Beaucoup seraient tentés de taxer la sexualité des personnes dotées de pénis d’évidente, de facile, de bien documentée voire d’accessible comparée à celle des personnes à vagin dite plus “complexe”, multiforme et peu documentée. Pourtant, si l’on sait tout du pénis, de sa neurophysiologie, de sa taille, de ses performances, de ses dysfonctionnements et ou de ses troubles, la science semble totalement éluder une zone érogène tout aussi satisfaisante : la prostate. Comment atteindre l'orgasme prostatique ?
Pénien ou prostatique ?
Eh oui ! Alors que bon nombre d’hommes découvrent l’existence de cet organe, associé au deuxième cancer le plus diagnostiqué chez eux, ils semblent totalement en ignorer les vertus positives de sa stimulation sur leur sexualité.
En effet, souvent reléguée à une forme alternative de stimulation, réservée qui plus est aux initiés du sexe anal, la stimulation prostatique permet pourtant d’expérimenter des orgasmes fantastiques qui ne nécessitent pas nécessairement d’érection, ne mènent pas forcément à l’éjaculation et peuvent, à la manière d’un orgasme féminin, se répéter et s’enchaîner, sans période refractaire.
Alors, pourquoi si peu d’hommes semblent enclins à faire la découverte de ce Graal de la sexualité masculine ?
Premièrement, c’est sans conteste la difficulté d’accès aux informations et de partage d’expériences sur le sujet qui complique cette découverte. Il est certain que lorsque l’on tape le mot-clé “prostate” dans son moteur de recherche préféré, on navigue dans un amalgame de résultats faits de noms de pathologies - qui cristallisent le duel entre Eros et Thanatos - et de sextoys aux formes plus excentriques les uns que les autres.
Deuxièmement, cette frilosité dissimulée est en réalité associée aux stéréotypes de genre qui nourrissent une vision très patriarcale de l’homme viril qui ne devrait consentir aucune pénétration. Ce qui est cependant indéniable c’est que, lorsque l'appât de la curiosité prend le dessus, cela donne des millions de commentaires dans des forums spécialisés et tout autant de réponses faites d’expériences personnelles et de recettes très intimes pour accéder au sacro-saint super O. Le forum d’un fabricant du stimulateur prostatique le plus légendaire, à savoir Aneros, regorge de posts, recueillant quelquefois plus d’un demi-million de commentaires. Pour les francophones, c’est indéniablement le blog nvxplaisirs.fr et son guide du plaisir prostatique qui recueille le plus de visites.
Alors click-baits ou véritables forums de partage d’expériences ?
De prime abord, lorsque l’on découvre les techniques de stimulation prostatique, il semblerait que l’on aie pénétré les arcanes d’une société secrète du Super O, ou des MMO (Multiple Male Orgasms) dont les rites initiatiques n’auraient rien à envier à ceux d’une loge maçonnique. Trêve de plaisanteries ! Bien que le public, majoritairement hétérosexuel qui plus est, soit prolixe en témoignages sur ces forums, il est indubitablement reconnu que ces expériences orgasmiques se forgent à force de patience, de temps et de lâcher-prise. Autant d’ingrédients qui concourent à une forme de jouissance intarissable que les Yogis et les adeptes des doctrines du Tantra et du Yoga Kundalini plus particulièrement ont utilisé pour s’élever spirituellement, tant l’expérience peut s’avérer transcendantale.
Qu’en pense la science ?
Si les études cliniques sur les différentes pathologies dont pourrait souffrir la prostate sont légion, son impact sur la sexualité masculine est, quant à lui, peu documenté. Seules les études qui se penchent sur la préservation de la fonction érectile dans certaines interventions chirurgicales ont permis d’établir un lien entre l’innervation de celle-ci et du pénis. En effet, les deux zones érogènes partagent le plexus prostatique en guise de trait d’union. Très peu d’études ont porté sur les orgasmes obtenus par stimulation prostatique. Roy J. LEVIN, chercheur de l’Université de Sheffield a formulé des postulats qu’il serait intéressant d’approfondir. Il révèle ainsi que la glande est abondamment innervée par le système nerveux parasympathique, via les nerfs hypogastriques et pelviens, qui contribuent à construire des orgasmes puissants.
Dès lors une question évidente se pose : pourquoi les orgasmes de la prostate semblent-ils plus puissants et plus agréables que ceux induits par le pénis?
Il est maintenant admis que le cerveau humain change constamment ses propriétés fonctionnelles et structurelles en fonction de la variété des stimulis et des expériences. La littérature scientifique sur le cerveau fait référence à cela comme «la plasticité du cerveau», mais en langage vulgaire, une description courante est «le re-câblage du cerveau» (Arden, 2010). Ceux qui apprennent à éprouver des orgasmes induits par la prostate utilisent souvent ce concept, qui semble bien définir le degré de conscience et d’entraînement que la pratique exige afin d’atteindre des orgasmes très satisfaisants.
Ce qui est clair, cependant, c'est la réticence de la communauté scientifique à étudier le phénomène. Sans doute à cause du tabou autour de la pénétration anale. Pourquoi, par exemple, n'avons-nous toujours pas eu d'imagerie cérébrale des orgasmes prostatiques afin de pouvoir les comparer avec les orgasmes péniens ? La question reste tout de même à élucider afin de comprendre un énième arcane de la sexualité humaine.
Titillé.e ? Et si on passait à la pratique ?
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Adnane Kabaj est le fondateur de la boutique Lovely Sins, co-fondateur d'IntyEssentials, conférencier et "sex educator".
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