Quand sexe et technologie se rencontrent, c’est une véritable révolution dans la recherche du plaisir féminin. La preuve avec Lora Haddock qui a disrupté tout un marché avec son sextoy Osé.
Alors jeune étudiante en médecine, elle confesse avoir vécu une expérience orgasmique bouleversante à l’issue de laquelle elle s’est sentie investie d’une mission: démocratiser cette expérience et la rendre accessible à toute personne dotée d’un vagin.
Des recherches sur le terrain et une rencontre providentielle plus tard, avec John Parmigiani, le directeur de la recherche industrielle au College of Engineering de l’Oregon State University, ont signé la genèse d’une merveille d’innovation.
Neuf mois après leur rencontre naissait un prototype et cinq brevets en instance pour une nouvelle technologie orgasmique, grâce à une équipe d’ingénieures dont la cheffe Kim Porter a conçu des machines pour la NASA. Il s’agit d’un dispositif mains-libres de micro-robotique qui associe stimulation clitoridienne sans contact et stimulation du point G, par biomimétisme des mouvements d’un doigt.
En résumé, un cunnilingus d’une douceur incroyable combiné à la sensation d’un doigt très exercé qui masse le point G pile où il faut pour un orgasme mixte qui implique l’entièreté du CUV (Complexe clitoro-urétro-vaginal).
“Osé” ou quand l’audace féminine ravive les réflexes frileux du patriarcat
C’est ainsi que le premier opus du «Osé» lui permit de remporter le prix de l’innovation très convoité, dans la catégorie robotique et drones au CES de Las Vegas (la grand messe mondiale des inventions), pour lui être retiré, aussi sec, car jugé «immoral» et «obscène». Notons tout de même que cette année des poupées-robots sexuels trônaient fièrement dans les allées du Consumer Electronic Show de Las Vegas. Fidèle à sa mission d’élever le débat en matière d’éducation sexuelle, Lora Haddock n’en est pas restée là ! Confortée par un buzz médiatique et un élan solidaire des femmes de la Tech, elle parvient à faire plier la Consumer Technology Association – organisatrice du CES et y revient triomphalement en 2019 avec un prix décerné – et les excuses du jury.
Aujourd’hui CEO de la marque Lora DiCarlo, elle a initié une impulsion courageuse, déterminante dans l’avenir de la SexTech au féminin. Cet épisode n’aura pas été vain puisqu’il a sensibilisé les organisateurs sur l’importance de la représentation égalitaire du bien-être sexuel au CES. Elle se dit aujourd’hui “fière de diriger une équipe incroyable de personnes talentueuses qui incarnent et croient en plus de représentation et d’inclusivité dans la SexTech”. Et lorsqu’on l’interroge sur le futur de la SexTech elle dit vivre “une période vraiment excitante pour l’innovation.” Elle croit sincèrement que l’innovation ne se fait pas dans les limites des normes sociétales: “nous sommes là pour faire bouger les choses.”
Par Adnane Kabaj, fondateur de la boutique Lovely Sins, conférencier et “sex educator”
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