32 ans, 17 millions de followers et un empire de plusieurs millions de dollars. Passée de blogueuse mode à CEO en à peine dix ans, Chiara Ferragni prouve à ses détracteurs que rien ne peut l’arrêter. Rencontre avec l’infatigable businesswoman.
Rendez-vous à Amsterdam, dans l’hôtel où Chiara Ferragni fait un arrêt pendant sa tournée européenne, organisée par Lancôme, à l’occasion du lancement de leur collaboration exclusive. L’Italienne a imaginé et signé la collection de maquillage la plus instagrammable de l’année. Et sans surprise, c’est un succès puisque tout ce qu’elle touche semble se transformer en or. Derrière ses airs de poupée Barbie, Chiara Ferragni en impose et endosse de nombreuses casquettes. À seulement 32 ans, l’influenceuse mode désignée par « Forbes » comme la plus puissante au monde est devenue présidente de sa propre société et emploie une vingtaine de personnes. Partie du blog amateur The Blonde Salad en 2009, son ascension fulgurante dans la fashion sphère fait encore grincer les dents de certains. Pourtant, rien, pas même ses haters, ne semble l’arrêter. Partagée entre Milan et Los Angeles, Chiara Ferragni vit une vie à 100 à l’heure, rythmée par les fashion weeks, les shootings pros, les meetings avec son équipe et ses vacances en famille. Une vie, passée sous l’œil de son smartphone et saupoudrée de likes, qui fascine autant qu’elle fait rêver.
Cette collaboration avec Lancôme est un pas de plus dans votre carrière. Comment vous êtes-vous impliquée dans ce projet ?
Ça a été vraiment génial de travailler avec Lancôme, car dès le début des discussions, ils ont voulu faire de ce partenariat une collaboration à 360° afin que je devienne l’une de leurs égéries, mais également que je crée une collection capsule avec eux. J’ai pris ce rôle très à cœur, je voulais vraiment tout choisir et ils m’ont entièrement fait confiance. Il nous a fallu de nombreuses réunions pendant environ un an et demi avant de mettre cette collection sur le marché.
Lancôme décrit ses ambassadrices comme des « activistes du bonheur ». Et vous, quel message voulez-vous transmettre à vos followers ?
J’ai atteint un niveau incroyable tout simplement parce que je croyais vraiment que ce que j’avais en tête était réalisable. J’aimerais donc que mon parcours inspire mes followers à suivre leurs rêves, quels qu’ils soient, car c’est ce que j’ai fait toute ma vie. Ne laissez jamais personne vous dire de quoi vous êtes capable.
« Les réseaux sociaux ont changé les règles du milieu de la mode »
Justement, lorsque vous avez débuté en tant que blogueuse, vous n’étiez pas toujours prise au sérieux ni bien accueillie par l’industrie de la mode. Comment avez-vous géré la situation ?
Ça a été très dur au début, car j’avais 22 ans, j’assistais à mes premiers événements dans la mode et la plupart des gens étaient vraiment méchants avec moi. Ils étaient beaucoup plus âgés que moi, alors je me suis dit que ça devait être la norme. Et puis un jour, les réseaux sociaux ont changé les règles du milieu de la mode. Aujourd’hui, ce n’est plus le même environnement snob et de niche que celui qui existait au début. C’était une période difficile, parce que j’avais confiance en ce que je faisais, mais la plupart des gens me disaient que c’était stupide. Évidemment, ça vous fait réfléchir, mais la meilleure réaction que vous puissiez avoir est de faire ce que vous faites pour vous-même et pour personne d’autre.
Aujourd’hui, vous êtes officiellement la blogueuse mode la plus influente au monde. À quel moment vous êtes-vous dit que vous aviez réussi ?
Je suis toujours reconnaissante et heureuse de ce que j’ai réalisé jusqu’à présent, mais j’ai l’impression de ne jamais être pleinement satisfaite et c’est ce qui me permet de garder les pieds sur terre. Je pense que la première fois que je me suis dit « Wow, j’ai fait quelque chose de vraiment épique », c’était en 2015. Ça a été la première grande année pour moi, car c’est à ce moment-là que j’ai été nommée par « Forbes ». Mon business model est devenu une étude de cas à Harvard et j’ai fait ma première couverture pour « Vogue Espagne ». C’était la première fois que j’obtenais des signaux internationaux très importants qui me disaient que je faisais quelque chose de bien. C’est à partir de ce moment-là que je me suis vraiment sentie plus forte dans ce que je faisais.
Sur les réseaux sociaux, avez-vous défini des limites entre votre vie sociale et votre vie privée ou partagez-vous absolument tout ?
Je partage quasiment tout parce que je suis un livre ouvert lorsque je parle aux gens, que ce soit dans la vie réelle ou à travers un écran. Évidemment, je ne montre pas certains endroits où je vais avec mon fils. Je peux prendre des photos là-bas, mais je les publie uniquement une fois rentrée à la maison parce que je ne veux pas que les gens viennent nous voir quand je suis avec lui pour demander des photos. Pour le moment, il ne comprend pas trop, mais quand il sera plus âgé, ça pourrait lui sembler étrange.
Après toutes ces années, c’est toujours un plaisir de partager votre vie sur les réseaux sociaux au quotidien ?
Absolument ! Si ce n’était pas le cas, je ne serais pas où je suis en ce moment.
« Ne laissez jamais personne vous dire de quoi vous êtes capable »
Vous ne considérez pas cela comme une partie de votre travail ?
Non, vraiment, parce que je sais pertinemment que si je n’ai pas envie de poster pendant quelques jours, je peux tout à fait le faire. Personne ne me dicte ce que je dois faire, je ne suis pas esclave des réseaux sociaux. Au contraire, j’y trouve énormément d’inspiration et je m’éclate à prendre des photos et à les poster.
Malheureusement, lorsque l’on s’expose sur les réseaux sociaux, il faut parfois faire face aux « haters ». Vous êtes régulièrement victime de « body shaming » ou accusée d’être une mauvaise mère. Pensez-vous que ces attaques vous sont faites parce que vous êtes une femme, et surtout, une femme qui a réussi ?
Certainement, mais je pense que cela arrive à tout le monde. Nous sommes à une époque où chacun est un jour confronté, dans la vraie vie, à des commentaires blessants. Mais aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, c’est devenu tellement facile de le faire. On m’a dit un jour qu’il était beaucoup plus facile d’écrire un mauvais commentaire que de dire quelque chose de gentil à quelqu’un. Je trouve ça totalement absurde, car si je n’aime pas quelque chose, je ne perdrai jamais mon temps à commenter. Mais visiblement, certaines personnes aiment ça. Vous devez simplement savoir que si l’on dit quelque chose de négatif sur vous d’une manière constructive, cela a son importance. Mais lorsque les gens veulent juste répandre la haine, c’est qu’ils ne sont probablement pas sûrs d’eux dans la vie et que rabaisser les autres leur donne plus de confiance, ce qui est triste. Il suffit de penser de cette façon et continuer votre route.
Dans cette ère post #metoo, quelle est la leçon la plus importante que vous voudriez enseigner à votre fils ?
De toujours respecter tout le monde, les femmes bien sûr, mais aussi les autres hommes. Que chaque être humain est précieux et important, et qu’il faut toujours traiter les gens comme on voudrait être traité.
On vous qualifie aujourd’hui d’it-girl, de blogueuse mode, d’influenceuse, de femme d’affaires, de PDG... Et vous, comment vous considérez-vous ?
Blogueuse mode, c’est un peu dépassé, mais c’est comme ça que j’ai commencé et cela fait partie de mon histoire, donc je ne suis pas fâchée si quelqu’un m’appelle comme ça. J’aime dire que je suis une entrepreneure de mode puisque je fais tellement de métiers différents, ou femme d’affaires, c’est un terme qui me fait me sentir très fière de moi et importante !
« Je ne cesse jamais de chercher la meilleure version de moi-même »
Quelle est la prochaine grande étape ?
Je souhaiterais avoir ma propre marque de beauté et continuer à collaborer avec les marques avec lesquelles je travaille actuellement, car certaines font partie des meilleurs partenariats que j’ai jamais eus. Aussi, devenir le visage d’un parfum pourrait être l’un de mes prochains objectifs.
Et où allez-vous vous arrêter ?
Je ne veux jamais arrêter ! Je suis à un stade où je veux toujours en faire plus, que ce soit du côté des affaires bien sûr, mais aussi dans ma vie personnelle. Pour moi, une bonne journée, c’est quand j’ai accompli quelque chose de productif, appris quelque chose ou me suis sentie mieux dans ma peau. Si je réalise chaque jour l’une de ces trois choses qui me rendent super heureuse, alors j’ai toujours envie d’aller plus loin. Je ne cesse jamais de chercher la meilleure version de moi-même.
Bio express
- 7 mai 1987 : naissance à Crémone en Italie
- 2009 : lancement du blog The Blonde Salad
- Janvier 2015 : lancement de la marque de chaussures Chiara Ferragni Collection.
- Avril 2015 : première blogueuse mode en couverture d'un magazine.
- 2017 : devient présidente de sa société.
- Juillet 2017 : premier flagship Chiara Ferragni à Milan
- Mars 2018 : naissance de son premier enfant
- 1er septembre 2018 : mariage avec le rappeur italien Fedez.
- 2019 : collection capsule avec Lancôme
- Septembre 2019 : documentaire “Chiara Ferragni, Unposted”
Photographe : Nico Bustos pour Lancôme. Stylisme : James Valeri. Maquillage : Manuele Mameli avec fond de teint Teint Idole Ultra Wear 03 Beige Diaphane, rouge à lèvres L’Absolu Rouge Drama Matte 82 Tapis Rouge, Palette Matte Hypnôse 108 Beige Brûlé et Mascara Monsieur Big.
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