Dans le cadre d’une procédure judiciaire retentissante contre l’acteur Shia LaBeouf, la chanteuse FKA twigs accuse son ex-compagnon de coups et blessures, d’agression sexuelle et de maltraitance psychologique. Dans cette interview sans filtre, la chanteuse lève le voile sur son calvaire, en exclusivité pour ELLE.
« C’est un miracle que je m’en sois sortie vivante », raconte FKA twigs. La chanteuse britannique, née Tahliah Debrett Barnett, vient de passer une heure à évoquer dans la douleur les maltraitances qu’elle aurait subies pendant près d’un an aux mains de Shia LaBeouf, son ancien petit ami avec qui elle a partagé l’affiche de « Honey Boy ». Assise les jambes croisées sur le sol de sa maison londonienne, où elle est assignée à résidence en raison du lockdown lié à la Covid-19, l’artiste parvient à transmettre la vulnérabilité brute dont son public est si friand. Un hoodie oversize sur lequel on peut lire « Janet » – un hommage à l’album éponyme de Janet Jackson sorti en 1993 – enveloppe son petit gabarit ; ses boucles blondes fraîchement décolorées semblent humides, ses joues sont légèrement rouges. Pendant qu’elle me parle sur Zoom, elle maintient une posture parfaite, s’agitant très légèrement en tapant sur ses longs ongles en acrylique. Elle m’explique les tactiques « calculées, systématiques, subtiles et alambiquées » que Shia LaBeouf aurait utilisées pour la contrôler : bombardement d’amour, détournement cognitif, isolement social, privation de sommeil. « Si vous mettez une grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle va s’échapper immédiatement », dit-elle, en essayant d’expliquer la nature progressive et insidieuse des abus. « Alors que si vous la plongez dans de l’eau froide et que vous augmentez la température graduellement, cette grenouille mourra ébouillantée. C’est ce que j’ai vécu avec [Shia LaBeouf]. »
La violence émotionnelle, verbale et physique que FKA twigs aurait subie au cours de leur relation abusive a atteint son paroxysme en 2019, lors du week-end de la Saint-Valentin, après leur séjour dans un hôtel-spa. Les détails de cette nuit fatidique sont décrits dans le dossier d’instruction de la plainte qu’elle a déposée contre l’acteur en décembre dernier. Comme elle le raconte, après un trajet chaotique jusqu’à l’hôtel où ils ont passé la nuit, la chanteuse s’est réveillée et aurait trouvé Shia LaBeouf sur elle, lui serrant violemment les bras. Ensuite, passant ses mains autour du cou de FKA twigs pour l’étrangler, il lui a murmuré : « Si tu n’arrêtes pas, tu vas me perdre. » Le lendemain matin, affirme-t-elle, les sévices auraient continué lorsque Shia LaBeouf l’aurait jetée par terre devant l’hôtel. Une fois à l’intérieur de sa voiture, roulant en direction de la maison de l’acteur à Los Angeles, elle raconte qu’il se serait mis à conduire de façon erratique, exigeant qu’elle lui déclare son amour. Alors qu’il slalomait entre les voitures à une vitesse alarmante, au milieu des klaxons, FKA twigs se souvient de s’être préparée à un accident imminent. « Je me suis dit : “Je me demande ce qu’il adviendrait de mon corps… Si [nous] nous écrasions contre un mur à 130 km/h”. Je cherchais l’airbag des yeux et je ne voyais pas le petit pictogramme, alors j’ai pensé : “S’il n’y a pas d’airbag, cette voiture va-t-elle m’écraser le sternum ?” »
En relatant cette histoire aujourd’hui, FKA twigs rejoue chaque scène, modulant son corps de danseuse pour former une boule et se couvrant la tête avec les mains. « Je me disais : “Oh non, si je me recroqueville comme ça et que l’avant de la voiture me rentre dans la tête, est-ce que ça va me briser le cou ?” » Son esprit se serait emballé en évoquant une multitude de scénarios terrifiants. À un moment donné, elle aurait envisagé de sauter du véhicule en mouvement alors qu’il était lancé sur l’autoroute. « Est-ce que je saute de la voiture à 130 km/h ? »
Shia LaBeouf se serait finalement arrêté à une station-service, et FKA twigs aurait tenté de prendre ses affaires dans le coffre pour s’échapper, mais l’acteur l’aurait plaquée contre la voiture et aurait essayé de l’étrangler à nouveau. Lui hurlant au visage, il l’aurait forcée à remonter dans la voiture.
Je demande à la chanteuse comment elle a fait pour survivre à cette relation qualifiée de toxique. « Je pense que c’est de la chance », répond-elle en soupirant. « J’aimerais vraiment pouvoir dire que j’ai trouvé un peu de force en apercevant la lumière au bout du tunnel. J’aimerais pouvoir dire que [c’est] une preuve de ma ténacité ou c’est comme ça que ma mère m’a élevée. Mais il n’en est rien. Si je suis tirée d’affaire, c’est un coup de chance pur et simple. »
À l’époque de cette relation, FKA twigs avait une carrière florissante, une maison, une sécurité financière et un réseau de soutien. Et pourtant, elle n’était absolument pas vaccinée contre les abus. « Les gens pensent que ça ne peut pas arriver à une femme comme moi. Mais c’est faux. Ils se disent : “Vous êtes intelligente. Si c’était si grave, pourquoi n’êtes-vous pas partie ?” » Elle rétorque : « Ça peut arriver à n’importe qui. » Et quand le confinement a commencé, et qu’elle a réalisé combien de femmes étaient potentiellement coincées chez elles avec leur agresseur, elle a vraiment eu peur. « Ça m’a encouragée à me manifester et à parler ouvertement de ce que j’ai vécu. »
Élevée dans le Gloucestershire, en Angleterre, l’artiste de 33 ans connue sous le nom de « twigs » (« brindilles », un surnom dont elle est affublée depuis l’enfance, censé décrire la façon dont ses articulations craquaient au cours de danse) a toujours été un cas à part. Enfant, l’artiste d’origine jamaïcaine, espagnole et anglaise a étudié l’opéra et la danse. « J’étais la seule fille noire dans ma ville natale. Je me suis battue pour arriver à Londres. Je me suis battue pour aller à New York. » Un savant mélange de talent et d’acharnement l’a catapultée hors de son petit village à 17 ans, lorsqu’elle a déménagé dans le sud de Londres pour poursuivre une carrière de danseuse. Grâce à l’argent qu’elle a gagné en travaillant pour des artistes comme Kylie Minogue et Jessie J, FKA twigs a pu autofinancer son premier EP, sobrement intitulé « EP1 », en décembre 2012. Un an plus tard, elle s’est adjoint les services de la productrice avant-gardiste Arca pour accoucher d’un second opus à la croisée des genres : « EP2 ». Ses albums, qui présentent un mix de voguing, de kung-fu et de pole-dance, combiné à des voix haletantes et des beats R&B expérimentaux, lui ont valu les éloges de l’industrie musicale et des comparaisons élogieuses avec Björk. Artiste singulière, FKA twigs privilégie une approche très conceptuelle de la musique. Il suffit de songer à « Magdalene », son album de 2019 qui explore les échos de sa relation avec son ex-fiancé Robert Pattinson, et les concessions que beaucoup d’artistes féminines doivent faire au nom de leur métier. FKA twigs a toujours accordé une attention minutieuse aux détails qui émaillent l’ensemble du processus créatif, allant jusqu’à développer aux côtés de la marque House of Matriarch un parfum inspiré de l’héroïne biblique qui donne son titre à l’album. Elle a même visité un sanctuaire dédié à Marie Madeleine à Glastonbury une fois le disque terminé.
L’artiste a surmonté de nombreux obstacles au cours de sa carrière. Pourtant, selon elle, rien n’a été plus difficile que les mauvais traitements qu’elle aurait subis pendant qu’elle partageait la vie de Shia LaBeouf. « Ce que j’ai vécu avec mon agresseur est, sans conteste, la pire chose qui me soit arrivée dans la vie. J’ai eu énormément de mal à m’en remettre. »
FKA twigs et Shia LaBeouf se sont rencontrés pour la première fois à l’été 2018 sur le tournage de « Honey Boy », film en partie autobiographique retraçant l’enfance traumatisante du comédien, ancienne star Disney. Écrit dans un centre de réhabilitation, où séjournait l’acteur à la suite d’une décision de justice, après que la vidéo de son arrestation survenue en 2017 à Savannah, en Géorgie, pour ivresse publique et trouble de l’ordre public, a fait le tour du monde (Shia LaBeouf, qui semble avoir bu, se lance dans une tirade raciste au moment où des policiers s’apprêtent à l’arrêter), « Honey Boy » faisait déjà le buzz en tant que récit implacable du traumatisme qui n’a cessé de hanter l’acteur tout au long de sa vie. S’il avait été joué correctement, le film aurait pu marquer le retour de Shia LaBeouf, dont le comportement instable, sur le plateau comme en dehors, avait réduit au fil du temps ses chances d’obtenir des rôles de tout premier plan. Outre son arrestation en 2017, il a également été accusé de conduite en état d’ivresse en 2008, après avoir été impliqué dans un accident. Il a refusé de se soumettre à un alcootest et a failli perdre un doigt dans l’aventure. En 2014, l’acteur a interrompu avec fracas une représentation de « Cabaret » à Broadway, avant d’être arrêté pour trouble à l’ordre public pendant l’entracte. Et n’oublions pas son mariage très médiatisé avec sa partenaire dans « Nymphomaniac : Volume II », Mia Goth, une relation marquée par des rumeurs d’abus, dont témoignent des images d’une bagarre publique entre les deux amants survenue en Allemagne en 2015. On y entend Shia LaBeouf dire à des passants : « Je ne veux pas frapper une femme, mais elle me provoque. »
Je me suis dit : “s’il me tire dessus, ils vont chercher à assembler le puzzle. Il faut que je laisse des indices.”
Qualifier le passé de Shia LaBeouf de mouvementé relève de l’euphémisme. Et dire qu’il est rarement reconnu responsable de ses délits ne paraît pas exagéré non plus. En réponse à la mauvaise presse s’accumulant au fil des années, l’acteur s’est mis à cultiver un personnage de « perfomer» erratique ; il était, disait-on, un acteur façon Actors Studio, dont la passion empiétait sur la vie privée. Débraillé et hirsute, avec un côté prolo autoproclamé que Kanye West et une foule de pages de fans sur Instagram ont étudié avec ferveur, Shia LaBeouf faisait figure d’enfant terrible d’Hollywood. Et ses problèmes largement documentés d’abus de substances ne faisaient qu’alimenter la légende. En 2019, alors qu’il est invité dans le talk-show « Jimmy Kimmel Live ! », l’animateur fait explicitement allusion aux problèmes juridiques de l’acteur. « Est-il vrai que vous restez en contact avec l’officier de police qui vous a arrêté ? », demande Jimmy Kimmel, en référence à l’arrestation de l’acteur en 2017 en Géorgie, avant d’éclater de rire.
Tout au long de sa relation avec Shia LaBeouf, FKA twigs était parfaitement consciente de ses déboires juridiques et, comme de nombreuses victimes, elle était « sensible à son rétablissement ». C’est en partie pour cette raison qu’elle a d’abord essayé de régler les choses en privé avec Shia LaBeouf, en lui présentant à la suite de leur rupture une liste d’exigences : il devait (1) chercher une aide professionnelle significative et régulière pour résoudre ses problèmes d’abus ; (2) donner de l’argent à un refuge pour femmes maltraitées ; et (3) admettre qu’il avait transmis à FKA twigs une MST et promettre à ses futures partenaires la transparence sur son état de santé sexuelle. Mais les négociations se sont d’abord enlisées, les équipes juridiques des deux parties tenant l’autre pour responsable. L’avocat de FKA twigs, Bryan Freedman, a publié une déclaration affirmant que Shia LaBeouf n’était initialement pas disposé à « recevoir un traitement psychologique significatif et régulier », tandis que la nouvelle représentante légale de l’acteur, Shawn Holley, a déclaré au magazine « Variety » que « Shia LaBeouf a immédiatement endossé la responsabilité de ses nombreux comportements déplacés », et que c’est l’équipe juridique de FKA twigs qui a mis un terme à la médiation. Début 2021, Shia LaBeouf aurait commencé à suivre un traitement et accepté de rompre d’un commun accord son contrat avec l’agence artistique CAA.
Plusieurs mois plus tard, lorsque FKA twigs a rendu son procès public, l’affaire a immédiatement touché un point sensible. Le public de la chanteuse a été choqué. En regardant FKA twigs s’enrouler autour d’un poteau de pole-dance dans le clip de « Cellophane », on voit ses muscles et son corps discipliné d’athlète, qui se plie, mais ne rompt jamais. Qui aurait pu croire qu’elle souffrait en silence ? Pourtant, beaucoup auraient pu s’identifier à elle. Rapidement, son public a commencé à partager ses propres histoires de survie et à remercier FKA twigs pour son honnêteté, ce qui a incité la chanteuse et compositrice australienne Sia à tweeter pour évoquer, de façon plutôt surprenante, sa propre expérience avec Shia LaBeouf, qu’elle avait casté pour son clip « Elastic Heart » en 2015. « Je crois qu’il est très malade et j’ai de la compassion pour lui ET ses victimes. Sachez seulement que si vous vous aimez, restez en sécurité, ne vous approchez pas de lui. » FKA twigs a remercié la mégastar pour sa solidarité.
Sur Instagram, l’actrice et réalisatrice Olivia Wilde a également pris position en écrivant « Amour, respect et soutien pour @fkatwigs ». Des semaines plus tard, il a été révélé qu’Olivia Wilde avait viré Shia LaBeouf du film « Don’t Worry Darling », le remplaçant par Harry Styles. Selon « Variety », l’acteur « a eu des comportements déplacés et ses manières ont heurté les acteurs et l’équipe, y compris Olivia Wilde, qui a fini par le mettre dehors ». La réalisatrice de « Honey Boy », Alma Har’el, s‘est elle aussi exprimée publiquement, déclarant : « J’ai un profond respect pour le courage et la résistance de FKA twigs. La lecture de ce qu’elle a enduré m’a brisé le coeur et je la soutiens pleinement. »
Shia LaBeouf a également répondu à la plainte déposée contre lui, à travers une déclaration au « New York Times » : « Je ne suis pas en mesure de dire à quelqu’un comment mon comportement l’a affectée. Je n’ai pas d’excuses pour mon alcoolisme ou mon agressivité, seulement des explications. Je me suis maltraité moi-même et j’ai maltraité tous ceux qui m’entourent pendant des années. J’ai l’habitude de blesser les personnes qui me sont les plus proches. J’ai honte de cette histoire et je suis désolé pour ceux que j’ai blessés. Il n’y a rien d’autre que je puisse vraiment dire. » Lorsque le ELLE l’a contacté début janvier pour lui demander des éclaircissements, Shia LaBeouf n’était pas disponible. Une semaine plus tard, au moment où cet entretien allait être imprimé, l’avocat de l’acteur s’est fendu d’un communiqué expliquant qu’il était « disposé à participer à la médiation ».
FKA twigs espère qu’en racontant sa terrible histoire, elle pourra contribuer à enrayer l’omerta qui entoure la violence exercée par un partenaire intime (VPI). Comme le montrent les statistiques, son histoire est tristement banale : des millions de femmes seront victimes au cours de leur vie de violences conjugales, selon les centres pour le contrôle et la prévention des maladies. Environ la moitié d’entre elles subiront une agression psychologique, un tiers une agression physique et plus d’un quart seront confrontées à une violence d’ordre sexuel. Et si l’on en croit une méta-analyse publiée en septembre 2020 dans l’« American Journal of Public Health », 37,5 % des personnes transgenres subissent des violences physiques et 25 % des violences sexuelles. FKA twigs : « Quand je vois ce qui s’est passé avec [Shia LaBeouf], le plus frustrant c’est que… j’aurais pu repérer dès le premier mois de ma relation beaucoup de tactiques utilisées par l’agresseur. » Bien que la VPI englobe à la fois les violences physique et sexuelle, ainsi que le harcèlement et l’agression psychologiques, elle est souvent envisagée comme un traumatisme physique, à la fois dans l’imaginaire collectif et dans le système de justice pénale – à tel point que les couches plus insidieuses et plus inquiétantes de l’abus ne sont ni détectées ni signalées. Comme l’explique la psychothérapeute Shauna Moore Reynolds, fondatrice et directrice exécutive de SMR Counseling Services, la société a tendance à se concentrer sur les marques physiques des abus : les bosses, les bleus, les cicatrices. Il n’est pas rare que les victimes tentent de se raisonner : « Au moins, il n’a pas levé la main sur moi » ou « Au moins, il ne m’a pas tiré dessus ».
Les auteurs de violences domestiques utilisent un arsenal de techniques subtiles – et moins subtiles – pour désarmer leurs victimes. Shia LaBeouf, raconte FKA twigs, était un maître en matière de « love bombing ». Comme décrit dans l’acte d’accusation, il aurait lancé peu après sa rencontre avec la chanteuse une « offensive de charme » qui semblait tout droit sortie d’un film : il aurait déclaré qu’il « l’aimait » à peine une semaine ou deux après le début de leur relation, et aurait sauté par-dessus la clôture de sa maison londonienne pour lui laisser des mots d’amour et des fleurs. Lorsqu’ils ont traversé une passe difficile plus tard dans leur relation, l’acteur se serait surpassé dans ses tentatives pour la reconquérir. « Il m’a envoyé entre dix et vingt bouquets de fleurs par jour pendant dix jours. Chaque fois que je m’asseyais pour travailler ou regarder quelque chose, on sonnait à la porte et il y avait trois autres bouquets de fleurs. Sur l’étiquette, il était écrit à chaque fois : “More love, More love, More love.” » Avec le recul, elle déclare : « C’était un peu trop. C’était gênant. Rétrospectivement, cet amour était agressif. »
À l’insu de la chanteuse, Shia LaBeouf aurait construit soigneusement un cycle d’attachement, dans lequel il aurait commencé par la placer sur un piédestal pour mieux la faire tomber ensuite. Pendant un certain temps, ça aurait fonctionné. Lorsqu’il a demandé à FKA twigs de s’installer avec lui dans sa maison de Los Angeles en octobre 2018, elle a accepté. « C’est à ce moment-là, quand j’ai emménagé chez lui, que les violences se sont vraiment intensifiées », dit-elle. « J’ai alors réalisé que je n’avais pas seulement affaire à quelqu’un de torturé qui traversait un divorce. Que je n’étais pas face à quelqu’un qui était poussé à agir contre moi par des facteurs extérieurs à sa vie. Non. J’étais embarquée dans une relation avec une personne intrinsèquement violente. »
La manipulation se serait installée subrepticement, et sous différentes formes. Shia LaBeouf se serait mis à exiger que FKA twigs l’embrasse et le touche un certain nombre de fois par jour. « Si tu m’aimais vraiment, tu ferais ça. » Si elle n’atteignait pas le quota, elle indique qu’il l’attaquait verbalement pendant des heures, souvent en pleine nuit, l’empêchant de dormir. En fait, elle pense que perturber son sommeil était une sorte de guerre psychologique délibérément menée par son partenaire. Il l’aurait réveillée régulièrement vers quatre heures du matin pour lui lancer des accusations en tous genres. « Je sais que tu te masturbes », disait-il. « Comme ça, allongée à côté de moi. Tu es dégoûtante, une femme ignoble. Je veux te quitter. » D’autres soirs, il l’aurait réveillée pour l’accuser de fixer le plafond en songeant à la façon dont elle allait le quitter. Il aurait exigé que la chanteuse dorme nue, quelle que soit la température de la pièce ou l’inconfort que ça pouvait représenter. « Il disait que je tenais délibérément mon corps loin de lui. Puis il me comparait à son ex et disait : «Elle ne ferait jamais ça.» » Avant de se coucher, Shia LaBeouf aurait obligé FKA twigs à regarder des documentaires traitant de crimes réels, de femmes sauvagement assassinées, tabassées, démembrées ou violées. « Je lui disais : «Je n’ai pas envie de regarder ce genre de trucs avant d’aller me coucher. Je suis sensible, ça m’affecte» », se souvient-elle. « Il faisait si sombre, et je me disais : «Je ne peux pas être plongée dans cette ambiance en permanence.» J’étais très intimidée de vivre avec lui. Il était instable et je savais qu’il y avait un pistolet dans sa table de nuit. Je ne pouvais jamais savoir à l’avance ce qui allait déclencher sa colère contre moi. »
L’arme aurait fait son entrée dans leur chambre commune en novembre 2018, et à l’occasion de son dépôt de plainte, FKA twigs a raconté sa peur de se lever au milieu de la nuit pour aller aux toilettes de peur que Shia LaBeouf, la prenant pour une intruse, lui tire dessus accidentellement. À un moment donné, elle aurait envoyé une photo de l’arme à son manager. « Je me suis dit : «S’il me tire dessus, et s’il y a une enquête, ils vont devoir reconstituer les pièces du puzzle. Il faut que je laisse des petits indices.» » Tout aussi troublant, Shia LaBeouf aurait raconté à qui voulait l’entendre qu’il tirait sur des chiens errants. Il prétend que ça l’a aidé à « entrer dans le personnage » d’homme de main d’un seigneur du crime qu’il joue dans « The Tax Collector », film sorti en 2020. FKA twigs a été perturbée par cette histoire et a cherché à en savoir plus. « Je lui ai dit : «C’est vraiment moche. Pourquoi tu fais ça ?» Et il m’a répondu : «Parce que je prends mon art au sérieux. Tu ne me soutiens pas dans mon art. C’est mon travail. C’est différent du chant. Je ne monte pas sur une scène pour faire quelques mouvements. Je suis dans le personnage.» Il m’a rabaissée, comme si je ne comprenais pas ce que c’était que d’être acteur ou de se mettre dans la peau d’un personnage. »
J’ai parlé des abus à son entourage. La réaction a été : “Ok, mais là c’est Sundance.”
De plus en plus préoccupée par sa sécurité, FKA twigs aurait commencé à chercher refuge auprès de ses amis. Elle appelait parfois au milieu de la nuit, en disant : « Je ne me sens pas en sécurité. Je peux venir chez toi maintenant ? » Ses amis l’encourageaient à venir, mais aussitôt après avoir demandé de l’aide, elle battait en retraite, sa honte face aux mauvais traitements l’emportant sur sa peur. Un ami, qui n’était pas chez lui au moment où la chanteuse l’a contacté, est allé jusqu’à laisser ses clés dehors pour qu’elle puisse rentrer, mais elle n’est jamais venue. « [Mon ami] s’attendait à ce que je sois chez lui à son retour et je n’y étais pas, et puis je ne lui ai plus jamais parlé. J’étais tiraillée par ce sentiment de peur intense et de honte, et je cherchais seulement à m’éclipser de la vie des gens. »
Son comportement erratique l’a éloignée de ses amis et de sa famille, aussi bien à Los Angeles qu’à Londres. Elle ne pouvait pas se résoudre à leur dire ce qui se passait dans sa vie privée, ce qui n’a fait qu’aggraver son sentiment d’isolement. « Si vous ne parlez pas à vos amis ou à votre famille de ce que vous vivez, alors il n’y a personne pour réguler vos émotions ou vous conforter dans ce que vous ressentez. Il n’y a personne pour vous signaler que vous êtes dans une situation dangereuse », dit-elle.
En outre, si FKA twigs communiquait avec ses amis, il n’était pas rare, selon elle, que Shia LaBeouf se montre jaloux. « Une fois, il m’a entendue rire sur FaceTime avec un ami. Il est entré dans la pièce en laissant éclater sa colère parce que soi-disant il ne me faisait pas rire comme ça. Alors j’ai dû me cacher pour rire avec mes amis. C’est comme ça que je me suis isolée, cessant finalement de parler à mes proches. Il détestait que je vive une expérience seule, que je fasse quelque chose sans qu’il se sente impliqué, que j’évoque un souvenir agréable », dit-elle en soupirant. « En gros, il m’a fait sentir que je n’avais pas le droit d’être heureuse. Ça se résume à ça : je n’avais pas le droit d’être heureuse si ce n’était pas en rapport direct avec lui. »
Ce qui n’a jamais échappé à FKA twigs, c’est la façon dont la race et l’ethnicité auraient aggravé les abus qu’elle a eu à subir. Elle se souvient d’un voyage qu’elle a fait avec Shia LaBeouf en Jamaïque, pays où vivent ses grands-parents paternels et auquel elle se sent attachée par des liens ancestraux très forts. Lors de ce séjour, passé dans un hôtel de luxe (une première pour elle, car la chanteuse a l’habitude de rester auprès de sa famille lorsqu’elle se rend en Jamaïque), elle s’est liée d’amitié avec le personnel, au grand regret de Shia LaBeouf. Un jour, au retour d’un jogging dans la propriété, il l’aurait accusée d’avoir couché avec l’un des serveurs ; il l’avait vue « secouer sa chevelure » devant l’un d’eux. « Tu ne comprends pas. Je suis jamaïcaine. C’est mon peuple. Je suis déjà venue ici plusieurs fois. J’essaie juste d’être gentille », lui aurait-elle rétorqué. Voyant dans sa réponse polie une trahison déguisée, Shia LaBeouf aurait répondu que si elle l’aimait vraiment, elle éviterait tout contact visuel avec les serveurs masculins de l’hôtel. « Maintenant, je me rends compte que c’est ainsi qu’un agresseur cherche à tester vos limites. Parvient-il à me faire baisser les yeux et à m’obliger à fixer le sol de ma propre île, de l’endroit d’où je viens ? Oui, il y arrive. S’il peut me faire faire ça, jusqu’où peut-il aller ? »
Le fait que le petit ami blanc de FKA twigs surveille ses déplacements dans son pays d’origine, déjà chargé d’une histoire coloniale compliquée, se révélait d’autant plus troublant que les femmes noires sont statistiquement plus vulnérables à la VPI : 53,8 % des femmes noires ont subi au cours de leur vie une agression psychologique de la part d’un partenaire, et 51,3 % des homicides de femmes noires adultes sont liés à la VPI. Ces tristes vérités soulignent à quel point FKA twigs était vulnérable.
Shia LaBeouf aurait longtemps essayé d’établir une connexion avec la culture noire. En 2016, son freestyle dans l’émission de radio « Sway in the Morning » a propulsé l’acteur au rang de virtuose du hip-hop, et il a tenu à s’associer avec de jeunes artistes noirs pour se positionner en tant qu’« allié ». FKA twigs a trouvé cet étalage de bons sentiments et cet intérêt pour la culture noire plutôt ironique compte tenu de la façon dont il traitait sa propre petite amie noire. « Je suis à moitié noire, et pourtant c’est lui qu’on salue comme un allié de la communauté lors des manifestations autour du mouvement Black Lives Matter ? À la même période, je me suis réveillée à plusieurs reprises parce qu’il tentait de m’étrangler. Ce sont ses mains à lui qui m’ont empêchée de respirer. » Quand FKA twigs a décroché un rôle dans « Honey Boy », Shia LaBeouf lui a dit que la seule raison pour laquelle elle avait été choisie était sa race. Ils avaient besoin d’une jeune femme noire pour tempérer l’homogénéité masculine blanche du film, a-t-il fait remarquer. Comme un pion, la chanteuse devait permettre à Shia LaBeouf d’avoir le beau rôle, tout en restant bien tranquillement dans son coin.
Lorsque le couple s’est rendu au festival du film de Sundance pour promouvoir « Honey Boy » en janvier 2019, FKA twigs n’était plus qu’une coquille vide, l’ombre d’elle-même. Elle avait l’impression de ne pouvoir parler à personne des abus qu’elle subissait. « L’accent était mis sur le succès du film. Je ne suis pas ici pour dénoncer qui que ce soit, mais je mentirais si je disais que des gens très proches de lui n’étaient pas au courant de tout ce qui se passait », confie-t-elle. FKA twigs les surnomme « les singes volants », en référence au « Magicien d’Oz ». Les agresseurs ont tendance à s’entourer de « facilitateurs », dit-elle. Sans préciser à qui elle fait référence dans la team de l’acteur, FKA Twigs dit : « Il y a des gens de l’entourage de Shia LaBeouf à qui j’ai parlé ouvertement des sévices. La réaction que j’ai eue [de son équipe] a été la suivante : «OK. Mais là, c’est Sundance.» » On lui aurait fait sentir que la rédemption de Shia LaBeouf à Hollywood dépendait du succès de ce film, que sa carrière ne pourrait tolérer aucun faux pas supplémentaire. Elle soutient que ses appels à l’aide n’ont rien donné. Personne n’aurait voulu prendre ses responsabilités.
Sur les photos prises pendant le festival, elle apparaît comme une star de cinéma novice, magnifiquement vêtue d’un corset vintage Vivienne Westwood et d’un pantalon rayé – une vedette en devenir –, mais son visage est étrangement inexpressif, comme si elle était absente. La mère de Noah Jupe, son partenaire dans « Honey Boy », aurait remarqué quelque chose et lui a demandé si tout allait bien. « Elle m’a posé la question d’une manière tellement douce. La seule chose qui m’est venue à l’esprit, c’est : «Oh, mon Dieu, j’agis bizarrement. Ils ne comprenaient pas ce que je subissais loin des caméras.» »
Sundance a eu lieu à la fin du mois de janvier, peu de temps avant le désastreux week-end de la Saint-Valentin qui a poussé la chanteuse à demander de l’aide. « Après l’incident dans le désert, j’ai commencé à voir un thérapeute. À ce moment-là, je souffrais de stress post-traumatique. C’était grave, j’étais dans un sale état. » Avec l’aide de son thérapeute, elle aurait commencé à préparer activement sa fuite. Malheureusement, quand elle était sur le point de quitter son Airbnb, Shia LaBeouf serait arrivé à l’improviste et a contrecarré ses plans. Prenant rapidement la mesure de la situation, l’acteur aurait attrapé FKA twigs, l’aurait tirée dans une chambre vide avant de la plaquer sur le lit. Il lui aurait crié dessus pendant 15 minutes, en faisant porter tout le poids de son corps sur elle. Épuisée et vaincue, elle aurait fini par céder, acceptant de le laisser passer la nuit là. « Je n’avais plus la force de lutter. Alors, je suis restée. »
Les difficultés traversées par FKA twigs pour s’enfuir – le cœur brisé – ne sont pas rares. Selon Shauna Moore Reynolds, il faut entre sept et dix tentatives pour qu’une victime d’abus parvienne enfin à quitter son agresseur. Il y a tellement d’éléments qui peuvent dissuader une victime de mettre un terme à la relation : l’insécurité financière, l’absence d’un toit et de ressources, la pression pour garder sa famille unie. Et, bien sûr, il y a la variable émotionnelle. Comme l’explique FKA twigs, par moments, c’était magique de vivre avec Shia LaBeouf ; pendant deux ou trois jours, il était présent, charmant et agréable. Malheureusement, en un rien de temps, la comédie romantique pouvait se muer en véritable film d’horreur.
En mars 2019, un mois après la soirée épouvantable de la Saint-Valentin, FKA twigs a commencé à ressentir les symptômes d’une possible MST et a abordé la question avec Shia LaBeouf. L’acteur aurait confirmé qu’il souffrait d’une maladie sexuellement transmissible qu’il lui avait jusque-là cachée. Horrifiée par ce qu’elle venait d’entendre, la chanteuse se serait rendue chez son médecin, où les analyses sanguines auraient confirmé qu’elle était effectivement atteinte de la même maladie que Shia LaBeouf.
Malgré des tentatives de conciliation, la chanteuse n’est pas parvenue à surmonter cette ultime trahison (FKA twigs apprendra plus tard que Shia LaBeouf aurait contaminé une autre partenaire sexuelle qui n’était pas au courant). Prenant peu à peu ses distances avec l’acteur, FKA twigs a finalement rompu avec lui avant le démarrage de sa tournée mondiale « Magdalene » à Los Angeles en mai 2019. Le fait de voyager d’une ville à l’autre lui a permis de prendre la distance nécessaire pour enfin échapper à l’emprise présumée de Shia LaBeouf.
L’issue définitive de ce procès n’est pas encore connue, mais il semble évident qu’Hollywood peine à traiter les accusations portées contre l’un de ses représentants. Le nouveau film très attendu de Shia LaBeouf, « Pieces of a Woman », était sur le point d’entamer une saison jalonnée par les récompenses de premier ordre. Mais quand la nouvelle du procès est tombée, quelques semaines avant la sortie du film sur Netflix, son avenir s’en est trouvé compromis. Le réalisateur a lancé un vague message de soutien, disant : « Ce sont des accusations graves et difficiles à lire. Quand j’en ai pris connaissance, mon cœur s’est empli de chagrin et de tristesse. Je crois que tous les êtres humains devraient se sentir libres de se manifester pour transmettre leur vérité. Je suis à vos côtés. » Pendant ce temps, le nom de Shia LaBeouf a discrètement été retiré de la page web de Netflix consacrée à la remise des prix, ainsi que du matériel promo.
Malgré leur impact, ces actions ne s’attaquent pas à la culture de la violence. « Bien sûr, c’est un grand honneur pour moi d’être invitée à jouer dans un film ou à chanter une chanson. J’aime ce que je fais, et [tourner «Honey Boy»] a été une expérience incroyable. Mais ensuite, j’ai fini par devenir une proie », raconte FKA twigs. « À quel moment Hollywood cesse de s’intéresser à l’argent et commence à se soucier de la sécurité des gens ? On m’a vraiment fait sentir que «Honey Boy» était plus important que mon bien-être physique et émotionnel. »
Quand je demande à FKA twigs ce qui lui donne de la force aujourd’hui, la chanteuse réfléchit longuement avant de répondre. « J’ai retrouvé ma vie. Je peux travailler aussi tard que je le veux. Je peux voir mes amis. » Pendant la quarantaine, elle a collaboré avec le producteur El Guincho, cerveau de l’album de Rosalía, « El Mal Querer ». FKA twigs me révèle qu’elle a créé un album plus « club » qui comprend des collaborations avec la star nigériane de l’afrobeat Rema, la vedette en devenir du hip-hop britannique Pa Salieu et la coqueluche de la pop Dua Lipa. Elle a croisé cette dernière sur Instagram, et elles ont décidé de collaborer sur un morceau dance, « Why Don’t You Love Me », taillé pour le retour sur les pistes de danse, après la vaccination. « Pouvoir rencontrer Dua Lipa sur Instagram, faire une chanson avec elle, me produire sur son livestream, et avoir une nouvelle amie… sans une once d’anxiété derrière tout ça. Sans penser : «Qu’est-ce que ça va engendrer de négatif ? Quels ennuis vais-je encore avoir ?» »
Ces derniers mois, FKA twigs et Getty Images ont travaillé ensemble pour donner davantage de visibilité à l’histoire des Noirs, en donnant aux éducateurs, aux storytellers et aux créateurs de contenu les moyens d’élaborer le récit visuel de la communauté. L’été dernier, FKA twigs et l’artiste Kandis Williams ont abordé des problématiques liées à ce sujet, insistant tout particulièrement sur l’importance de savoir d’où l’on vient. À cette occasion, Kandis Williams a parlé à la chanteuse des « Getty Images », exceptionnelle banque d’images d’archives. Elles ont convenu qu’il y avait quelque chose à faire avec tout ce matériel, et FKA twigs est passée à l’action en contactant des gens de chez Getty. C’est ainsi que le projet a démarré.
Je n’avais plus la force de lutter, alors je suis restée.
La collaboration sera concrétisée par la sortie de son duo « Don’t Judge Me » avec le rappeur britannique Headie One. La vidéo, réalisée par Emmanuel Adjei, se déroule devant l’œuvre « Fons Americanus », réalisée par Kara Walker pour la Tate Modern de Londres, et ressemble à une lettre d’amour adressée au « Black London ». Le projet met en scène un groupe de personnalités de la culture locale qui discutent sur des questions liées à la race et à l’identité au Royaume-Uni et dans le monde entier : Munroe Bergdorf, Clara Amfo, Reni Eddo-Lodge, Efua Baker et Benjamin Zephaniah, entre autres. « «Don’t Judge Me» n’a pas vraiment de rapport avec moi », précise FKA twigs. « Il est question de toute notre communauté. Je ne suis qu’une petite voix, qui travaille avec Getty pour, espérons-le, entamer une guérison générationnelle. »
Sa convalescence à elle est toujours en cours. Mais le fait qu’elle puisse présenter son histoire – et sensibiliser son public à la violence domestique – la rapproche encore un peu plus de la guérison. « C’est difficile de rendre tout ça public… mais je veux que les gens connaissent mon histoire. Si je ne peux pas aider les autres à travers mon expérience, ça la rend dix fois pire. Il doit bien y avoir un sens à tout ça, une raison pour laquelle ça m’est arrivé. Il ne s’agit pas seulement de mon rétablissement [personnel]. » Alors qu’elle parle des étapes clés pour se libérer de relations abusives – trouver un logement sûr, se rapprocher de sa communauté, devenir financièrement indépendante –, sa voix se brise et des larmes commencent à couler lentement sur son visage. « C’est encore très frais dans mon cas », avoue-t-elle. « Je sais que [ce cheminement] ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais j’espère que si je peux avancer par petits pas, et que les gens peuvent me voir reprendre ma vie en main, ça les inspirera. J’ai rendu à [Shia LaBeouf] son dysfonctionnement. J’ai fait toute la tournée de «Magdalene» en étant chevillée à ce dysfonctionnement – il était avec moi sur scène, chaque fois que je faisais une interview, sur tous les tapis rouges. Je n’ai pu profiter de rien. Parce qu’il était toujours à mes côtés. Mais maintenant, je le lui ai rendu. Maintenant, c’est à lui de le garder. Et tout le monde sait ce qu’il a fait. »
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