Elle est l’une des papesses de la décoration Made in Belgium. A la frontière entre art et design, les créations de Marie Michielssen font le buzz dans les plus belles boutiques à travers le monde, notamment Serax. Rencontre chez elle, à Berchem.

Rencontre

Berchem, 10h30 juste après le confinement. La créatrice Marie Michielssen nous attend sur le perron de son loft anversois, un joli turban home made noué sur la tête. Une fois le seuil franchi, la magie opère… Dans le hall d’entrée peint en noir du sol au plafond, notre regard est happé par un Bram Bogart immaculé. Mais c’est derrière une porte dérobée qu’on découvre l’ampleur du lieu, ses pièces à vivre, ses plafonds vertigineux, ses espaces clairs et ouverts. « Avant d’emménager il y a deux ans dans ce château transformé en plusieurs lofts, mon mari et moi vivions dans le petit village de Brasschaat», explique Marie Michielssen. « Même si nous aimions la campagne, notre cœur est toujours resté à Anvers. Maintenant que les enfants sont grands, revenir y vivre était évident. L’énergie créative de la ville est vitale pour moi et mon travail. »

À gauche, le loft Anversois dans lequel vit la créatrice Marie Michielssen, à droite, son portrait © Justin Paquay

Love & Success-story 

Diplômée en arts graphiques, Marie Michielssen fonde sa propre entreprise en 1995. À l’époque, elle repeint et patine d’anciens pots de fleurs dans la cuisine de son studio pour en faire des objets décoratifs au cachet unique. Cherchant un grossiste susceptible de distribuer sa collection, elle fait alors la connaissance de son futur mari, Axel Van den Bossche, et de sa société Serax. La suite est une « love et succes-story » à la vie comme à la scène. « Même si je dessine et conçois des objets pour Serax depuis plus de 20 ans, j’ai toujours voulu rester indépendante. La liberté est nécessaire pour créer. Actuellement, je suis en train de travailler sur un paravent pour les boutiques Natan sous mon propre label. »

Telle une sculpture, la lampe Earth de Marie Michielssen trône dans une des alcôves de la piscine couverte de ce château rénové et réaménagé en loft contemporain. © Justin Paquay

La diversité comme crédo 

Pour Serax, elle imagine deux collections par an, composées principalement de pots et de petits objets, avec toujours cette idée de proposer des choses éclectiques: « J’aime la diversité, tant dans le style que pour l’emploi des matières et des couleurs. Qu’il s’agisse de papier mâché, de béton ou de porcelaine, de teintes naturelles ou plus éclatantes, d’architecture vintage ou primitive, chaque collection est très différente. » En témoigne sa série en papier mâché : « J’ai créé cette collection de manière très instinctive. Son caractère artisanal et fait main provoque chez moi une émotion particulière. Comme un retour aux sources. »

À 55 ans, je suis prête à créer des pièces plus conséquentes », nous confie-t-elle. Comme cette table à manger ronde en bois massif sur laquelle on déjeune ensemble ce jour-là et en « toute simplicité » dans de la vaisselle signée Vincent Van Duysen. « Je suis passionnée par mon métier mais je suis restée dans l’ombre pendant longtemps… Maman de quatre garçons, dont le dernier à 16 ans, j’ai consacré une grande partie de ma vie à ma famille. Sans regret ! Mais maintenant qu’ils sont grands, il est temps de penser à moi. »

À gauche: L’ancien château abrite aujourd’hui plusieurs lofts. Celui de Marie Michielssen et Axel Van den Bossche est remarquable avec ses espaces ouverts et lumineux et ses plafonds étonnamment hauts. À droite: L’intérieur du loft sert aussi d’essai pour les nouveaux objets créés : “dans chaque pièce, nous plaçons des prototypes pour voir comment ils s’intègrent dans notre vie” confie Marie Michielssen.© Justin Paquay

Une de ses passions ? Dénicher et rencontrer des talents inspirants pour brainstormer sur des futures collections. Ann Demeulemeester, Bea Mombaers et Veerle Wenes font partie de l’écurie Serax qu’elle plébiscite et dont elle admire le travail, la vision et le sens de l’esthétisme. C’est d’ailleurs grâce à ses collab’ avec les talents belges et internationaux les plus pointus du moment et ses 4.000 références distribuées dans le monde entier que Serax a su s’imposer comme un des leaders de la décoration d’intérieur. Résultat ? Pas un restaurant ou hôtel branché n’affiche sur sa table la vaisselle et verrerie du label anversois. Il est donc logique que chez Marie et Axel, tout soit beau, réfléchi, pensé et choisi avec soin (même le panier à linge)…

Composée de pots de fleurs, de vases et d’une lampe en papier mâché, la collection Earth de Marie Michielssen oscille entre design et sculpture. « Le papier mâché me permet un mode de création libre et organique. De plus, ce matériau génère un résultat particulièrement tactile », explique la créatrice. Afin de garantir leur étanchéité, les vases sont dotés d’une couche de fibre à l’intérieur. Un best-seller. © Justin Paquay

Les pièces maîtresses du label Serax et bien sûr les propres créations de la maîtresse de maison sont savamment disposées ici et là. « Nous utilisons régulièrement notre loft comme une sorte de ‘‘test case’’. On installe des prototypes dans chaque pièce pour voir ce qu’ils donnent, comment nous vivons avec eux, s’il manque quelque chose ou s’il faut remplacer un truc avant de les lancer en production. J’adore les prototypes car ce sont des pièces uniques. Ils représentent l’idée originale de l’artiste. »

Family story

Les frères Serge et Axel Van den Bossche ont fondé Serax en 1986, la baptisant des premières lettres de leurs prénoms, «Ser» et «Ax». Mais la véritable initiatrice de cette aventure fut leur mère qui, dans les années 70, commercialisait des petits pots de fleurs en cuivre fabriqués de façon artisanale. Et si, en une trentaine d’années, la petite société est devenue une multinationale, elle a su rester familiale…

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