En plein confinement, notre bibliothèque personnelle fait de la résistance et nous montre à travers ses livres un monde qui concrétise, terrifie et inspire.
Coincé chez soi, entre le chat et le canapé, on se reprend à flâner devant sa bibliothèque. On passe son doigt sur les couvertures des livres qui, eux, n’attendaient que ça depuis des mois. Et puis un titre fait écho à la situation. Et un autre, et un autre. Parce que dans les livres, tout est déjà écrit : les pandémies, le confinement, la solitude, la redécouverte de soi, de la nature et des autres. Alors nous aussi, on est allé faire un tour sur nos étagères, pour vous dégoter cinq titres dans l’air du temps — même quand ils ont été écrits il y a plus de cent ans. À se procurer en livraison, et de préférence auprès de votre libraire indépendant.
« Dans la forêt », de Jean Hegland
Nele et Eva sont sœurs depuis toujours, mais camarade dans l’adversité depuis peu. À 17 et 18 ans, elles vivent coup sur coup la fin de notre civilisation telle qu’on la connait et la mort de leurs parents. Dans leur maison familiale en bordure de forêt, elles doivent apprendre à vivre seules, loin de tout et surtout de personne. Sans musique pour celle qui danse et sans technologie pour celle qui aime plus que tout apprendre. Une robinsonnade, un récit féministe, une fable écologique et une dystopie : « Dans la forêt » est tout cela à la fois et nous montre à quel point nous avons repoussé la nature, mais aussi comme l’homme est un loup pour l’homme — et d’autant plus sanguinaire pour la femme.
« Le masque de la mort rouge », d’Edgar Allan Poe
Dans cette nouvelle publiée en 1842, l’auteur américain raconte le confinement du prince Prospero et de sa cour dans une abbaye, pour fuir une terrible épidémie. Sa suite n’a pas perdu le sens de la fête pour autant et tient une gigantesque fête dans le monastère, jusqu’à l’arrivée d’un mystérieux invité. Dans « Le masque de la mort rouge », le contrôle est une illusion et la débauche ce qui mènera le prince et les siens à sa perte. Ça vous rappelle quelque chose ?
« Chez soi », de Mona Chollet
Dans « Chez soi », la journaliste féministe Monal Chollet — qui est également l’autrice de l’essai « Sorcières » — invite à reconsidérer son intérieur comme « une base arrière où l’on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs ». Ode aux casaniers, le livre analyse la politique de nos maisons, physiques et symboliques. Une lecture délicatement révolutionnaire, qu’on peut même lire gratuitement en ligne.
« L’aveuglement », de José Saramago
Imaginez. Un beau jour, les uns après les autres, vos voisins, votre époux, vos parents, vos collègues, deviennent aveugles — sauf vous. La faute à une épidémie de cécité, qui force l’armée à placer les contaminés en quarantaine forcée dans une base militaire. Vous les suivez, et découvrez le chaos avancer. Ce percutant livre de José Saramago fait l’effet d’une douche glacée, alors même que nos concitoyens se ruent sur des rouleaux de papier WC.
« Le Mur invisible », de Marlen Haushofer
En partageant sa lecture, Maureen Wingrove, alias Diglee, ne savait pas que sa publication Instagram allait entrainer des ruptures de stock et la réédition d’un livre vieux de plus de cinquante ans. Mais l’illustratrice a si bien « vendu » l’histoire de cette femme qui se retrouve isolée du monde par un mur invisible que les choses s’enchainent en quelques semaines seulement. C’est que le récit est particulièrement poignant et relate un mal invisible qui oblige à aller chercher les solutions au fond de soi.
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