Lutte contre le slut-shaming, plaisir, dialogue et importance de l’éducation sexuelle : la série Netflix « Sex Education » est de retour avec une deuxième saison qui coche toutes les cases du mouvement « sex-positive ». Retour sur les préceptes des deux premiers épisodes — avec un minimum de spoilers sur l’intrigue.

Il est tant d’en finir avec le slut-shaming

Masques anti-germes et ambiance apocalyptique : la rentrée d’Otis, Eric et Ola démarre sur les chapeaux de roue et une rumeur d’épidémie de chlamydia. On ne peut que ressentir de l’empathie pour le personnage de Fiona, immédiatement pointée du doigt comme le point d’ignition de cette maladie sexuellement transmissible. Poursuivie par les ragots et les insultes, elle en bave — et pas qu’un peu, puisque la chasse aux sorcières l’amènera à se battre, littéralement, avec ses deux meilleures amies de la chorale. Plus encore que la MST, c’est la vie sexuelle de l’adolescente qui est au centre des ragots et injures qu’elle subit. Otis est le premier à prononcer le mot « slut-shaming » : sa vie sexuelle active est jugée « hors-norme » et stigmatisée. Elle est utilisée comme argument pour clamer que Fiona est à l’origine de l’épidémie, alors que ce qu’elle démontre surtout, c’est qu’elle est épanouie. Qui plus est, la jeune femme se protège et est clean. « Sex Education » insiste régulièrement sur cette idée — et nous aussi : ce n’est pas parce qu’on aime le sexe qu’on est déviant ou malade.

Le plaisir sans risque, la clef d’une bonne éducation sexuelle

Appelée à la rescousse suite à l’hystérie chlamydiaque, la sexologue Jean — jouée par l’incroyable Jean Anderson —, constate que l’entièreté des cours d’éducation sexuelle donnés dans l’établissement est centrée sur la reproduction. À coups d’« œufs » et de « petites graines », M. Hendricks, le prof de sciences, n’envisage avec ses élèves la sexualité que par le prisme de la pénétration et de la fécondation. « Et le plaisir ? On ne fait pas toujours l’amour pour procréer ». C’est une question rentre-dedans sur le sexe anal qui va permettre à la sexologue de reprendre la main et d’assurer que le plaisir sans risque devrait toujours être au centre de nos préoccupations sexuelles. Amen, Jean.

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Il n’y a pas d’âge pour s’éduquer

Parlons de M. Hendricks, justement. La petite quarantaine, on projette sur lui ce qu’on a probablement toujours imaginé de nos professeurs : ce personnage, ici un peu grotesque en prime, n’a pas de vie sexuelle. Grave erreur, puisque dans cette saison, on lui découvre une relation. Loin d’être passionnée pour autant, sa partenaire aimerait y mettre un peu de piquant, sous la forme de « dirty talk » excitant. Il faudra au prof de science les bons conseils d’Otis et se vautrer une première fois pour comprendre ce que sa partenaire veut vraiment : qu’on l’écoute, et qu’on fasse l’effort de comprendre. Résultat : nous voilà congratulés de la scène de sexe la plus drôle de la série, à base de baba ganoush.

La confiance, le dialogue, la vérité

Ce sont les trois « T » de Jean Milburn, la mère sexologue d’Otis : « Trust, talking and truth » — en français, « la confiance, le dialogue, la vérité ». Les trois préceptes sont intimement liés quand il s’agit de parler de relation, et de surcroît sexuelle : les partenaires doivent se faire confiance, mais seulement parce qu’ils sont liés par un contrat de vérité, qu’ils appliquent dans le dialogue. Et selon Jean, ce devrait être le cas dès notre plus jeune âge, raison pour laquelle il faut que l’école l’intègre dans son programme d’éducation sexuelle. Pas étonnant que son discours soit suivi par une standing ovation.

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Il faut arrêter de penser le sexe comme si tout le monde était hétéro

C’est l’une des leçons centrales de « Sex Education » : il existe autant de sexualités que de partenaires. Si la série est si inclusive, c’est notamment parce qu’elle n’est pas hétérocentrée. Les personnages ne sont pas coincés dans une orientation sexuelle et les intrigues amoureuses entre gays sont aussi sexy et importantes que celles des autres. Si certains personnages sont dans une situation de déni ou de souffrance liée à leur homosexualité comme Adam — ce qui représente une réalité —, d’autres sont aussi montrés dans toute la joie et la puissance qu’il y a à être soi sans compromis, comme Eric. Et bon sang, ça fait du bien.

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