Entre vous c'était « à la vie à la mort ». Mais elle vous a rayé de sa vie. Et vous voilà le cœur brisé par un chagrin d'amitié.
L’amitié dure 7 ans
Les (pré)ados et les adultes ne vivent pas l’amitié de la même façon. « Les amitiés suivent un certain cycle de vie », explique la psychologue sociale Dina McMillan. « En soi, la fin d’une bonne entente ne révèle pas forcément quelque chose sur vous en tant que personne. Quand vous avancez dans la vie, des changements s’opèrent aussi inévitablement dans votre entourage. » Il ressort même d’une étude de l’université d’Utrecht que les femmes verraient la moitié de leur cercle d’amis se renouveler tous les sept ans. L’amitié naît souvent d’une expérience partagée, comme des études, un emploi ou un lieu de résidence. Ce genre de relation a une durée de vie limitée et peut se solder par un chagrin d'amitié.
Témoignages
Le chagrin d’amitié de Victoria
« J’ai fait la connaissance d’Eline à l’école secondaire. Elle était grande et populaire tandis que moi, je me fondais dans la masse. Nous nous sommes rapprochées et nos liens ont résisté bien après l’école. On faisait tout ensemble : partir en vacances, affronter les ruptures douloureuses et avancer vers la vie d’adultes. “Je serai toujours là pour toi”, me répétait-elle. Notre amitié me procurait un sentiment de sécurité. Quand j’ai déménagé à l’autre bout du pays pour m’installer avec mon nouveau copain, notre amitié n’en a pas souffert. On a continué à se parler régulièrement et on est restées BFF.
« Je n’étais plus cette fille célibataire qui enchaînait les drames et venait pleurer sur son épaule. Elle avait perdu sa longueur d’avance »
Et puis, il y a quelques années, notre dynamique a changé. Je n’étais plus cette fille célibataire qui enchaînait les drames et venait pleurer sur son épaule. Elle avait perdu sa longueur d’avance et de mon côté, j’avais réglé plein de choses. Les contacts se sont espacés et une année s’est écoulée sans que je m’en rende compte – avec les réseaux sociaux, on a l’impression de toujours être aux premières loges de la vie de l’autre. Une autre année a suivi. J’avais de plus en plus de mal à reprendre contact et elle ne se manifestait pas non plus.
Il y a quelques mois, nous nous sommes retrouvées au même événement. J’espérais des retrouvailles chaleureuses et j’étais décidée à donner un nouvel élan à notre amitié. Mais elle a réagi sèchement et refusé d’aller prendre un café toutes les deux : “Je ne sors plus autant qu’avant.” La douche froide. Surtout que je savais que c’étaient des foutaises vu ses posts sur Instagram. Récemment, j’ai encore essayé de me rapprocher d’elle en lui envoyant un message, mais je n’ai pas eu de réponse. Elle m’a “ghostée” et je ne suis même pas sur Tinder ! Je ne sais toujours pas ce qui a coincé ni pourquoi elle estime que notre vieille amitié ne vaut pas la peine d’être sauvée. Je me retrouve presque dans le même état qu’autrefois, quand des garçons me brisaient le cœur. »
Le chagrin d’amitié de Giselle
« Mon amitié avec Mathilde était un peu déséquilibrée dès le départ. Je la voyais comme l’une de mes meilleures amies, mais elle n’accordait ce titre qu’aux cinq filles avec qui elle avait grandi. C’était Mademoiselle Parfaite et moi j’étais beaucoup moins sage, mais je la trouvais drôle et on aimait sortir danser. On formait un duo improbable et je savais qu’elle accordait la priorité à ses (petits) copains et vieilles copines d’école. Mais ça n’a pas empêché notre amitié de durer des années. Quand elle me trouvait un créneau dans son emploi du temps, je passais toujours un bon moment et j’évitais de lui dire que je me sentais souvent rejetée.
« Elle est devenue injoignable, n’avait plus une minute à elle à cause de son travail, de sa famille ou encore de ses amies. Je n’ai eu droit qu’à une réponse tiède
à mon dernier message Facebook. Elle m’avait clairement exclue de son cercle »
Il y a neuf ans environ, Mathilde a décidé que notre amitié était morte de sa belle mort. Elle est devenue injoignable, n’avait plus une minute à elle à cause de son travail, de sa famille ou encore de ses amies en plein déménagement. Je n’ai eu droit qu’à une réponse tiède à mon dernier message Facebook. Elle m’avait clairement exclue de son cercle. Depuis lors, il m’arrive de rêver que nous sommes toujours amies et j’ai un pincement au cœur au réveil. Même le hasard refuse de nous donner un coup de pouce : nos chemins ne se croisent plus jamais, ni en ville ni à l’aéroport où elle travaille. Nous n’existons plus que dans la vie numérique de l’autre. Mathilde est une fidèle de mes stories Instagram, un peu comme un ex avec qui on n’est plus en contact mais qui est toujours le premier à avoir vu chaque nouvelle story. Cela dit, ce “digital love” ne m’apporte rien, je préférerais qu’on se déhanche ensemble sur le morceau du même nom de Daft Punk. »
Le chagrin d’amitié de Stéphanie
« Je traînais avec plusieurs bandes de copines, que j’essayais de rassembler autour d’une table ou lors d’une fête. Le courant semblait passer et j’étais très fière d’avoir connecté toutes ces filles sympas. Mais ça n’a pas duré. Tout a commencé à mon anniversaire. Comme on faisait ça chez moi, j’ai passé la soirée à courir partout. J’ai alors remarqué que Jade, mon amie de secondaires, et Sophie, ma pote d’unif, s’étaient éclipsées. Mais dans mon esprit, c’est parce qu’elles partageaient le même amour pour l’alcool et les “bad boys”. En arrivant au salon avec un plateau de trucs à grignoter, je les ai entendues se dire qu’elles avaient tout pour devenir des âmes sœurs. Mon cœur s’est arrêté de battre. Et je ne leur ai pas proposé de chips.
« Durant le séjour, elles se sont rapprochées de plus en plus tandis que moi, je me sentais la cinquième roue du carrosse. »
Ironie du sort, je venais de réserver un voyage avec elles et je me suis envolée pour Ibiza avec des sentiments mitigés : que penser de leur nouvelle amitié ? Durant le séjour, elles se sont rapprochées de plus en plus tandis que moi, je me sentais la cinquième roue du carrosse.
Au retour, ça a continué. Jade et Sophie se faisaient régulièrement un resto, sans moi. Je me sentais abandonnée, mais je n’avais aucune raison de m’en vouloir. Elles avaient beaucoup de choses en commun et je n’avais fait que les réunir. Quel beau geste de ma part ! Il n’empêche que voir leurs stories et les entendre parler l’une de l’autre avec enthousiasme reste difficile pour moi. C’est pour cette raison que j’évite de fixer des rendez-vous à trois. Mais bon, je me réjouis pour elles et je peux vivre avec. Ou du moins j’essaie... »
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