Unique en son genre, le Grand Marnier reste un incontournable des fins de repas. Sa particularité ? L’association subtile du Cognac français et de l’orange amère, appelée aussi bigarade.

Avec sa belle couleur ambre caractéristique, ses jolies courbes et son cordon rouge marqué d’un sceau de cire : elle est reconnaissable parmi toutes. Derrière la bouteille classique de Grand Marnier, il y a aussi une belle histoire. Celle de Jean-Baptiste Lapostolle qui fonde en 1827 une distillerie à Neauphle-Le-Château, en périphérie de Paris. En 1876, sa petite fille épouse Louis-Alexandre Marnier. Ce dernier a une passion pour le Cognac français depuis qu’il a eu l’occasion de séjourner dans la région. Un jour, il a l’idée incongrue mais intelligente de marier son alcool préféré à la subtilité aromatique de l’orange amère des Caraïbes. À l’époque où le tout Paris aime utiliser l’adjectif « Petit », César Ritz, un ami proche de Louis-Alexandre lui conseille de renommer son Curaçao Marnier en Grand Marnier. « Un grand nom pour une grande liqueur ! », clame-t-il. Très vite, l’alcool est devenu l’un des must-have des soirées parisiennes.

LA GÉNÈSE

La réussite d’un produit n’est pas seulement due à la qualité exceptionnelle de ses ingrédients. C’est également une histoire d’homme et de savoir-faire. Le premier est celui de la tonnellerie Vicard. Familiale et indépendante depuis six générations, cette entreprise de fabrication de barriques – plus de 40 000 par an – est également située dans la région de Cognac. C’est aussi le fournisseur exclusif de Grand Marnier. Sur place, on s’étonne de l’odeur agréable que dégagent les larges hangars remplis de merrains. Ces planches de bois rectangulaires servent à la création des douelles, base essentielle de la structure du tonneau.

Un bruit de marteau attire notre attention. Dans cette partie de l’usine, les ouvriers s’occupent du cintrage vapeur. En cinq minutes, les douelles se courbent grâce à l’action de la chaleur et forment ainsi la structure de la barrique. Avant qu’elle n’ait le temps de refroidir, l’ouvrier vient cercler le tout à l’aide de son marteau. C’est la première étape avant la chauffe. Ensuite, grâce à un procédé très innovant de cuisson moléculaire, ils garantissent un équilibre et une constance entre les tanins du vins et les tanins du chêne français. S’en suit différentes étapes de finitions et vérifications jusqu’à la gravure laser du logo de la marque.

Le cognac, première étape du Grand Marnier

LE COGNAC

L’histoire continue à la distillerie Pinard. Dès la mi-octobre, après les vendanges, le processus de distillation peut commencer et ce, jusqu’à la fin mars. Éric Pinard nous accueille auprès de ses imposants alambics en cuivre et nous raconte la particularité du métier. « C’est un apprentissage oral qui se fait uniquement par le biais du compagnonnage », explique-t-il. Dans ce lieu chargé d’une odeur agréable et rassurante, on se laisse embarquer par le bruit caractéristique du liquide qui chauffe et qui coule. Le distillateur nous tend un verre de vin blanc trouble et nous propose de goûter : il s’agit de l’ugni blanc, le cépage de base pour l’élaboration du Cognac. Pour celle-ci, il procède à une double distillation. Lors du premier cycle, le distillateur récupère ce qu’il appelle le « brouillis ». Grâce à son expertise, Éric Pinard enlève les têtes et les queues pour ne garder que le cœur de la distillation. « Mon nez me guide », indique-t-il. Le cuivre n’est pas qu’ostentatoire, il a un véritable utilité car il détache les matières grasses et respecte le produit. Une fois le processus terminé, le Cognac est livré au Château de Bourg-Charente. Le liquide est vieilli dans les fûts de chêne pour une période de minimum 2 ans (VS), 4 ans (VSOP) ou 10 ans (XO).

Distillation de la bigarade pour le Grand Marnier

L’ORANGE AMÈRE

Décidément, il s’agit toujours d’odeurs et d’arômes quand on parle de Grand Marnier. L’acidulé des écorces de bigarade captive notre odorat dans le grand entrepôt où les sacs de jutes sont gardés au sec. Pour la création de la liqueur, il n’y a véritablement qu’un seul et unique type d’agrume utilisé : l’orange amère exotique des Caraïbes. Sur les îles, elle pousse naturellement de manière sauvage. Les fruits sont ramassés lorsqu’ils sont encore verts et les peaux sont séchées à la chaleur du soleil. Celles-ci arrivent ensuite par bateau jusqu’au site de production du Château Grand Marnier. Elles sont traitées avec le plus grand soin pour préserver un maximum d’huiles essentielles. À l’aide d’une machine vibrante, chaque écorce est tournée dans le même sens afin d’en récupérer uniquement le zeste, la partie verte. Ceux-ci sont macérés pendant deux semaines avant l’étape de la distillation en colonne. En résulte l’essence d’orange.

Patrick Raguenaud, CEO de la maison Grand Marnier

LE NEZ D’UN HOMME

Ce qui fait également le succès de la marque, c’est la vision d’un homme, grand lui aussi. Patrick Raguenaud est maître-assembleur Grand Marnier. La région de Cognac est sa région de cœur. Il y est né, y a été élevé et a baigné au plus proche du sujet depuis son plus jeune âge. Depuis 2004, il incarne le savoir et la tradition qui accompagnent la marque depuis ses débuts. Son travail ? Assembler les cognacs en jumelant différents crus et millésimes afin d’obtenir un cognac unique, complexe et équilibré.

Le résultat de cette expertise se décline en une gamme de cinq beaux produits. À commencer par le plus emblématique : le Grand Marnier cordon rouge, composé à 51% de Cognac, révèle des arômes d’oranges amère parfaitement équilibrés. La cuvée Louis-Alexandre rend hommage à son fondateur. Elle se caractérise par une concentration plus intense de cognac (82%) en guise de clin d’œil à celui qui ajoutait une goutte de cognac à son verre de liqueur Grand Marnier pour plus d’intensité. La cuvée du centenaire commémore l’anniversaire de la maison avec un assemblage subtil de cognacs XO raffinés combinés à l’essence de la bigarade. Le Grand Marnier cuvée 1880 fait référence à l’année de création de la marque. C’est une liqueur réalisée uniquement à base de Cognac XO de Grande Champagne (91%) et d’orange amère. Le dernier, et non des moindres, est le Grand Marnier cuvée Quintessence. Cette cuvée d’exception associe un rare mélange de vieux cognacs millésimés (82%), provenant exclusivement de Grande Champagne et de vieilles réserves familiales. Autre particularité : la distillation des oranges exotiques est également doublée. Après la dégustation de ces beaux produits, on est marqué par leur force de caractère, leur richesse aromatique mais surtout par leur supplément d’âme de cette belle maison. À découvrir ou (re)découvrir !

grandmarnier.com

LIRE AUSSI