Dirk et Marie ont créé Wasted Atelier, une marque de vêtement anversoise qui s’inscrit dans la slow fashion. Ils nous expliquent leur parcours et les clés de cette aventure à contre-calendrier.
C’est une romance moderne comme on les aime : une passion commune, le début d’une idylle et le lancement d’un business.
Comment Marie et Dirk ont-ils décidé de lancer leur marque de mode ?
« J’ai rencontré Dirk il y a trois ans. C’était un coup de foudre », explique Marie. « Il est représentant de tissu, je suis styliste. C’est un entrepreneur de nature, il est aussi très créatif avec un goût pour la mode. Impossible de trouver de meilleurs ingrédients pour lancer un projet commun. C’était la combinaison idéale. Dirk vivait littéralement avec des tissus ! »
Dirk est agent de tissus depuis 25 ans. Il représente des fournisseurs auprès des marques belges et néerlandaises et, chaque saison, il rencontre les stylistes pour leur vendre ses nouveautés : « L’idée de Wasted Atelier a mûri dans ma tête il y a trois ans. Je voyais que, chez mes clients, il restait plein de tissus qui traînaient et finissaient par être brûlés. J’ai commencé par racheter ces stocks et les revendre aux merceries, aux petits designers, aux petites marques. Ça marchait bien, j’ai eu un joli stock de matières et on s’est dit avec Marie que ce serait dommage de ne pas développer quelque chose nous-mêmes. On s’est dit que la récupération de tissus pourrait être l’ADN d’une marque d’où son nom Wasted Atelier. On ne suit pas les saisons, on a donc l’agilité que d’autres marques n’ont pas. »
À la différence d’une marque de mode traditionnelle, Wasted Atelier commence par le tissu avec la limite de production que cela induit, ensuite Marie établit un moodboard pour imaginer les modèles qui sortent toutes les six semaines à travers une collection capsule. « On produit déjà des pièces avec dix mètres de tissu. Avec ça, on peut faire cinq vestes et quand c’est vendu, c’est vendu ! Tout le défi est de maintenir une cohérence entre les collections afin de pouvoir porter des vêtements de différentes capsules. »
La slow fashion: rien ne se perd, tout se transforme
Marie est styliste pour des marques belges depuis des années, habituée aux défis commerciaux, elle a su s’adapter à ce nouveau rythme d’une « slow fashion » : « C’est ce qui me plaît dans la mode, cet équilibre entre créativité et portabilité. Je ne prétends pas la révolutionner, mais apporter des petits éléments qui vont changer les choses. J’ai toujours eu envie d’avoir ma propre marque et l’idée d’en faire une ligne durable était un challenge vraiment génial. Il y a un sens, mais aussi une complexité de création. Je ne peux pas me dire “aujourd’hui je vais faire une robe rose en taffetas” ! Quand une marque fait une collection, elle commande à ses fournisseurs des métrages de tissus. Parfois, elle en change le dessin, elle recolore le motif. Pour chaque test, ce sont des mètres de matières qui ne seront jamais utilisés. Elle peut produire 50 mètres de tissus juste pour faire un test couleur ». Dirk ajoute : « On trouve ça hypocrite qu’une marque annonce l’utilisation d’un coton bio, produit en Inde, envoyé par avion en Chine pour être confectionné, ensuite expédié au Liban pour coudre les boutons et finalement vendu comme une collection scandinave… pas très durable tout ça. Évidemment, une production en Belgique nous coûte quatre à cinq fois le prix d’une production en Asie, on rattrape nos coûts grâce au prix des tissus. »
Beaucoup de pièces ont des tailles uniques, robes et kimonos au début, les capsules ont désormais été enrichies de vestes, shorts, pantalons déclinés dans des imprimés fun et colorés. « En Belgique, les coûts de patronage, de fabrication sont relativement élevés, alors on a trouvé une solution pour les diminuer avec des pièces qui vont à tout le monde. J’avais envie de faire des vêtements que mes copines allaient porter sans se prendre la tête ! » Marie s’occupe de la création et Dirk de la vente. « On ne fonctionne pas comme les marques classiques qui imaginent une collection, la montrent aux acheteurs, la vendent, la produisent et livrent six mois après. On ne veut pas que les retailers doivent bloquer un budget pendant six mois. C’est un système qui ne peut plus continuer, car on va tuer le retail. Nous prenons le risque, nous produisons. Quand un magasin fait sa sélection, je peux livrer le jour même et la pièce est mise en vente. Les acheteurs y trouvent leur compte et apprécient aussi l’aspect exclusif. Certaines pièces ne sont disponibles qu’à un endroit. »
Un modèle économique agile et innovant qui ne manque pas de défis à relever. Quand on parle du futur de la marque, le couple répond : « Notre prochain challenge sera de grandir sainement. Nous avons plus de demandes et on finance tout nous-mêmes, donc cela demande plus d’investissements, il faut qu’on soit prudents. »
Infos pratiques
Wastedatelier.be
Lombardenvest 49 – 2000 Anvers
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