Reprogrammée, la Belgian Pride persiste et se concentre cette année à juste titre sur la santé mentale et physique des personnes LGBTQi+ belges.

« WeCare », c’est le slogan adopté cette édition par l’organisation derrière la Belgian Pride — auparavant appelée « gay pride » — pour alerter l’opinion publique sur la question de la santé des LGBTQi+. À l’heure où l’attention de tout un chacun est dirigée vers le coronavirus, ces communautés vivent un rapport compliqué avec le corps médical — et ce, même en dehors de cette crise inédite du covid-19. « Les personnes intersexes subissent toujours des interventions médicales non-nécessaires, ce qui peut causer des traumatismes et avoir des répercutions sur la santé physique. Les personnes âgées LGBTQi+ se retrouvent isolées et se renferment sur elles-mêmes, les personnes transgenres ne reçoivent pas toujours les soins médicaux appropriés », expliquent ainsi Rachael Moore et Tom Devroye, coordinateurs de RainbowHouse Bruxelles et Arc-en-Ciel Wallonie. Ils évoquent également « les thérapies de conversion, le VIH, la pathologisation des personnes transgenres, ainsi que l’ignorance des gynécologues sur la vie sexuelle des femmes lesbiennes et bisexuelles », mais aussi la santé mentale plus fragile de ces minorités sexuelles et de genre, causée par les discriminations qu’elles vivent au quotidien.

Selon le dernier rapport de l’OCDE consacré aux personnes LGBTQi+, se confronter tous les jours à un environnement social qui réprouve, voire condamne votre identité ou votre orientation a forcément des effets néfastes sur la santé mentale. Cette pression, on l’appelle le « stress minoritaire ». D’après l’étude, il « générerait anxiété, dépression, idées suicidaires et tentatives de suicide, consommation et abus d’alcool et de drogues », des conséquences qui, on s’en doute, fragilisent donc également la santé physique de ces communautés. Le rapport ajoute : « L’obligation pour les personnes LGBT de dissimuler leur véritable identité pour éviter d’être stigmatisées, et donc d’adopter des personnalités publique et privée distinctes, suffirait à engendrer des troubles de la santé mentale. Ce mal-être peut à son tour nuire à la santé physique des personnes LGBT en créant un terrain propice à d’autres pathologies, comme les maladies cardiovasculaires. La stigmatisation peut nuire à la santé des personnes LGBT de plusieurs autres manières. Citons par exemple les comportements discriminatoires du corps médical, la plus faible couverture de l’assurance maladie pour les personnes LGBT ou l’obligation pour certaines personnes LGBT d’exercer des professions à risque ».

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© Mercedes Mehling – Unsplash

Un nouvel « audit d’inclusivité »

Pour tenter d’attirer l’attention sur la problématique, le Belgian Pride prévoit d’aborder le sujet à travers plus de 70 évènements partenaires. Mais alors que la Pride et ses différentes activités devait avoir lieu le 23 mai, elle est d’ores et déjà reportée au 29 août 2020. Soit davantage de temps pour les organisateurs pour mettre en place son autre action symbolique de cette édition : vérifier si tous les associations, partis politiques et entreprises qui souhaitent participer à la parade appliquent bien une inclusion forte dans leur fonctionnement. « Ceux qui souhaitent s’inscrire en tant que groupe devront se soumettre à un audit d’inclusivité », explique l’organisation, et ce pour éviter toute tentative de « Pinkwashing » — soit se donner une image progressiste et engagée pour les droits des LGBTQi+ quand dans la pratique, il n’en est rien ou presque. Et ça fait sens, puisqu’« un [véritable] climat de travail favorable et inclusif représente une étape indispensable pour améliorer le bien-être des personnes LGBTI+ », expliquent les organisateurs. Cette année plus que jamais, il s’agit donc d’être sur tous les fronts.

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