olfactif, derrière chaque odeur se cache une image, un objet ou une sensation. 

Mon souvenir le plus ancien et le plus intime est sûrement l’ours en peluche de ma petite enfance, il me suffit d’y penser pour retrouver sa douce odeur de paille et de laine bouillie.

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Le parfum est arrivé dans ma vie comme une évidence.

Quel est l’ingrédient que vous préférez travailler ? Pourquoi ?

J’aime travailler le bois, tous les bois, car il y a quelque chose de fondamental dans l’odeur du bois. J’y trouve une force, quelque chose de sacré, comme chargé de mémoire.
J’ai du mal à imaginer un parfum sans bois, je l’utilise souvent en thème principal, ou bien, seulement en trompe l’œil mais il est toujours présent dans mon travail. 

En tant que nez, vos “goûts” olfactifs évoluent-ils avec le temps ? Y a-t-il des odeurs que vous n’aimez plus? 

D’année en année, les goûts changent et se décalent bien sûr. Comme pour le goût, on peut se mettre à préférer l’amertume au sucre, en parfumerie, on se lasse de certains effets, on rejette certaines odeurs, mais aussi, avec le temps, on apprend à aimer des matières premières que l’on trouvait difficiles, comme par exemple les notes animales ou le miel.

Dans les grandes lignes, les thèmes qui me tenaient à cœur sont toujours là mais je les travaille aujourd’hui avec plus de subtilité. Je prends des raccourcis, j’épure, je simplifie à l’extrême pour ne garder que l’essentiel d’un accord.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

La nature est bien sûr une source d’inspiration inépuisable, elle est un peu notre dictionnaire, mais les idées viennent de sources multiples, personnelles, intimes ou nostalgiques. Être parfumeur, c’est explorer ses émotions à travers les odeurs, tout passe par les sensations, mon travail se nourrit de petites choses cachées, c’est un peu comme travailler avec l’invisible. J’aime les parfums qui vivent, qui racontent une histoire, je m’inspire de ce qui me touche, de ce qui me trouble, des odeurs de la vie. J’essaie de retenir, de capturer, un instant, une image ou une impression…

Parlez-nous de votre dernière création pour Iunx… 

Le Talc de IUNX nous emmène au Japon. C’est une eau qui s’inspire du Butô, une danse qui se caractérise par sa lenteur extrême, sa poésie et son minimalisme. Les danseurs sont presque nus, les corps recouverts de poudre blanche, il s’en dégage quelque chose d’irréel. Je voulais que cette eau  exprime cette sensation de lenteur, de calme et de douceur, comme un voile de poudre qui vous enveloppe.

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Être parfumeur, c’est explorer ses émotions à travers les odeurs.

Selon vous, qu’est-ce qui fait la force d’un parfum de niche ?

Un parfum de niche ne passe pas par le tamis des tests de consommateurs. Il doit être plus singulier car il n’est pas conçu pour plaire immédiatement au plus grand nombre.

Les petites maisons ont la liberté de ne suivre aucune mode, d’explorer de nouveaux territoires, c’est leur rôle de fuir la banalité. IUNX est une marque très libre, sans marketing, nous allons simplement vers ce que nous aimons.

Quelle est votre définition du parfum ?

Pour certains, le parfum est juste une politesse, pour d’autres, c’est une séduction ou bien une protection comme une seconde peau. Un parfum peut être un prolongement de soi ou au contraire, être en rupture totale avec sa personnalité. C’est une alchimie subtile, un équilibre à chaque fois unique.  

Un conseil pour trouver le parfum qui nous correspond ?

Choisir son parfum doit répondre à une histoire personnelle, on peut se faire conseiller mais personne ne peut plonger dans nos souvenirs. Un parfum doit être une rencontre, on commence par fermer les yeux, on laisse venir… Parfois, on se retrouve ou bien on cherche à être quelqu’un d’autre et on se déguise.

La marque IUNX est vendue en exclusivité en Belgique chez Senteurs d’Ailleurs.

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