Créatrice de mode aux inspirations assumées, Sarah de Saint Hubert a créé sa marque éponyme il y a bientôt 2 ans, mêlant musique, liberté et sensibilité.
Pouvez-vous nous parler de vous et de votre histoire ?
J'ai grandi en Belgique mais j’ai passé beaucoup de temps en France, j’aime beaucoup cette culture. J’ai évolué dans un milieu assez masculin, avec deux frères. Mon père est dans l’automobile, ma mère est très féminine. Tout cela m’a construit, avec des influences masculines, sportives et surtout indépendantes. Quant à moi, je suis assez discrète, parfois mélancolique. J’ai 2 enfants. Je suis très sensible à l’esthétique, à la beauté en général. Je fais du dessin depuis mes 5 ans et je suis une grande fan de musique depuis petite. Je suis très sensible à toutes les disciplines artistiques. Je peux écouter aussi bien du rock, que du Chopin ou du raggae.
Pouvez-vous nous parler de votre formation et votre vie professionnelle ?
Je suis entrée à l’Académie d’Anvers à mes 17 ans. Je venais de Bruxelles, alors c’était un grand changement pour moi que de vivre dans une autre ville avec une autre langue. J’ai fait 4 ans d’études là-bas, c’était difficile car on n’a pas vraiment de vie en dehors mais j’ai vraiment pu exploré qui j’étais. Malgré une proposition professionnelle de la créatrice Ann Demeulemeester, je suis partie à Paris pour réaliser mon premier stage chez Givenchy en Haute Couture. Puis, je suis aller travailler quelques mois en Italie chez Alberta Ferreti.
Enfin, je suis rentrée à Bruxelles et j’ai recontacté Ann Demeulemeester. J’ai donc travaillé 4 ans avec elle en tant qu’assistante. J’ai vraiment eu à ce moment-là une vision globale de tous les process d’une marque. C’était une super expérience mais j’ai eu besoin de faire un break. Alors pendant 9 mois, je faisais de la musique avec mon compagnon Rafael. Ensuite, j’ai travaillé pendant 8 ans chez Kipling, au sein des collections cuir et mode mais j’avais besoin d’être plus stimulée créativement parlant, alors j’ai travaillé avec An Vandevorst, pendant 1 an et demi. Enfin, j’ai pensé à créer ma propre marque et à me lancer sans trop savoir en 2018.
Comment votre marque éponyme a t’elle pris forme ?
J’ai d’abord fait un moodboard mais tout coulait de source. Le projet avait longuement maturé dans ma tête. Le processus de préparation a quand même bien duré 1 an. La marque a réellement été lancée en mars 2019, avec une première collection focalisée sur le jersey. Je me suis dit que pour une première collection ça allait être plus compliqué de sortir un vestiaire complet. C’était mon premier exercice.
Comment définir la marque Sarah de Saint Hubert ?
Il y a un vrai côté tailoring avec des vestes et des manteaux. Je suis fan de ces pièces-là. J’aime aussi le côté classique du costume et surtout j’aime énormément l’aspect boyish chez la femme. J’estime qu’il n’y a pas qu’un côté délicat et girly, il faut aussi une part de masculin. Aussi, il y a un héritage très français, avec un grand raffinement et de la délicatesse. Je fais attention aux finitions, il y a un petit côté couture. Enfin, il y a un aspect rock et grunge assumé dans mes créations. Je suis une grande fan de Kurt Cobain et des Rolling Stones. J’essaye d’insuffler une vibe de liberté dans ma marque.
Y’a t’il un message que vous souhaitez faire passer ?
Ce serait “FOLLOW YOUR WILD LOVE”, c’est-à-dire avoir la démarche authentique de suivre ses rêves, son instinct. C’est ce que je fais pour moi et j’invite les autres à faire de même.
Quelle est la place de la Belgique dans vos créations ?
La mode belge n’est pas toujours épurée mais il y a une certaine rigueur dans mes pièces avec un côté plus anversois différent de Bruxelles. Il y a de la pureté dans les lignes, une grande exigence dans la qualité. Il y a aussi un côté architectural, avec beaucoup de structure.
Pouvez-vous nous parler de la confection de vos pièces et des matières utilisées ?
J’aime les matières naturelles, comme le coton, la viscose, la laine… Je fais attention à l’éthique et à l’écologie pour la confection de mes pièces. La tracabilité est sous contrôle. Les matières proviennent d’Italie et je travaille avec le Portugal pour la confection. Il y a une vraie proximité avec les ateliers. La dimension humaine est très importante pour moi, que ce soit avec l’équipe belge ou les ateliers du Portugal.
Pouvez-vous nous donner 3 mots pour définir Sarah de Saint Hubert ?
Rock, timeless et boyish.
Quels sont vos 5 essentiels mode ?
Un débardeur ANNET de ma collection, un hoodie IAN de ma collection, un jean Levi’s, un manteau CARA de ma collection et une paire de Stan Smith ou de boots Sartore type santiags. J’aime les classiques et les pièces intemporelles qui durent dans le temps, qui sont de bonne qualité et surtout combinables “day or night”.
Qui sont vos icônes mode ?
Il y a toute la famille Gainsbourg, de Serge Gainsbourg, à Jane Birkin en passant par Lou Doillon. C’est une famille très inspirante. Aussi, il y a Kurt Cobain qui est une grande icône pour moi. Et bien sûr, Yves Saint Laurent. Enfin, il y a Hedi Slimane avec son univers edgy et rock.
Le Covid-19 a t’il impacté votre marque ?
Pendant le premier confinement, j’ai levé le pied car je ne trouvais pas ça juste de parler de mode dans cette situation. J’ai beaucoup réfléchi et j’ai continué à grandir. Finalement, la crise ne m’a pas trop impactée en terme de vente et de processus. J’ai surtout décidé de mettre un point d’honneur aux ventes digitales. J’ai essayé de dépenser le moins possible en trouvant des solutions. J’ai vraiment développé des ressources insoupconnées. J’ai mis en avant le côté humain. Plein de belles choses sont venues à moi.
Quels sont vos projets pour Sarah de Saint Hubert ?
J’aimerais beaucoup intégrer ma passion pour la musique à ma marque. J’ai déjà commencé en créant un morceau pour chaque campagne avec mon compagnon. On aimerait faire ça pour chaque collection, avec un morceau et un clip. Je veux aussi continuer de structurer ma société. Je réfléchi à gagner en autonomie et à m’affranchir des calendriers de la mode. J’ai envie d’avoir mon propre mode de fonctionnement. Enfin, j’aimerai beaucoup faire des collabs et des collections capsule. Je veux vraiment continuer d’insuffler une philosophie et un message avec ma marque.
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