Le vert a le vent en poupe… jusque dans notre armoire à pharmacie. Témoignages d’adeptes d’une médecine plus green.
Aromathérapie, phytothérapie, gemmothérapie, naturopathie, acupuncture, réflexologie… Nombreuses sont les alternatives pour se soigner au naturel. Et celles-ci connaissent un succès grandissant autant auprès des professionnels que du côté des consommateurs dans l’ensemble des pays développés, en même temps que croît la défiance vis-à-vis d’un recours systématique aux médicaments de synthèse, artificiellement fabriqués en laboratoires.
Par ailleurs, la naturalité et le respect de la nature se retrouvent aujourd’hui au centre de nos préoccupations. Selon une étude menée par Ipsos en 2018, en Belgique, 19 % des sondés déclarent avoir recours à la médecine dite “alternative”. Également qualifiée de douce, complémentaire, naturelle ou non conventionnelle, cette médecine alternative désigne toute pratique médicale n'étant pas reconnue par la médecine conventionnelle, prônant des méthodes douces de traitements. Il y a deux ans, un sondage mené par l’institut AQ Rate, en collaboration avec Le Soir et la RTBF, rapportait que plus de 7 Belges sur 10 réclament que les traitements issus de médecines alternatives soient remboursés au même titre que les médicaments classiques.
Se reconnecter à son corps
Après dix années au service des cinéastes et des artistes en tant que productrice de films, Marie Besson a emprunté un tout autre chemin et a décidé de se former en réflexologie plantaire. Elle est aujourd’hui membre praticien reconnue de la Fédération belge des réflexologues et accompagne dans son cabinet bruxellois enfant, adolescent et adulte en quête d’une thérapie corporelle. Une démarche qu’elle a elle-même entreprise dix ans plus tôt.
“C’est suite à divers soucis de santé que j’ai pris conscience que pour certains maux, certains signaux que mon corps m’envoyait, il ne suffisait pas d’endormir la douleur par des médicaments pendant quelques semaines, mais il était nécessaire d’aller voir en profondeur, à la source du problème, du déséquilibre. Sans cela, les symptômes réapparaissaient. C’est après avoir ressenti les bienfaits et changements directement dans mon corps grâce à l’ostéopathie, à l'acupuncture, à la réflexologie, à la gemmothérapie ou encore avec les huiles essentielles que je me suis tournée vers la médecine naturelle en priorité, pour les maux du quotidien ou d’autres plus chroniques. Le corps humain est complexe. Il forme un tout. Chaque système organique a une fonction spécifique. La défaillance et le dérèglement d’un système peuvent retentir sur tous les autres et réduire la capacité du corps de fonctionner normalement. L’homéostasie, synonyme d’équilibre et de santé est à atteindre. C’est pourquoi j’ai commencé à me soigner autrement et à renforcer mon immunité en écoutant davantage les signaux de mon corps : de plus, il s’agissait aussi pour moi de respecter mon corps et la planète en diminuant les produits chimiques.”
Cécile Adant est pharmacienne de formation et, depuis 2010, directrice du département formations et informations scientifiques chez Pranarom. C’est également suite à des soucis de santé qu’elle s’est tournée vers une approche plus naturelle. “Le début de la démarche personnelle qui m’a amenée ensuite vers l’aromathérapie c’est qu’à un moment de ma vie, j’étais tout le temps malade, déprimée, fatiguée et j’ai déclenché plusieurs maladies plus ou moins graves. La dernière étant des fatigues importantes et de la colopathie. J’avais beau faire plein d’examens médicaux et prendre des médicaments, rien ne changeait. Un jour, je me suis dit, je vais me soigner moi-même et j’ai commencé mes recherches. J’ai commencé par suivre des cours d’alimentation vivante chez Pol Grégoire à Bruxelles pour retrouver de l’énergie. Et là j’ai rencontré une « vieille » pharmacienne qui m’a dit : si vous aimez tout ce qui est naturel, vous devez suivre des cours d’aromathérapie. C’était en 2006, je n’avais jamais entendu parler de cela. J’étais diplômée Pharmacien depuis 1991. Et je vendais bien quelques huiles essentielles, mais sans vraiment savoir quoi.”
Intriguée, elle mène ses recherches et s’inscrit dans la foulée au Collège International d’Aromathérapie de Dominique Baudoux, un pharmacien aromatologue belge, auteur de livres à succès sur l'aromathérapie et l'utilisation des huiles essentielles. Tellement séduite par la matière qu’elle découvre, Cécile Adant se décide dès la fin de sa formation à envoyer une candidature spontanée à Pranarom, et une nouvelle aventure professionnelle s’offre à elle quatre ans plus tard. Aujourd’hui, cette ancienne pharmacienne conseille à son tour les pharmaciens afin d'intégrer l’aromathérapie dans les protocoles médicamenteux. “Avec la pratique et le recul, j’ai compris que l’on pouvait soigner beaucoup de choses rapidement, simplement, efficacement et sans provoquer d’autres maladies ou effets secondaires. Dans ma pratique officinale, je n’en pouvais plus de voir les gens prendre de plus en plus de médicaments au fils des années. Et moi qui les délivrais, j’avais l’impression de les empoisonner.”
Selon une récente étude* menée par Ipsos pour les Laboratoires Arkopharma, leader européen et porte-drapeau de la médecine naturelle, le fait qu’ils soient sains par rapport aux médicaments conventionnels, le respect du corps/l’innocuité et l’absence de dépendance ou d’effets secondaires sont les principales motivations des personnes utilisant des traitements naturels pour se soigner.
(*source : étude quantitative en ligne auprès de 2000 Français âgés de 16 à 75 ans sur l’état des lieux du marché des traitements naturels, février 2020)
Prévenir plutôt que guérir
Si les approches naturelles séduisent tant le consommateur aujourd’hui, c’est également parce qu’elles répondent particulièrement bien aux « maux de notre époque » qu’engendrent le stress, une mauvaise alimentation, une diminution de la qualité nutritive des nourritures, et une mauvaise hygiène de vie.
En effet, d'après les spécialistes, 80 % de nos dérèglements intérieurs seraient liés au stress et au mode de vie. Là où la médecine naturelle devient particulièrement intéressante, c’est lorsqu’elle permet de porter un regard global sur l’organisme humain en prenant en compte tous les éléments qui le composent : les dimensions physique, émotionnelle et psychique.
Des aspects trop souvent mis de côté dans la médecine conventionnelle comme l’explique le Dr Pierre Bruel, directeur médical et scientifique pour Arkopharma : “Notre discipline représente une approche moderne et originale de la santé. Nous prenons en considération l'homme dans sa globalité : son corps, son esprit, ses attentes et son environnement. Ceci signifie le respect de l’équilibre interne et l’équilibre de son environnement. Cette approche répond aux attentes des patients, des médecins et de la société. Pour solutionner un problème de santé, il faut prendre en considération et prendre soin d’un écosystème via une approche globale et associée pour que la personne puisse retrouver son équilibre et se ‘réparer’”.
À l’instar du proverbe “mieux vaut prévenir que guérir”, cette approche naturelle de la santé s'inscrit également dans une logique de bien-être au quotidien et de prévention. Marie Besson souligne d’ailleurs l’importance de prendre conscience des signaux d’alarme envoyés par son corps lorsque l’on cherche à le soigner : “Je me tourne d’abord vers mon corps, mes émotions, mon état général. J’observe puis j’adapte mon triangle de la santé, c’est-à-dire mon alimentation, mes pensées positives et mon hygiène de vie. Ensuite, j’essaie dans un premier temps de me soigner par la médecine naturelle. Selon les symptômes qui apparaissent, je me tourne tout aussi bien vers la phytothérapie, l’aromathérapie, la gemmothérapie, l’homéopathie en complément à l’ostéopathie, la réflexologie ou encore le shiatsu. Ces différentes branches peuvent tout aussi bien prévenir et aussi soigner, par exemple, les rhumes, sinusites, maux de tête, insomnies, douleurs articulaires, constipation, règles douloureuses… Et, enfin, si je sens que c’est plus difficile et que cela est persistant, alors bien sûr je me tourne vers la médecine classique.”
Des ennemis jurés ?
“Au contraire, il ne faut pas les opposer, mais les associer. Soit en des temps différents soit en parallèle” assure le Dr Pierre Bruel. Bien que l’on ait souvent tendance à opposer la médecine conventionnelle à la médecine naturelle, elles n’en demeurent pas moins des approches complémentaires. S’il faut bien entendu rester conscient des limites de la santé au naturel et ne pas en faire une exclusivité lorsqu’il s’agit de thérapie lourde, les solutions naturelles pour accompagner ces traitements et atténuer certains effets indésirables ne doivent pas être négligées. “On ne soigne pas le cancer par la phytothérapie. En revanche, il est possible d’accompagner la prise en charge des effets secondaires liés aux traitements” expliquait à ce propos le Dr Paul Goetz, médecin phytothérapeute installé à Strasbourg dans les pages du Figaro Santé.
Au quotidien, la médecine naturelle a également sa place pour traiter les maux les plus courants et permet ainsi aux personnes de devenir autonomes dans la gestion de leur santé : de l’allergie saisonnière aux troubles du sommeil en passant par le manque de vitalité. “Nous pouvons prévenir en adaptant nos comportements et en complétant notre alimentation avec des vitamines naturelles, des acides gras polyinsaturés,... Cela permet de renforcer notre corps contre les infections ou de préserver notre système cardiovasculaire. Il est également conseiller d’aider notre organisme à résister aux agressions extérieures en boostant notre système immunitaire et nos défenses naturelles. Les prises en charge naturelles sont également intéressantes en utilisation chronique, en cures par exemple” conclut le Dr Pierre Bruel. Après tout, la nature offre une vraie pharmacie à l’homme, il serait donc dommage de s’en priver.
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