Les femmes au volant, attention danger…
À notre question « Qu’est-ce que les filles savent faire mais qu’elles ne devraient pas faire ? », seul Antoine répond : « Rien car tout le monde fait ce qu’il lui plaît. » Anas précise : « L’être humain sait tout faire, il suffit d’y croire et de se perfectionner. » Les autres garçons donnent à fond dans le cliché ou dans la provoc’ : « Les filles ne devraient pas faire de la musculation, car une femme trop musclée, c’est moche », « du foot, car c’est un sport masculin », « des rots, car c’est dégueulasse ». Elles ne devraient pas « donner leur corps à tous les hommes », « abuser de leur physique pour que les garçons tombent à leurs pieds », « lire dans nos pensées, comme ma maman », « jouer avec les sentiments des garçons ». Elles ne devraient pas le faire « par respect et par principe. Ce n’est pas digne d’une femme. » Trois garçons, qui ont à peine l’âge du permis
mobylette, répondent que les femmes « ne devraient pas conduire » – dont deux qui croient bon de ressusciter cette bonne vieille blague : « Femme au volant, mort au tournant ». Enfin, l’un d’eux écrit : « Les femmes ne devraient pas gouverner car elles sont trop gentilles et changent trop vite d’humeur. » Excusez-les, madame Badinter. Ils n’ont que 15 ans.
Côté filles, les réponses sont très différentes. Plusieurs s’inquiètent de devoir passer le torchon : « Les filles ne devraient pas faire les corvées. Quand les femmes travaillent autant que les hommes, les tâches ménagères devraient être réparties également. D’ailleurs, les hommes savent les faire aussi bien qu’elles, la vaisselle et les tâches ménagères ! » D’autres ont toujours cette idée étrange que les filles sont des quiches décérébrées qui ne devraient pas « être aussi sensibles », « se plaindre tout le temps », « chercher tout le temps à être accostée par les garçons au lieu d’aller vers les gens », « faire les pestes et se disputer entre elles pour un rien ».
Mais, ouf, les machos sont des gros lourds…
Question inverse : « Qu’est-ce que les garçons savent faire mais qu’ils ne devraient pas faire ? » Les filles répondent : « Les machos, car il n’y a rien de plus énervant que les hommes qui prennent les femmes pour des esclaves juste bonnes à entretenir la maison et à s’occuper des enfants. » « Faire semblant d’aimer les filles pour les utiliser, ce qui est lourd de conséquences : tristesse pour la fille et mauvaise réputation pour le garçon. » « Prendre des décisions », « être violent envers les femmes », « briser les cœurs ».
L’un des garçons de la classe s’inquiète de la violence envers les femmes : « Les femmes, il faut les sublimer et pas les taper. » Quatre garçons pensent que les hommes « ne devraient pas cuisiner ». L’un d’eux explique : « Je sais cuisiner et parfois, j’aimerais bien, mais ma mère m’a toujours dit que ce n’était pas à moi de le faire parce que je suis un garçon. C’est un peu son territoire. » Les autres répondent qu’un garçon ne devrait pas « profiter des filles faciles », « faire de la danse, sinon ce sont des “tarlouzes” », « rien, ils peuvent tout faire » (c’est le même qui trouvait que les femmes ne devaient pas gouverner), « rouler à vélo sans les mains car souvent ils tombent », « tondre la pelouse ».
Quand le professeur demande si s’occuper des enfants, c’est plus le rôle de la maman, tous répondent en chœur : « Non ! » Quand on insiste : « Et les tâches ménagères ? », on entend des « oui », des « non », des « ça dépend », des « heu », des « bof », des rires gras et des cris de souris. Le débat n’est pas fini.
Les tailles M, un must !
Oui, la taille compte ! Nous avons demandé aux élèves quel serait leur modèle de femme parfaite et quelles qualités devraient avoir leur conjoint idéal. Quatre garçons estiment qu’elle devrait « être un peu plus petite » qu’eux. Les qualités les plus recherchées par les garçons sont la beauté, l’intelligence et la gentillesse. Mais encore : « Une femme qui ne rigole pas pour rien », « qui a des principes », « qui est bien dans sa peau, heureuse », « pas une salope mais à l’aise avec le sexe, fidèle, drôle et à l’écoute de ce que je ressens », « pas plus grande que moi et qui sait cuisiner », « pas soumise », « une fille belle mais naturelle, mignonne par ce qu’elle dit et qu’on puisse avoir des avis différents sans s’en vouloir », « une femme belle et jolie avec des bonnes formes et qui est intelligente ». Deux garçons rendent hommage à leurs mères, femmes parfaites par excellence, et un autre rédige sa petite annonce matrimoniale. Il recherche une fille « un peu jolie, gentille et attentionnée, de maximum 1, 60 m, qui veut deux ou quatre enfants ou zéro et qui veut bien habiter à Villers-la-Ville ».
Les filles cherchent des garçons drôles, beaux et intelligents, quelqu’un qui « a ses propres convictions et ne se laisse pas influencer par les autres » ou bien « drôle avec des abdos et qui m’aime ». Quant à leurs modèles de femme idéale : « Pour moi, la femme parfaite serait forte, elle s’assumerait comme elle est et serait indépendante. Elle n’aurait pas besoin d’un homme pour pouvoir vivre mais serait tout de même gentille et attentionnée sans être soumise. » Ou encore : « Quelqu’un de posé et de doux mais qui sait se défendre. Une femme qui ne se laisse pas faire, qui a une famille, un boulot qu’elle aime, qui aide les autres sans s’oublier. » En somme, une femme qui peut gouverner et faire la cuisine, aimer le foot et habiter à Villers-la-Ville.
Une femme libre ?