De la reine Mathilde aux anonymes fortunées, toutes succombent aux créations du couturier-artisan belge Bernard Depoorter. Il nous ouvre les portes de sa demeure familiale et de son atelier, basés à Wavre.
Artisan couture
Bernard Depoorter est né à Wavre en 1981. Autodidacte, il apprend l’essence de son métier en tant qu’assistant auprès des couturiers de grandes maisons parisiennes (Stéphane Rolland, Dior, Jean-Louis Scherrer...) avant de lancer son propre label en 2003. L’année suivante, il présente sa première collection dans la capitale française. Rapidement, il séduit les têtes couronnées, la reine Mathilde apparaît notamment à plusieurs reprises vêtue de ses créations lors de visites officielles à l’étranger. Sa signature ? Un mélange de technologies anciennes et modernes et un amour infini pour les métiers d’art. En véritable artisan, il réalise lui-même le développement de chaque modèle, du croquis aux ennoblissements de textiles, en passant par le patron.
Son antre
Une maison de famille datant de 1777, transmise de génération en génération. « J’y ai vécu pendant des années avec mes grands-parents et c’est ici que ma vocation est née. » Son arrière-grand-mère s’habillait en haute couture chez Paul Poiret, et sa grand-mère chez Pierre Cardin et Balenciaga. « Enfant, je m’amusais avec mes sœurs à me déguiser avec les vêtements de mes ancêtres trouvés au grenier. Plus tard, j’accompagnais ma grand-mère chez ses tailleuses, j’étais fasciné par ce métier de la coupe. Quant à mon grand-père, il m’emmenait dans les musées et a développé mon goût et mon regard sur les arts. »
Son regard sur les femmes
« J’ai grandi entouré de femmes et dans ma famille, ce sont elles qui ont toujours eu le pouvoir. Mes sœurs, par exemple, sont un exemple de liberté et je pense que la femme moderne du XXIe siècle est une femme indépendante et libre de tout. »
Ses maîtres
« Cristóbal Balenciaga demeure indétrônable pour sa rigueur, sa structure et son éternelle quête de la perfection. Il était un éternel insatisfait, tout comme moi. » Et parmi les créateurs actuels ? « Stéphane Rolland, qui m’a appris à dessiner, Iris van Herpen pour son incroyable originalité et ce qu’elle arrive à faire avec la technologie 3D. » Ses inspirations « Absolument tout m’inspire. Les arts décoratifs du Néolithique à l’art contemporain, la peinture, la musique, le cinéma, les films de Xavier Dolan pour l’émotion qu’il arrive à transmettre à travers ses personnages, la littérature, les livres de François Cheng que je dévore en ce moment… »
Son engagement
Déjà impliqué depuis plusieurs années auprès de Sidaction, Bernard Depoorter a récemment rejoint le projet Noc (« Nous on crée ») mis en place par l’Institut Curie de Paris. À travers des ateliers créatifs organisés une fois par mois, il apprend aux enfants et adolescents atteints du cancer à apprivoiser les tissus, customiser des croquis... « On critique souvent la mode pour son côté superficiel, et je pense qu’il faut réhumaniser ce milieu en s’impliquant dans des causes qui nous touchent. »
Sa muse
Sa fiancée, l’artiste d’origine chinoise Kaixuan Feng, qui réalise notamment des performances de calligraphie avec sa chevelure imbibée d’encre de Chine. « Ses œuvres sont toujours empreintes d’une symbolique très forte, c’est une femme parfaitement dans son époque et elle est pour moi une source d’inspiration inépuisable. Cela démontre bien l’importance de réussir sa vie privée pour s’épanouir dans sa vie professionnelle. »
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Sa vision de la mode
« Le vêtement doit être un outil de séduction qui donne de l’assurance et impose le respect. La mode reflète l’état mental de notre société : en ce moment, ça part dans tous les sens, il y a une surdose de tout et, finalement, on ressent un besoin de retour à l’essentiel. »
Son repère pour créer
« Mes quatre murs blancs. En ce moment, je suis dans une phase où je fais table rase du passé, je suis tourné vers l’avenir et j’ai besoin de me libérer l’esprit dans une atmosphère plus épurée. » Son addiction « Je suis boulimique de connaissances : je m’intéresse à tout, je lis plus de six livres en même temps, je rêve de battre le record de Karl Lagerfeld ! » Son rêve La reconnaissance internationale. « J’aimerais m’ouvrir au monde en devenant créateur d’une grande maison de mode à Paris, à Milan ou même à Londres. »
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