Et si l’on vous disait que dans la cuisine pour bébé, seul le produit importe réellement ? Rencontre avec Angèle Ferreux-Maeght, auteure du livre “Ma cuisine naturelle pour bébé”.
La cuisine pour bébé, c’est avant tout un retour à l’essentiel. Dans ce cas, l’essentiel est le produit. Le produit brut, dans son plus simple appareil et sa plus simple expression. Tel est le point de vue d’Angèle Ferreux-Maeght, chef cuisinière et traiteur française auteure d’un livre consacré aux recettes destinées aux bébés. Rencontre.
En quoi consiste réellement la cuisine pour bébé ?
” Avant tout, pour les bébés, on doit se débarrasser de toutes nos envies d’impressionner, de faire compliqué, de faire beau et de jouer avec les matières en faisant par exemple des émulsions, des mousses, des crèmes ou des chantillys. Il faut qu’on se débarrasse de tout ça, de tout notre snobisme en fait (rires), pour arriver à une base. En somme, il faut se dénuer de toutes complications pour faire le plus simple possible. Pour ça, il y a un secret : un produit de base de grande qualité dans son plus simple appareil.”
Quelles sont justement les bases de l’alimentation pour bébé ?
“D’abord, comme je l’ai dit, il faut que le produit soit de qualité. On privilégiera les aliments bio, locaux et de saison. Ça, c’est vraiment important, premièrement, parce que c’est politique de soutenir son propre pays et son agriculture ; ensuite, parce que c’est plus économique de valoriser les circuits courts et enfin, parce que c’est bien meilleur pour la santé. La nature est très bien faite : elle nous procure exactement ce dont on a besoin quand on en a besoin. Il ne faut pas chercher à aller trop loin, à manger des tomates et des fraises en hiver par exemple, car ça n’est pas utile. Deuxièmement, il faut prendre plaisir à cuisiner. C’est pour moi l’un des aspects les plus importants, car en faisant la cuisine pour ses enfants, on transmet bien plus que de la nourriture. C’est un véritable bagage émotionnel qu’on leur donne à vie en leur montrant que la cuisine peut constituer des moments privilégiés de partage et de joie. Dès cet âge-là, il est important de leur inculquer cette conscience par rapport à la nourriture.”
Quels sont les conseils que vous pourriez donner à quelqu’un qui souhaite commencer à cuisiner pour son bébé ?
“Premièrement, comme je le mentionne dans mon livre, il n’est pas nécessaire d’acheter des ustensiles particuliers. Idéalement, il faudrait avoir un cuiseur-vapeur mais ça, c’est pareil pour toute la famille. Donc, en principe, ce qu’on a à la maison suffit amplement. Deuxièmement, l’utilisation des bonnes huiles est très importante dans l’alimentation de bébé, bien que ce soit quelque chose qu’on oublie un peu. C’est non seulement important pour nous, mais aussi pour le bébé car ce sont des acides gras essentiels qui vont aider au développement cérébral et qui vont être nécessaire pour sa croissance. Enfin, une bonne cuisson est elle aussi essentielle.”
Quels sont les aliments à privilégier quand on cuisine pour un bébé ?
“Avant tout, les légumes. Ensuite, les fruits, bien sûr. Mais aussi les légumineuses, que je placerai d’ailleurs avant les céréales. Ça regroupe les lentilles, les petits pois, les haricots, les pois et pois chiches et ça, c’est excellent pour leur santé. Pour les céréales, je conseillerai de faire goûter des céréales un peu différente comme le sarrasin, le quinoa ou encore l’épeautre. Puis, il y a aussi les super-aliments. Mais là, ça diffère vraiment de nous, dans la mesure où en tant qu’adultes, nous devrons les prendre en cure (comme les algues par exemple). Pour les enfants, ça n’est pas utile étant donné qu’ils ne sont, on l’espère, pas carencés. On leur en donnera donc uniquement en petite quantité.”
Diriez-vous qu’un enfant gardera à vie l’héritage alimentaire laissé par ses parents ?
“D’après moi, oui. Je pense vraiment qu’à cette période de l’éveil gustatif, on crée le “terreau” dans lequel les petites racines de notre alimentation vont pousser. On remarque que la plupart du temps, la cuisine de notre enfance nous rappelle des souvenirs agréables, on aime y revenir et retrouver les saveurs de la cuisine de sa mère et de sa grand-mère. C’est un cadeau à vie et il ne faut pas négliger cet aspect-là. Il n’y a d’ailleurs aucun aspect de la petite enfance à négliger. Tout va si vite, on grandit et on apprend tellement vite qu’on réalise que ces moments sont magiques et très précieux. L’alimentation en fait partie, tout comme l’univers familial, d’où l’importance de cultiver le rapport positif à la nourriture et au repas.”