Laetitia Van Hove a 35 ans et elle gère la com’ des plus grosses pointures de la musique. De Lomepal à Agar Agar, de Angèle à Yseult, la passionnée de musique compte dans ses rangs des mastodontes comme des artistes en pleine ascension. Portrait d’une passionnée.

Attachée de presse, organisatrice d’événements et mère de trois enfants, Laetitia Van Hove multiplie les casquettes. Celle qui s’est immergée depuis toute jeune dans le secteur de la musique crée son agence de presse Five Oh en 2015. Parallèlement, elle organise les Fifty Session, des mini-concerts mettant en avant des jeunes musiciens belges et internationaux. Façon afterwork, les concerts se présentent sous la forme de showcases gratuits et uniquement sur invitation. Au programme ? 50% de belge et 50% d’international. Chacun joue 25 minutes devant un public d’avertis, de blogueurs, de journalistes ou de simples amoureux de la musique. Un concept qui claque tellement qu’il s’est aujourd’hui exporté à Paris !

Qui es-tu ? Peux-tu revenir sur ton parcours ?

Je m’appelle Laetitia Van Hove et je suis attachée de presse dans le secteur de la musique. J’ai commencé des études de marketing et de gestion à l’EPHEC en sachant déjà que je voulais travailler dans le milieu. J’ai ensuite suivi un stage chez Warner Music puis j’ai décroché un premier job chez EMI où j’ai eu la chance de rencontrer des artistes très différents (Coldplay, David Guetta, Julien Clerc, Alain Souchon, Indochine,…). Je suis ensuite partie travailler pour un petit label indépendant à Paris, qui m’a vraiment ouvert les yeux sur le business de la musique dans son ensemble. Je faisais du management, de la promo, du label,… C’est là-bas que j’ai appris à comprendre ce dont un artiste avait réellement besoin pour se développer. Puis je suis tombée enceinte et je suis rentrée à Bruxelles. C’est à ce moment-là que Five Oh est né.

Five Oh, c’est quoi ?

Five Oh, c’est une agence de presse spécialisée dans la musique qui joue aussi un rôle d’accompagnement et de conseils artistiques. On encadre les artistes de A à Z en leur fournissant aussi bien des conseils de com’ sur les réseaux et du  community management qu’en assurant leur couverture dans l’actualité pour les faire connaître du grand public. On les aide aussi à développer leur image.

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Mon moteur, c’est de travailler au coup de coeur. Le plus important, c’est l’honnêteté.

Quelle est ta philosophie ?

Mon moteur, c’est de travailler au coup de coeur. Le plus important c’est l’honnêteté. Je pense que si tu veux être efficace, tu dois être convaincu à 100%. Quand tu es indépendant, ça implique tellement ta personne que tu ne peux tout simplement pas mal faire les choses. Tu veux tout défoncer pour chaque contrat que tu signes ! En tout cas c’est comme ça que je fonctionne. Puis c’est aussi important pour la notoriété de la boîte. Les journalistes connaissent notre exigence, du coup ils nous font confiance.

Comment repères-tu les talents ?

Au feeling. La première chose qu’on demande quand on fait appel à nous c’est : “Est-ce que tu peux envoyer ta musique ?”. Toute l’équipe l’écoute et on débriefe. Après 15 ans dans le métier, tu commences à développer un savoir-faire. Est-ce que ça me touche ? Est-ce que c’est honnête ? Est-ce que ça va fonctionner ? Je sais exactement ce qui va passer en radio, ce qu’un journaliste va prendre facilement, ou les projets qui vont moins attirer les médias… Encore une fois, c’est du feeling, du coup de coeur. On est aussi tout le temps sur les festivals et les concerts pour voir ce qui se fait de nouveau.

D’où vient ton amour pour la musique ?

Je pense que je me suis créé seule cet amour-là. Je n’ai pas grandi dans une famille de musiciens, mes parents n’étaient pas de grands mélomanes. D’ailleurs, ils ne l’étaient pas du tout (rire). Je ne comprenais pas comment la musique n’était pas plus présente dans la maison. Du coup, dès l’école, j’ai commencé à m’y intéresser et à écouter pas mal de choses.

C’est un très petit monde la musique, et je me suis battue pour y faire ma place. Si on fermait la porte, je passais par la fenêtre. J’ai été la première stagiaire chez Warner à seulement 23 ans. J’ai dû faire mon chemin dans un secteur qui n’était pas vraiment réservé aux femmes.

 

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Tu observes une évolution de la place de la femme dans l’industrie de la musique ?

Oui ! C’est hyper encourageant de voir qu’il y a énormément de femmes par rapport à il y a 15 ans. Enfin, je dis énormément, mais il y en a encore trop peu bien sûr. Elles sont en train d’arriver avec des idées et un background hyper chouettes et variés. Il n’y a qu’à voir chez les chanteuses ! Lous and The Yakuza ou Angèle apportent un message fort dans le paysage musical féminin, qui invite le sexisme à se taire. Elles font bouger les mentalités. Sans parler des femmes rédac chefs de magazines de musique, les femmes photographes, les réalisatrices de clip,…

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C’est un très petit monde la musique, et je me suis battue pour y faire ma place. Si on fermait la porte, je passais par la fenêtre !

L’équipe est elle aussi très féminine.

Oui, nous ne sommes que des femmes ! Le seul homme de la bande est parti il y a deux mois. Ce n’est pas qu’un choix arbitraire, puisque je reçois étrangement plus de CV féminins que masculins. L’équipe est ultra polyvalente, c’est ce qui me plaît. Il y a la partie Five Oh avec la communication des artistes, les concerts chaque mois avec Fifty Session, le festival de musique Fifty Lab et même Fifty Oh France maintenant.

Avec tous ces projets, tu parviens à voir le bout ?

J’ai trois enfants à la maison, alors parfois je dois activer le mode warrior (rire). Mais c’est une boîte où on se marre, c’est un vrai plaisir d’aller travailler tous les matins, ça aide. Five Oh c’est une famille, c’est un travail d’équipe, ce n’est pas que moi en tant que boss. On crée aussi des liens solides avec les artistes. Notre gros plus, c’est que notre agence de presse opère sur toute la Belgique, aussi bien francophone que néerlandophone. On gère tout le territoire mais on opère toujours dans un esprit commun.

D’où t’es venue l’idée des Fifty Session, organisées chaque mois à Bruxelles ?

Quand j’ai monté ma boîte, je m’occupais d’artistes émergents. C’était parfois très compliqué de leur obtenir une couverture car les médias veulent généralement des grandes pointures en couverture. Je voulais mettre ces artistes émergents en valeur, d’où l’idée de concerts organisés en collaboration avec des médias partenaires organisateurs (BRUZZ, Pure FM, Les Inrockuptibles, Le Soir, ELLE Belgique,…). Ces médias s’engagent ainsi à mettre ces artistes en avant. Aujourd’hui, Fifty Session est devenu un gage de qualité, car on a des artistes qui ont vraiment explosé après leur passage chez nous. On prend tous les styles musicaux : pop, rock, electro, rap, R’n’B,… On ne s’arrête pas à un style précis, seule la qualité compte.

Un concept qui s’exporte désormais à Paris ?

On a organisé deux Fifty à Paris. On avait réuni la rappeuse française Chilla avec Morad qu’on a fait venir d’Espagne où il est super célèbre. C’était son tout premier show en France. Ce sont de belles histoires !

L’artiste que tu as aidé à faire connaître dont tu es la plus fière ?

Loyle Carner, lui je l’avais adoré sur scène. Il y a aussi Agar Agar qui a été une de nos toutes premières Sessions, mais aussi Coely, Tamino, L’Impératrice,… Le rappeur qui va exploser pour moi cette année c’est Frenetik. Il vient d’arriver et il va cartonner.

 

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Tu préfères t’occuper d’une pointure comme Angèle ou d’un artiste qui vient de sortir son premier EP ?

Franchement, je serais incapable de dire ce que je préfère, c’est totalement différent. Avec Angèle, on s’éclate et on fait des choses incroyables. Quand je l’accompagne en promo, je ressors vraiment grandie. Elle incarne une jeunesse hyper intelligente et forte. De l’autre côté, un artiste en découverte totale, c’est tout un travail depuis la base. Il y a une énergie, une excitation et des paillettes dans ses yeux, c’est assez entraînant aussi.

La principale difficulté du métier ?

Un des challenges que je me mets, c’est la lutte contre les discriminations. Une des principales difficultés est d’arriver à sortir des stéréotypes raciaux et sexistes. Il y a encore un énorme travail à faire là-dessus, surtout dans les médias. Notre métier en tant qu’attaché de presse, avec tous les artistes qui défendent ces valeurs-là, c’est de rester alerte, de relayer quand il se passe quelque chose, de ne rien laisser passer. C’est à la fois une difficulté et un combat.

Ta meilleure expérience musicale ?

Un de mes derniers concerts, c’est FKA Twigs au Cirque Royal. C’est une des plus grosses claques que je me suis prise de ma vie. C’est simple, je pleurais pendant le concert. Elle danse, elle chante. C’est lyrique et original en même temps. C’est une artiste qui propose une expérience musicale et visuelle tout simplement incroyable.

Les trois artistes que tu écoutes en boucle en ce moment ?

  1. Juicy J
  2. David Numwami
  3. Iliona

Après le concert dans une boule de l’Atomium, quel est le projet le plus fou que tu aimerais réaliser ?

On peut rêver ? Alors une Fifty Session dans Central Park à New York avec Kendrick Lamar,… non Megan De Stallion ! Avec en artiste belge Iliona ou Lous and The Yakuza et en artiste locale Kali Uchis.

 

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Un conseil à quelqu’un qui souhaite entreprendre, où se lancer en tant qu’attaché(e) de presse ?

Ne rien lâcher. Développer une faculté à s’adapter et bien comprendre de qui tu parles, comprendre l’artiste et d’où il vient, qui sont ses fans, qui aimerait écouter sa musique. Ne pas essayer de toucher à quelque chose qui n’est pas à toi. Et surtout savoir à qui tu t’adresses, en fonction du média ou du public auquel tu as affaire.

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