La marque de prêt-à-porter fondée par Achille Maramotti fête ses 50 ans. L’occasion de revenir sur un long chapitre de la mode italienne à travers un entretien avec Grazia Malagoli, directrice créative. Et de se demander : où est le sport dans tout ça ?

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Grazia Malagoli, directrice créative de Sportmax

Qui était Achille Maramotti ? Lorsqu’il a lancé Sportmax en 1969, était-ce une nouvelle forme d’expérimentation pour le groupe Max Mara ?

C’était un visionnaire et je me considère chanceuse d’avoir fait sa connaissance. Il a pu saisir ce qui se passait réellement dans de nombreux domaines, sociaux, culturels, économiques. Il avait une forte personnalité et la direction qu’il a donnée à ce qu’il a construit était vraiment claire et s’applique toujours aujourd’hui. Sportmax lui-même n’était qu’une intuition de M. Maramotti. Il a remarqué qu’il y avait une nouvelle génération de clients avec des goûts différents par rapport à ceux de Max Mara. Des goûts clairs et influencés par les magazines et la musique. Il a pensé diversifier les produits et a créé une garde-robe coordonnée de pièces que les filles pourraient mélanger et assortir. Il a imaginé le premier total look ! Alors oui, Sportmax était – et reste – un champ d’expérimentation pour le groupe. C’est le cœur de la marque.

« Sportmax » : pourquoi ce nom pour une marque très « tailoring » ? Le sportswear est-il une inspiration ?

En effet, il y avait, et il y a toujours, un lien avec les vêtements de sport. Sportmax est né dans une période très particulière dans laquelle beaucoup de choses révolutionnaires se produisaient à différents endroits. Aux États-Unis, par exemple, le concept de vêtements de sport était en plein essor et avec lui un nouveau type de mode plus facile et détendue. De l’autre côté, Londres a joué une forte influence, avec son mouvement swing, Biba et Mary Quant. Tout cela a conduit à ce qui était initialement appelé « Max Mara Pop » que M. Maramotti a rebaptisé Sportmax.

Sportmax est très réputé pour ses coupes et ses matières techniques. Que pensez-vous de ce rapprochement entre couture et tissus sportifs ?

J’ai trouvé intéressant que les vêtements de sport soient entrés progressivement dans d’autres domaines de la mode, avec l’utilisation de ses matériaux aux formes ou accessoires spécifiques. Si nous pensons à la façon dont les baskets ont été introduites dans la vie quotidienne et au battage médiatique qu’elles ont créé ! Il fut un temps où le port de baskets en situation semi-formelle n’était pas une option. Et c’est juste un exemple parmi d’autres. Bien sûr, cette influence sportswear est une tendance actuelle qui, à un moment donné, mènera à autre chose. La mode est circulaire et en constante évolution. Certaines pièces resteront dans notre garde-robe et deviendront des éléments d’un nouveau code du style.

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Collection anniversaire de Sportmax

En parlant de coupes techniques, la marque est également connue pour ses coutures apparentes très spécifiques que vous avez mises en avant dans une collection anniversaire. Quelle est l’histoire de cette collection capsule ?

Nous sommes partis de nos archives et de toute l’expérience dont nous avons hérité de grands designers. Comme Castelbajac qui a apporté une énorme contribution à notre marque. La couture ombrée, signature que Sportmax a introduite dans les années 70 en utilisant la machine à coudre italienne Rimoldi, est le fil rouge de cette collection. L’utilisation de cette machine à l’époque était révolutionnaire, totalement innovante. En plus, nous n’utilisions pas un fil ordinaire, mais un fil ombré. Aujourd’hui, cette machine est devenue courante. Alors, pour la collection anniversaire, nous avons décidé de retravailler cette couture de manière plus contemporaine et de l’appliquer à des tissus luxueux, comme le cachemire et la soie.

Quels seront pour vous les grands défis de la marque durant les 50 prochaines années ?

Si nous pensons à la façon dont Sportmax a commencé, il est clair que depuis le tout début, nous avons toujours été projetés vers l’avenir et vers les changements. À cette époque, il fallait regarder la nouvelle génération montante de femmes. D’une certaine manière, il y avait une intention de réagir face au passé et c’était visible dans de nombreux aspects sociaux et culturels. C’est ce que nous avons fait tout au long de ces 50 années. Notre direction pour l’avenir restera donc celle-là. S’en tenir à nos racines, toujours regarder vers l’avenir et les nouvelles générations, être avant-gardistes et prêts à changer.

La durabilité est-elle une de vos priorités ?

La durabilité et la conscience écologique sont des sujets importants et délicats. En tant qu’entreprise, nous pensons qu’elles doivent être traitées avec beaucoup de soin et avec des plans concrets. Nous y travaillons, mais communiquerons lorsque nous serons prêts.

Vous avez sorti un beau livre édité par Olivier Saillard. Pourquoi était-ce important pour la marque ?

Rassembler 50 ans d’histoire était un travail éclairant. Bien que je travaille pour la marque depuis 40 ans, tout revoir nous a vraiment permis de nous rendre compte de ce qui avait été accompli jusqu’à présent. Il s’agit clairement d’une étape et d’une réalisation importantes pour nous. Collaborer avec Olivier Saillard et Luke Leitch a été intéressant et constructif, car ce sont des professionnels très respectés dans le monde de la mode, avec des points de vue différents.

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‘Sportmax’ par Olivier Saillard et Luke Leitch, éd. Assouline

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