Lena Onkelinx est une entrepreneure belge de 27 ans. Dans le domaine de la mode depuis toujours, elle a créé MAE concept, son propre e-shop prônant la slow fashion. Rencontre.

Juste après avoir terminé ses études, Lena Onkelinx lance son propre business : un e-shop multimarques qui propose des pièces écoresponsables et prône la slow fashion. À côté de MAE concept, la jeune entrepreneure de 27 ans travaille en tant que responsable manager pour une marque de mode allemande, mais elle se consacrera bientôt à 100% à son e-shop.

Quel est ton background académique ?

J’ai étudié le marketing de gestion d’entreprise et j’ai ensuite obtenu un master en communication d’entreprise. Pour mon master, j’ai réalisé une thèse sur les influenceurs dans le monde de la mode. J’ai également eu l’opportunité d’étudier une demi année en France. À côté de ça, j’ai aussi suivi un cours de stylisme d’intérieur. Le design d’intérieur et la mode ont toujours été mes deux grandes passions et ces domaines sont étroitement liés.

D’où vient ton attrait pour la mode ?

La passion a toujours été là. Enfant, j’avais l’habitude de faire des stages d’été dédiés à la mode pendant lesquels je créais mes propres pièces. En tant qu’étudiante, j’ai également travaillé dans différents magasins de vêtements. Et pendant ce temps-là, je fabriquais et vendais  également mes propres accessoires.

MAE concept, c’est quoi exactement ?

MAE est un concept de mode multimarques en ligne. Je préfère utiliser le mot “concept”, car c’est beaucoup plus qu’une boutique en ligne. Je veux en faire plus que juste vendre quelque chose. Je le vois aussi comme une plateforme, une communauté, une motivation et une source d’inspiration.

Chez MAE, nous choisissons l’intemporel, la qualité, le confort et l’élégance. Nous voulons faire en sorte que les femmes aiment leurs vêtements et considèrent qu’ils contribuent à renforcer leur personnalité et à les faire sortir du lot. Les vêtements doivent faciliter notre vie quotidienne. Nous vendons des vêtements, mais également des articles de décoration design et des bijoux confectionnés par des artistes locaux. Des pièces conçues pour durer.

Nous avons deux objectifs principaux : la première est de créer une prise de conscience. La deuxième, d’offrir une expérience d’achat personnalisée et de stimuler une décision d’achat consciente de la part des clientes.

 

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Qu’est-ce qui t’as poussé à lancer MAE concept ?

J’ai la fièvre entrepreneuriale depuis très longtemps. J’avais tellement envie de “créer quelque chose”, mais je ne savais pas exactement ce que je voulais faire. Quelque chose m’a toujours empêché de me lancer dans la mode, car la concurrence est énorme et je voulais faire les choses différemment. J’ai fini par comprendre que je devais rester fidèle à moi-même.

J’ai essayé de traduire mon idée en un concept qui correspond à cette vision que j’ai du monde la mode. J’ai opté pour un concept en ligne car je pense que le commerce électronique belge a un grand potentiel. Je considère que c’est un défi de traduire l’expérience personnelle et le service du shopping hors ligne en une expérience en ligne. Il est aussi plus facile de communiquer mon message à un public plus large. J’ai l’envie profonde d’ apporter un réel changement.

Quelles sont les valeurs écoresponsables de ton entreprise ?

Certaines entreprises proposent une collection “conscious” dans laquelle elles utilisent des matériaux durables, mais l’ensemble de leur modèle économique est axé sur la fast fashion et la surproduction/consommation, ce qui constitue le plus gros problème de cette industrie polluante. Je pense qu’il faut changer les mentalités et c’est sur cet aspect que je me concentre avec MAE : passer d’une garde-robe surchargée de vêtements bon marché, sensibles aux tendances et de mauvaise qualité à une garde-robe composée de pièces essentielles, de qualité et de valeur que nous aimons vraiment porter et qui correspondent à notre style de vie.

MAE n’est pas encore 100% durable, mais une grande partie des collections est faite de matériaux durables, que j’indique désormais par un label spécifique sur le site web. Les collections proviennent toutes de marques européennes qui fabriquent des vêtements intemporels et s’efforcent de rendre leur marque plus durable. Des marques qui effectuent des contrôles dans leurs usines et attachent de l’importance à des conditions de travail saines. Je ne veux donc pas utiliser la “durabilité” comme un outil publicitaire, car il est presque impossible d’être à 100 % durable.

Notre communication est donc axée sur le changement d’état d’esprit et la volonté de prise de conscience. Revenir à l’essentiel et acheter plus consciemment : moins, mais mieux !

 

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Comment as-tu été sensibilisée aux questions liées à l’environnement ?

Lorsque j’étais adolescente, j’ achetais un nouvel article pour chaque événement. Souvent, il s’agissait d’un achat compulsif que je ne portais qu’une fois, dans lequel je ne me sentais pas bien et que je ne portais plus jamais. On se  retrouve rapidement avec une garde-robe qui ne reflète pas la personne que nous sommes et on ne sait jamais quoi porter. Au final, on finit toujours par opter pour les mêmes vêtements : ceux qui nous font du bien. Alors pourquoi ne pas acheter moins, mais de qualité ? C’est un vrai changement d’état d’esprit, la fierté de dépenser plus pour un article de qualité plus cher, produit de manière honnête et pour lequel tout le monde a été payé équitablement.

Quand je fais du shopping, je regarde les étiquettes des vêtements et j’ai toujours été très sensible à la qualité des tissus. Pendant des années, j’ai lu différents livres sur l’écoresponsabilité pour en savoir plus et je pense que c’est ce qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur les travers de la mode et son impact environnemental.

D’après ton expérience, quelles sont les limites de la mode éthique ?

Ce qui me préoccupe le plus dans l’industrie de la mode, ce sont les conditions de travail des ouvriers. Il devient extrêmement difficile pour les détaillants de contrôler les conditions de production. Par exemple, une étiquette indique souvent “fabriqué en Belgique” alors que seule une petite partie de la finition du produit est effectuée en Belgique. Il reste très difficile de rendre l’ensemble du processus transparent.

Quel est ton plus gros challenge avec MAE concept ?

Le plus difficile, c’est de trouver des fournisseurs qui sont 100% ouverts et sincères, 100% durables dans tous les domaines et qui correspondent à mon style. La durabilité est souvent synonyme de prix plus élevés ou de marges plus faibles pour les revendeurs. Pour moi, l’objectif prime sur le profit, mais il faut quand même en vivre. Je trouve qu’il est également difficile de ne pas proposer des prix trop élevés aux consommateurs.

J’ai aussi peur de ne pas être bien comprise. C’est important pour moi de travailler à partir de ma propre vision, mais je ne veux pas prétendre être 100% durable car ce n’est pas toujours réaliste. Je veux travailler sur l’état d’esprit de la slow fashion et aider les gens à faire de même, ce qui est un grand défi. Le développement durable est vraiment quelque chose de complexe. Mon expérience m’a appris que de nombreuses marques, qui se débrouillent très bien dans le domaine du développement durable, choisissent de ne pas trop s’afficher sur ce sujet, car il est très difficile d’être parfait et cela pourrait nuire à l’image de l’entreprise. Je ne veux pas passer pour une entreprise 100% durable car je ne le suis pas, mais j’y travaille, j’y crois et j’aspire à un avenir meilleur.

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Nous devrions encourager chaque pas imparfait vers un avenir plus durable

 

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Comment vois-tu l’avenir de la mode ?

La durabilité deviendra la norme, les consommateurs gagneront encore plus de pouvoir, les marques seront obligées d’être plus transparentes. Il y aura également beaucoup plus de productions locales et les entreprises de fast fashion seront obligées de prendre un virage radical vers la durabilité. Aussi, il y aura une expansion de la vente en ligne : de nouvelles technologies de commerce électronique pour rendre les expériences plus personnelles et une augmentation des ventes via les réseaux sociaux.

Des conseils pour consommer différemment ?

Privilégier la qualité plutôt que la quantité ! Pour éviter les achats compulsifs, il faut se poser plusieurs questions. Par exemple :  en ai-je vraiment besoin ? Puis-je le porter dans 5 tenues différentes ? S’adapte-t-il à mon style de vie ? Quand le porterais-je ? C’est également important de trouver son propre style et de ne pas se laisser influencer par ce que la société nous impose. Choisissez des vêtements dans lesquels vous vous sentez vraiment bien et entretenez mieux vos vêtements : prenez-en soin et donnez-leur une seconde vie si vous ne les portez plus.

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