Monde de requins inaccessible. Telle est l’image que l'on se fait de l’univers de la mode. Pourtant, certains audacieux tentent malgré tout de s’y faire une place bien au chaud. Mais que faut-il savoir avant de lancer sa marque ?
Jeune et belge, Charlotte Mounzer a créé sa propre marque de prêt-à-porter, SÉ-EM, après avoir étudié le stylisme à La Cambre et été formée dans les plus grandes Maisons à Paris. Ce qui la différencie des nombreuses enseignes sur le marché, c’est son principe d’économie circulaire. En effet, ses contacts parisiens lui permettent de réutiliser les tissus des grandes griffes destinés à être jetés. Elle nous dévoile cinq conseils pratiques pour lancer sa marque et éviter les flops.
- Se former avec les meilleurs. La mode est un milieu très concurrentiel et avoir une bonne formation et des stages de qualité sont un énorme coup de pouce. « Nous avons la chance d’avoir de très bonnes écoles en Belgique et de nombreux créateurs issus de ces écoles, il faut en profiter ! »
- Se connaître et rester cohérent. Lancer sa marque, c’est s’exposer. Les gens vont juger ce que l’on fait, et c’est normal. Certains aimeront, d’autres pas et il faut savoir se détacher du produit pour écouter les critiques et s’améliorer. Mais il faut pouvoir faire le tri et rester cohérent à l’univers de la marque.
- Penser éthique. «En 2020, ce serait absolument absurde de lancer un projet vide d’éthique. » Selon Charlotte, chaque entrepreneur doit trouver des valeurs qui lui sont propres et s’y tenir. De son côté, elle a choisi de n’utiliser que des matières rachetées dans les stocks oubliés des grandes Maisons. Le but est d’exploiter des étoffes de haute qualité tout en limitant le gaspillage dans le milieu de luxe.
- Bien s’entourer. Si Charlotte a décidé de lancer son projet seule, la présence de ses proches lui est essentielle. « Le quotidien d’indépendante n’est pas évident. Il faut pouvoir demander l’avis des personnes en qui nous avons confiance et surtout vider son sac de temps en temps. Il ne faut pas oublier que nos proches sont nos plus grands fans, mais aussi nos premiers clients. »
- Persévérer. « J’étais loin du profil type de l’élève de La Cambre ; je sortais d’une école avec un uniforme du Brabant Wallon et j’étais très scolaire. J’ai passé l’examen d’entrée deux fois et j’ai refais ma première année. Ce début difficile m’a permis de me sortir de mon cocon très formaté. » Une ouverture d’esprit qui est nécessaire dans le contexte actuel qui est tout sauf favorable pour lancer un projet.
Business is the key
Le côté business est tout aussi important que l’aspect créatif. "Avant de se lancer, il faut avoir une vue panoramique de l’entreprise », conseille Ann Berten, responsable des finances de la marque de bijoux anversoise Wouters & Hendrix et professeure universitaire en gestion financière à l'Antwerp Management School (AMS). L'objectif est de pouvoir vivre de ses créations et même d'avoir l'ambition de se développer en tant qu'entreprise. Pour cela, il faut bien se préparer en faisant des recherches sur votre clientèle cible et les marchés potentiels, analyser la concurrence et développer ses connaissances en matière de prix de vente.
Selon l’experte, établir un budget réaliste est primordial. Il devra permettre de payer tous les coûts nécessaires (fournisseurs, indépendants, transports,…) et de survivre les deux premières années. « Si vous voulez vous concentrer sur la dimension créative du projet, il vous faut trouver un business partner fiable ou contacter les institutions adéquates », recommande Ann Berten. En Belgique, le choix se porte habituellement sur la Flanders DC, MAD Brussels ou encore Antwerp Management School.
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