À 29 ans seulement, elle est l’une des cadettes du Parlement bruxellois — et c’est bien le cadet de ses soucis. Entrepreneure de la tech ecolo, Margaux De Ré défend les droits des femmes comme celui d’avoir une voix politique avant ses premières rides, et prouve qu’on peut siéger au Parlement comme on monte sa boite. Rencontre.
Quel est le point commun entre la vie d’entrepreneure et celle de députée ?
Quand je me suis lancée dans le secteur des technologies, j’ai été pendant des années l’une des seules femmes. Je me suis donc mise en réseau, avec Girls in Tech par exemple. C’est un moyen d’échanger de bonnes pratiques. Je me suis aussi rendu compte que c’était une manière de toutes nous faire émerger : c’est une machine qu’on n’arrête pas. C’est exactement la même chose dans le monde politique : il existe de vrais soutiens entre femmes, parce qu’on se rend compte qu’on est toutes confrontées aux mêmes problèmes. C’est du harcèlement dans les cas les plus graves, mais aussi simplement le fait d’avoir du mal à trouver sa place.
Qui vous inspire, au sein de la cause écologiste ?
Je suis très impressionnée par toutes les jeunes femmes qui se mobilisent pour le climat. À leur âge, je n’aurais jamais osé sortir de ma place d’enfant ou d’adolescente pour commencer à porter des revendications politiques. Je suis très fière quand je vois des jeunes s’emparer de questions d’adultes, parce qu’en réalité, il n’existe pas de telle chose : ce sont des questions de citoyens, et qui concernent donc tout le monde.
Pensez-vous être traitée différemment au Parlement parce que vous êtes parmi les jeunes ?
Je mentirais si je disais que ce n’était pas le cas. On m’a prise plusieurs fois pour une assistante. Certaines personnes qui sont là depuis longtemps ont beaucoup d’idées reçues sur qui devrait faire de la politique. Pourtant, le but d’un Parlement, c’est justement de représenter toutes les personnes qu’on retrouve dans la société. Mais je pense vraiment qu’on apporte un regard critique et neuf. Cet exemple du Comité avis pour les droits des femmes qu’on a transformé en Commission, c’est typiquement une chose qui se produit quand on est jeune : on arrive dans un système et on interroge ce que les autres ne voient plus.
Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle Commission des droits des femmes ?
Quand je suis arrivée, j’ai eu la chance d’être nommée présidente du Comité d’avis. Cet organe remettait des avis non contraignants sur l’amélioration des droits des femmes. Je trouvais ça problématique. J’ai donc proposé la création d’une Commission, qui a la possibilité de créer des textes contraignants. On peut désormais faire de nos recommandations des résolutions. Pour moi, les institutions doivent pouvoir évoluer avec les questions de société. Qui sait, peut-être que dans cent ans, cette Commission pourra elle aussi disparaitre !
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