Pour changer un peu des séries ultra régressives (même si on les adore hein, soyons claires), on a ce qu'il vous faut : Pretend It's A City.
Le 8 janvier 2020, Netflix dévoilait sa toute nouvelle série réalisée ni plus ni moins par Monsieur Scrosese himself. En tête d'affiche ? Fran Lebowitz, icône littéraire de l'élite intellectuelle new-yorkaise mais surtout râleuse professionnelle. Celle qui a vécu quasiment toute sa vie dans la Grosse Pomme nous conte avec une passion mêlée de dépit le New-York des années 70.
La série documentaire, découpée en sept épisodes d'une trentaine de minutes chacun, nous présente cette personnalité haute en couleur, tour à tour drôle, acide, surprenante et accidentellement tendre. Au-delà de nous dévoiler la personnalité de Fran Lebowitz et son franc-parler légendaire - d'ailleurs quasiment inconnus en Europe - la série se présente surtout comme un hommage à la ville de New-York. Plus concrètement, voici trois bonnes raisons de sauter sur cette nouvelle série Netflix.
1. Pour tomber amoureux/se de New-York
Tournée juste avant la pandémie, Pretend It's a City (VF : Si c'était une ville) nous offre un plongeon à la fois poétique et acide dans la ville qui ne dort jamais. À travers les digressions de l'une de ses plus fidèles représentantes, Martin Scorsese tente de nous faire vivre New York, de nous faire respirer New York, de nous faire adorer et détester New York. Qui a mieux connu la Grosse Pomme en effet que la scrutatrice Fran Lebowitz ? Celle que l’on surnomme la Dorothy Parker des temps modernes y emménage dans les années 70. Depuis, elle y a arpenté ses bouches de métro meurtries comme ses trottoirs gravés de plaques commémoratives dorées – qu’elle adore – comme personne. Avec surprise, on découvre également qu'elle y a côtoyé tout le gratin au fil des générations, parmi eux , DiCaprio, Spike Lee, Mohamed Ali, Charles Mingus, Duke Ellington ou encore Frank Sinatra.
« À New York, il y a des millions de personnes. Et je suis la seule à regarder où elle va ».
2. Pour goûter au génie de Scorsese
« Martin Scorsese presents », apparaît en lettres blanches sur fond noir au début de chaque épisode. Car même si Fran Lebowitz tient la vedette, impossible d'oublier qui se trouve derrière la caméra. Malgré son aspect de série documentaire, Pretend It’s a City, par sa forme et par son esthétique, aurait presque des airs de vieux films hollywoodiens. Les réminiscences de Lebowitz, sur fond de jazz et le plus souvent au travers de séquences dans les rues de Manhattan, sont illustrées par Scorsese avec des images d’archives tantôt anecdotiques, tantôt puissantes, comme un effort du réalisateur pour faire ressusciter, entre deux dialogues, le passé à l’écran ; du Studio 54 au défilé des macs lors de la première rencontre entre Mohamed Ali et Joe Frazier.
"Un baume dans ce monde en pleine mutation", écrit The New Yorker à propos de la série, concernant la représentation de New York avant la pandémie. Pour CNN, ces images méritent même d'être "enregistrées pour la postérité". Interrogé par Rolling Stone, Scorsese déclare quant à lui : "Je voulais faire quelque chose de différent, et j'ai trouvé que ces documentaires étaient un endroit où je pouvais briser la forme. Vous savez, cette idée de séparer les choses et de voir jusqu'où on va. C'est comme contrôler un solo de jazz improvisé, ou une colorature à l'opéra - vous voyez jusqu'où vous pouvez digresser, avant de retomber dans le récit"
3. Pour ranger au tiroir le politiquement correct
Fran Lebowitz ne cherche pas à plaire, au contraire, elle dit ce qu'elle pense. Sans langue de bois. Sans faux-semblants. Pour elle, il y a toujours un moyen de questionner, de rétorquer, de changer sa pensée. Pas question de choisir son clan idéologique. Dans l'un des derniers épisodes, elle va même jusqu'à déclarer avec son culot légendaire, face à un Spike Lee médusé : « j’adore Mohamed Ali, le problème c’est qu’il boxe ».
Le monologue lui va très bien, et l'avis de l'autre ne l'intéresse pas forcément. Avec ses grandes lunettes et son éternelle veste de costume trop large, même son style fait mouche. Et pourtant elle ne s'en soucie guère. Son champ d'action lui aussi n'est pas parfaitement clair, elle oscille entre le statut d'écrivaine, de satiriste, d'humoriste de talk-shows,... Pourquoi choisir un clan, à nouveau ?
Car, au-delà d'une promenade dans le New-York d'aujourd'hui et d'avant, ce sont surtout de profonds questionnements sur la société que nous propose Scorsese, abordés sur le ton de l'humour mais qui n'en restent pas moins profondément dérangeants. Fran Lebowitz conte l’évolution de la ville et des moeurs depuis les seventies : du mouvement #MeToo à l’apparition des nouvelles technologies. Avec nostalgie, elle déclare à double sens : « À New York, il y a des millions de personnes. Et je suis la seule à regarder où elle va »...
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