Diriger une entreprise internationale de mode en période de crise sanitaire mondiale, ce n’est pas rien. Les boutiques ferment en masse et les consommateurs ont du mal à desserrer les cordons de la bourse… Comment une cheffe d’entreprise comme Anine Bing fait-elle face à cette situation ? Et surtout comment voit-elle l’avenir du monde de la mode ? Découvrez les réponses aux questions que vous lui avez posées.

Quelle est la stratégie derrière Anine Bing ? Vous vous concentrez davantage sur les ventes en ligne ou en magasin ?

“Aujourd’hui, la participation des consommateurs est très importante. Nous voulons nous concentrer là-dessus en proposant chaque semaine de nouvelles pièces aussi bien en ligne qu’en magasin. Lors du lancement de la marque en 2012, le concept de see now buy now était révolutionnaire dans le secteur. Cette approche a fortement contribué au succès d’Anine Bing. Nous donnons aux consommateurs une raison de revenir et nous en profitons pour engager le dialogue avec eux.”

Pouvez-vous décrire votre processus de création ?

“Avant de consulter l’équipe créative, j’aime rassembler des photos et composer un moodboard. Les voyages influencent énormément mon processus de création, tout comme le temps que je passe à Los Angeles. Je veux créer des pièces que je porterais moi-même et en tant que créative, je souhaite être impliquée dans chaque étape, du concept au produit final en passant par le design. Le must pendant tout ce processus ? Pouvoir enfin essayer mes créations !”

Anine bing collectie

Anine Bing vêtue de pièces de sa collection

Vous travaillez sur de nouvelles collections tout au long de l’année ?

“Je travaille constamment avec mon équipe pour proposer des basiques actuels et intemporels ainsi que des collections mensuelles saisonnières, avec de nouvelles pièces sur le site web tous les mardis. Il est très important pour moi que chaque vêtement traduise un équilibre entre des pièces classiques et des articles saisonniers. Nos clients devraient pouvoir les porter pendant 5 à 10 ans.”

Votre fille s’intéresse-t-elle aussi à la mode ? Vous inspire-t-elle ?

“Bianca aime beaucoup les robes et les vestes en cuir. Quand nous avons lancé Anine Bing Kids il y a quelques années, elle ne tenait plus en place… Plus elle grandit, plus elle est impliquée. Quand elle joue la mannequin, elle n’a pas peur de donner son avis. Ma fille et mon fils sont une grande source d’inspiration pour la collection kids.”

Comment vos collabs voient-elles le jour ?

“Toutes nos collaborations sont nées de manière très organique. Par exemple, quand j’ai lancé ma marque et que je me suis mise à faire des moodboards, l’image de Brigitte Bardot revenait sans cesse… En 2018, j’ai rencontré le légendaire photographe Terry O’Neill, l’homme à qui on doit l’image emblématique de la star sur le plateau du film Les Pétroleuses. Terry m’a montré ses archives et après avoir écouté toutes ses histoires des années 60 et 70, nous avons décidé de travailler ensemble. Nous développons également une collab cet automne avec la top-modèle Helena Christensen, ce qui me réjouit beaucoup. J’ai hâte d’en dire plus bientôt !”

C’est important pour vous de soutenir d’autres femmes entrepreneures ?

“Pendant le confinement, j’ai lancé l’Instagram Live d’Anine Bing. À cette occasion, j’ai pu m’entretenir avec d’autres femmes actives dans l’industrie de la mode, comme Elle Macpherson et Miranda Kerr. Comme les mesures n’ont pas encore été complètement levées, de nombreuses personnes sont toujours chez elles, il est donc particulièrement important de se soutenir mutuellement ! J’aime acheter et promouvoir des marques créées par des femmes.”

vous été particulièrement marquée par un livre, une play-list, un artiste ou un podcast pendant le confinement ?

“Durant la quarantaine, j’ai demandé à mes followers de me recommander des livres, et j’ai reçu énormément de réactions ! J’ai lu récemment Super Attractor de Gabrielle Bernstein, une coach de vie et auteure américaine. J’ai aussi beaucoup écouté First Aid Kit, mon groupe suédois préféré. »

Quel effet la pandémie a-t-elle eu sur votre entreprise ? Avez-vous dû reporter le lancement de certaines collections ?

“Nous avons dû fermer nos boutiques dans le monde entier à cause de la crise sanitaire, pour garantir la sécurité de notre personnel et de nos clients. Cela a bien sûr impacté nos chiffres de vente, comme ce fut le cas pour toutes les marques de mode. Nous avons décidé rapidement de multiplier encore nos efforts sur Internet, par le biais des réseaux sociaux et du commerce électronique. Le lancement de nos new arrivals hebdomadaires s’est poursuivi, avec des pièces adaptées au nouveau monde du télétravail. Entre-temps, nous avons également produit 10.000 masques et en avons fait don à des professions essentielles en collaboration avec la Croix-Rouge. Nous ajoutons actuellement un masque Anine Bing à toutes nos commandes en ligne. J’ai été en contact permanent avec nos clients et j’ai répondu à leurs demandes quant aux contenus et produits qu’ils voulaient voir chez nous.”

Comment voyez-vous l’avenir post-covid ? L’industrie de la mode va-t-elle changer ?

“Tout le secteur doit être transparent à l’égard des consommateurs, c’est pour nous une démarche cruciale. Nous devons passer par là tous ensemble. Alors en ces temps difficiles, nous avons spécialement veillé à rester en contact avec nos clients. Il est très important de s’assurer que les consommateurs connaissent les valeurs d’une entreprise. Je pense que l’industrie de la mode va changer en mieux. J’espère que les clients vont commencer à prendre conscience de l’importance de faire des achats plus intelligents, et d’investir dans des pièces intemporelles et durables.”

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