Antoine Sepulchre, 40 ans, est le co-fondateur (avec Emilie de Morteuil) et le CEO de Noös Fondation, le premier réseau social francophone dédié à la santé et au bien-être mental. Rencontre.
Noös, c’est quoi au juste ?
Ma vision était d’offrir un endroit pour accueillir toutes les personnes souffrant de troubles psychiques (stress, anxiété, burnout, manque de sommeil, dépression, douleurs chroniques,) et leur permettre de trouver une communauté pour les soutenir et les inspirer.
Dans un premier temps, le visiteur peut trouver des informations relatives à la situation spécifique pour laquelle il recherche une solution. C’est une étape importante car c’est souvent le moment où la personne sort de son isolement et commence à considérer de demander de l’aide à un professionnel. Nous traitons une centaine de situations/problèmes spécifiques avec une attention particulière sur tous les problèmes féminins et liés à la famille. Le visiteur peut trouver des explications sur sa situation, des recommandations de pratiques de médecine intégrative, alternative (hypnose, yoga, sophrologie, acupuncture,...) ou complémentaire qui peuvent l’aider, une sélection de thérapeutes et praticiens, mais aussi des articles publiés par nos membres, et même des suggestions de livres et de films sur le sujet quand nous en avons à recommander.
Ensuite le patient peut choisir une des pratiques suggérées, en apprendre plus au travers du contenu, et s’il est prêt prendre directement rendez-vous avec l’un de nos membres praticiens. Nous avons voulu regrouper toutes les fonctionnalités sur la même plateforme pour faciliter le parcours de la personne à la recherche de solutions.
Nous commençons aussi à proposer des formations sur des sujets précis afin que les personnes qui s’informent puissent partager ce processus avec d’autres membres de notre communauté. La première formation qui comprendra 4 conférences et 3 workshops commencera le 27 avril et portera sur « Les 3 clés ancestrales pour se réaliser en tant que femme ». Nous avons reçu beaucoup de demandes de jeunes mamans qui nous ont partagé souffrir de la situation sanitaire et nous avons souhaité créer notre première expérience dans l’espoir de leur apporter un soutien pour les aider dans cette période difficile.
Que signifie "Noös" ?
Noös est un terme de la philosophie grecque classique qui décrivait la capacité pour l’esprit humain de comprendre ce qui est vrai ou réel. Au travers de notre vie, chacun se crée sa propre interprétation de la réalité sur base du vécu et souvent influencée par des expériences traumatiques de la petite enfance. Avec le temps, il peut arriver que certains d’entre nous s’enfoncent dans des croyances qui ne correspondent plus à la réalité dans laquelle ils évoluent. Au travers de ce processus, certaines personnes donnent trop d’importance à leurs souffrances et peuvent se retrouver coincées dans ce cycle infernal que les bouddhistes décrivent comme le Samsara, le cycle des souffrances. Tout comme les grecs, Buddha et Jésus considéraient aussi que la clé du bonheur résidait dans notre habilité à comprendre ce qui est vrai et à nous libérer de nos souffrances.
Quels sont les profils ciblés par la plateforme ?
Au départ, nous pensions plus nous diriger vers un public féminin de mères de famille entre 30 et 50 ans mais nous avons rapidement constaté un très fort intérêt de la part d’un public plus jeune. La génération de jeunes adultes s’intéresse beaucoup à sa santé et à son bien-être, et j’ai été agréablement surpris d’observer des jeunes avec un maigre budget ne pas hésiter à prioriser leur bien-être dans leurs dépenses (consultations et nutrition principalement).
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Comment fonctionne ce réseau social ?
Nous avons voulu créer un réseau social où il n’y a pas de spectateurs. Nous pensons que chacun à un rôle à jouer dans cette transition. Les praticiens et thérapeutes sont au service, mais nous souhaitons aussi encourager les personnes à partager leurs expériences afin d’inspirer d’autres personnes dans une situation similaire. Nous pensons qu’en travaillant sur cet aspect communautaire, nous pourrons permettre aux personnes dans la souffrance d’être inspirées par des personnes ayant vécu des expériences similaires. Nous travaillons actuellement avec les meilleurs chercheurs de l’UCLouvain au développement d’une solution digitale qui permettrait d’accélérer ce processus pour faire face à l’urgence de la crise sanitaire.
C’est gratuit ?
Oui, la plateforme est gratuite pour les patients et les praticiens. Notre Fondation est financée par les entreprises à qui nous mettons à disposition une version corporate de nos outils afin d’améliorer le bien-être de leurs employés. Notre objectif est de créer un écosystème régénératif qui nous permette de créer des nouveaux emplois, car dans la situation actuelle avec plus de la moitié de l’humanité qui souffre de détresse psychologique, nous sommes convaincus qu’il va falloir « une armée » d’influenceurs du bien-être pour soutenir toutes ces personnes.
À terme si nous parvenons à dégager des profits avec notre modèle -ce que j’espère-, la Fondation redistribuera ses rentrées en commençant par la mise en place de solutions pour les personnes moins favorisées qui n’ont peut-être pas accès aux soins alternatifs.
Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer Noös ?
Comme tout le monde, je me suis posé beaucoup de questions sur le réchauffement climatique et j’en suis arrivé à la conclusion qu’en fait la pollution de la planète n’était que le reflet de la pollution psychique de l’humanité. Partant de ce constat, j’ai souhaité créer une solution pour traiter le problème à la source. Je pense sincèrement que si nous pouvons aider les personnes à trouver leur sens et leur raison d’être, à se reconnecter à leur vraie nature, alors tout le monde prendra mieux soin de la planète et que notre impact pourrait être bien plus tangible que toutes les solutions que l’on essaie de forcer aux gens pour le moment. J’aime expliquer que Noös c’est aussi un projet écologique.
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La crise sanitaire était le meilleur moment pour lancer Noös ?
J’ai commencé le projet il y a deux ans et nous avons passé beaucoup de temps à étudier la meilleure approche pour apprendre aux personnes à mieux vivre avec leurs souffrances. La difficulté avec les personnes dans la souffrance, c’est de ne pas les heurter dans notre approche. C’est un sujet encore très sensible pour beaucoup de monde et il était important pour moi de prendre le temps qu’il fallait pour définir notre stratégie.
Avec la crise sanitaire, nous avons décidé d’accélérer pour apporter des solutions aux personnes qui pourraient se sentir dépassée par tout ce qui arrive. Je pense qu’il n’y a pas de meilleur momentum. La planète et l’humanité ne pourront aller bien tant que trop de personnes vivront dans la souffrance, nous avons la responsabilité de nous entraider dans cette épreuve.
Pourquoi c’est important de briser le tabou de la santé mentale ?
Les bouddhistes ont construit leur philosophie sur la croyance que le chemin de vie est douloureux, que l’on ne peut vivre une existence sans expérimenter la souffrance. Cette réalité est décrite comme Dukkha, qui signifie la douleur, la souffrance, l’insatisfaction et le mal-être. Je pense que c’est un concept que l’on devrait apprendre dès le plus âge afin de pouvoir développer l’intelligence émotionnelle nécessaire pour traverser notre chemin de vie sans nous laisser submerger par nos souffrances. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où tout va très vite, et il s’est créé un gouffre entre la technologie et son exponentialité et l’humain qui avance encore dans la linéarité. Je pense que la santé mentale est le problème le plus important auquel fait face l’humanité aujourd’hui et la source de tous nos maux finalement. La crise du Covid est temporaire, ce problème de santé mentale existe depuis des millénaires et si nous n’agissons pas nous allons probablement faire face à d’autres crises plus graves.
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