On n’a pas vu arriver les pièces en fils ténus, tant on s’était habitués à se couvrir de molleton jusqu’au menton. Mais si on y réfléchit, la résille respire et laisse l’air caresser la peau. C’est pour ça que dès le printemps, on va se lâcher sur le filet. Qui pourra résister à la résille ?
Comment porter la résille ?
Il y a longtemps qu’elle n’était plus vraiment sulfureuse, tant elle était passé dans les mœurs mode, à la faveur d’un galvaudage post-punk. Mais voir réapparaître la résille dans les collections d’une société qui a perdu l’habitude – mais pas le goût – de se parer et de s’aérer, c’est quasi un signal de subversion retrouvée. Oui, on peut en avoir marre des bas de joggings en velours, même griffés. Et oui, après des mois de courbes abandonnées, on a le droit de fantasmer sur de la géométrie.
La robe « fishnet » (filet de pêche) se fond sur toutes les silhouettes, et s’adapte virtuellement à tous types de pièces, du moment qu’on développe un peu d’imagination (et de culot). Sur une chemise, elle redessine les lignes et redéfinit les codes du tailleur. Ajustée sur une robe toute simple elle dramatise et galbe, enfilée par-dessus un jean, elle trompe-l’œil et devient ludique.
La résille déploie sur l’été une sensualité qui nous a forcément manqué, quand trop de confort a pu saborder nos efforts d’imagination. La mode colle à la peau et à l’époque, et ce plaisir s’attrape au filet. C’est une guipure, pardon, une piqure de rappel.