Sororité, combats et coups d’éclat. Le ELLE revient sur le destin de personnalités qui ont changé la face du monde… Qui était Rebecca Schaeffer ?
L’annonce de la mort de Rebecca fait le tour d’Hollywood. Brad Pitt, qui vivait tout comme elle sur Sweetzer Avenue, dira plus tard l’effroi ressenti par les jeunes actrices et acteurs et la prise de conscience que la célébrité pouvait s’accompagner d’un risque mal mesuré : la folie de certain·e·s fans.
Ce mardi 18 juillet 1989, l’actrice prometteuse à la chevelure bouclée et au sourire mutin est morte devant sa porte. Celle qui allait devenir une icône posthume des années 80 – jambière, fuseau, sweat à manche chauve-souris et bottillons en cuir souple – s’effondre, mortellement touchée par une balle tirée par un inconnu. Après avoir suivi des études pour devenir rabbin, le destin s’était mêlé de lui offrir un rôle qui allait marquer les ados de l’époque : celui de Patti, la petite sœur de Samantha dans la sitcom « Sam Suffit » (« My Sister Sam »). Deux saisons et 44 épisodes racontant l’histoire d’une photographe de San Francisco contrainte d’accueillir cette teenager de 16 ans dans son quotidien bien rodé. Rires enregistrés et décors de studio, Rebecca fait la une des magazines pour ados. (Oui, avant internet, avant les portables, avant la fin des années 2000, il existait des magazines pour ados avec des stars en couverture et des posters centraux détachables qui, une fois dépliés, s’accrochaient aux murs des chambres avec des punaises colorées.) En 1988, fin de l’aventure et début des frissons : Hollywood lui tend les bras, mais il va falloir s’y faire une place. Elle tourne peu en attendant le scénario qui fera d’elle une star. Et ça y est, le moment de passer du côté des plus grand·e·s est arrivé.
Pressentie pour le rôle de Mary Corleone – fille de Michael Corleone (Al Pacino) – dans le troisième volet du « Parrain » (rôle qui sera repris par Sofia Coppola), elle doit recevoir le scénario dans la journée. Elle attend le coursier qui finit par sonner vers 10 h du matin. L’interphone est cassé. Elle descend et ouvre la porte. Face à elle se tient Robert Bardo, 19 ans, jeune homme perturbé issu d’une famille mal aimante. Il a obtenu l’adresse de Rebecca via le service des immatriculations des véhicules. Il lui tend une lettre qu’elle lui aurait envoyée et lui explique à quel point il est fan. Elle le rembarre gentiment après lui avoir expliqué que les envois dédicacés et réponses types sont gérés par son fan-club.
Le jeune garçon s’en va et la colère monte. Il l’aime, il la veut, il est obsédé et ne se remet pas de l’avoir vue dans les bras d’un autre homme par écran interposé. Dans « Scène de la guerre des classes à Beverly Hills », comédie indé confidentielle, elle est en effet au lit avec un comédien. Il veut l’éliminer et nettoyer les traces de ce qu’il considère comme une infamie. Un coup de folie ? Non, le résultat de trois ans de harcèlement, des centaines de lettres et même une première tentative d’agression au couteau empêchée par les agents de sécurité du studio CBS. Des faits qui déclencheraient un tollé aujourd’hui, mais qui, à l’époque, n’étaient considérés que comme une banale « rançon de la gloire ».
Bardo s’éloigne donc du domicile de Rebecca et revient une heure plus tard. Il sonne à nouveau. Elle redescend et s’agace. Prétextant lui offrir une lettre et un CD, il fouille dans le sac en papier qu’il tient à la main. Le 357 Magnum qu’il en sort, acheté par son frère, ne servira qu’à tirer une seule balle qui touche Rebecca, 21 ans, à bout portant en pleine poitrine. Elle meurt 30 minutes plus tard.
Robert John Bardo est condamné à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle le 29 octobre 1991.
La famille de Rebecca et son amoureux, Brad Silberling, se lancent alors dans un combat plein de sens pour le contrôle des armes à feu et font bouger les législations. La Californie interdit l’accès public au service des immatriculations et promulgue la première loi contre la traque et le harcèlement des individus. Tous les États américains lui emboîtent le pas.
Rebecca Schaeffer devient le symbole de la lutte contre le « stalking » et la figure qui rappelle aux stars que la célébrité n’est pas sans danger…
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