Les réseaux sociaux ne sont pas une bonne chose pour l’estime de soi des jeunes filles belges

Les jeunes ont 10,4 ans en moyenne quand ils utilisent pour la première fois un filtre pour modifier leur apparence.

À peine 1 fille sur 5 publie une photo non retouchée d’elle-même sur les réseaux sociaux. Ces résultats surprenants et bien d’autres proviennent d’une enquête menée récemment auprès des jeunes belges. Celle-ci fait partie d’une enquête sur les conséquences des réseaux sociaux sur l’estime de soi des jeunes âgés de 10 à 15 ans et est une initiative du projet Dove pour l’estime de soi, qui promeut l’éducation autour de ce thème depuis de nombreuses années.

Bien que l’on ait enregistré des progrès ces dernières années, nous vivons toujours dans un monde où les idéaux de beauté sont profondément ancrés et influencent la manière dont nous voyons les autres et dont nous nous voyons nous-mêmes. Des stéréotypes irréalistes sont perpétués par les réseaux sociaux : des photos filtrées et retouchées envahissent nos fils d’actualité. Les jeunes sont également incités à suivre cette voie. Les filtres et les applis de retouche leur offrent diverses possibilités pour faire preuve de créativité avec leur photo. Ils sont amusants à utiliser et leur permettent de faire des expériences avec leur identité. Mais ils peuvent également faire des dégâts.

Le project Dove de l’estime de soi lutte depuis des années contre la faible estime de soi des jeunes dans le monde entier et vise à les armer contre les idéaux de beauté irréalistes d’aujourd’hui.

Fort d’une expérience de plus de 15 ans, ce projet débarque à présent en Belgique. Afin d’évaluer l’impact concret des réseaux sociaux sur les jeunes belges, le projet Dove pour l’estime de soi a mené récemment une enquête auprès des enfants de 10 à 15 ans.

Quelle pression ressentent-ils et quelles en sont les conséquences ? Des chiffres effrayants…

Grâce à cette enquête, on apprend que l’estime de soi des jeunes filles est fragile : que plus elles grandissent ou plus elles passent de temps sur les réseaux sociaux plus elle faiblit.

– à 10 ans, 3 filles sur 4 aiment leur reflet dans le miroir. À 13 ans, ce chiffre passe à 1 fille sur 3.

– le nombre de filles qui se soucient de leur apparence double entre le primaire et le secondaire.

– la honte de sa propre apparence triple : entre 13 et 15 ans, 1 fille sur 3 a honte de son apparence.

– le fait de se trouver plus laide que les autres triple pour atteindre 63% chez les filles qui passent plus de 2 heures par jour sur les réseaux sociaux.

– une jeune fille prend 8,5 selfies avant d’en trouver un digne d’être partagé.

– une jeune fille a 10,4 ans quand elle adapte son apparence pour la première fois avec un filtre.

– en primaire elles sont encore 2 sur 5 à publier une photo non-retouchée d’elle-même sur les réseaux sociaux. Ce chiffre chute de moitié en secondaire.

– 60% des filles de plus de 13 ans se servent de filtres.

– parmi celles qui n’utilisent pas de filtres, 80% sont satisfaites de leur apparence contre 50% de celles qui y ont recours.

– parmi celles qui n’utilisent pas de filtres, 68% sont fières de leur corps contre 45 % de celles qui y ont recours.

– parmi celles qui n’utilisent pas de filtres 1 sur 2 a suffisamment confiance en elle pour ne pas se soucier de ce que les autres pensent d’elle. Chez celles qui utilisent des filtres, la proportion de filles sûres d’elles n’est que de 1 sur 4.

Les outils éducatifs peuvent apporter un changement

Cette enquête du projet Dove pour l’estime de soi montre clairement que nous devons aider les jeunes à utiliser les réseaux sociaux de manière positive. De sorte que ces derniers soient davantage des canaux d’expression que de validation. Des outils éducatifs peuvent faire une différence à cet égard en améliorant la confiance en soi des jeunes, leur confiance corporelle et leurs aptitudes à naviguer plus sainement en ligne.

Pr Phillippa Diedrichs, psychologue-chercheuse au Center for Appearance Research de l’Université de l’Ouest de l’Angleterre et experte en image corporelle : « Bien que certains aspects des réseaux sociaux puissent favoriser le contact et le bien-être, des dizaines de recherches scientifiques ont démontré ces dernières années qu’ils peuvent influencer négativement la confiance en soi, l’humeur et l’estime de soi. C’est le cas lorsque les utilisateurs passent beaucoup de temps à publier des selfies, à utiliser des applis de retouche et des filtres pour changer leur apparence, à se comparer aux autres et à obtenir une validation par le biais de commentaires et de likes. Il est donc absolument indispensable d’aider les jeunes à développer des aptitudes leur permettant de naviguer sur les réseaux sociaux de manière saine et productive. »

En collaboration avec le Centre for Appearance Research de l’Université de l’Ouest de l’Angleterre, le projet Dove pour l’estime de soi a développé divers outils éducatifs. Les ateliers, articles en ligne et ressources éducatives ont été validés académiquement et sont mis à la disposition des écoles, enseignants, éducateurs, parents, etc. Le centre de connaissances belge Pimento fera la promotion de ces outils auprès des écoles et des enseignants de l’ensemble du pays afin de faire profiter directement les jeunes de ces ateliers.

Des personnalités belges telles que Cécile Djunga et Tatyana Beloy soutiennent également le projet en tant que porte-parole sur cette thématique. Lizzo soutient le projet au niveau international.

Reverse Selfie : un nouveau clip percutant

Afin de sensibiliser à la pression que les réseaux sociaux exercent sur les jeunes et de promouvoir les outils éducatifs disponibles gratuitement, Dove lance également un tout nouveau clip. Quinze ans après le spot emblématique Evolution sur la manipulation des images dans les publicités, Dove s’attaque à nouveau au problème de la transformation numérique à travers une nouvelle vidéo. Reverse Selfie illustre à quel point les applis de retouche peuvent déformer la réalité et comment les jeunes filles modifient numériquement leur apparence pour les réseaux sociaux.

Le clip décrit le processus émotionnel et physique précédant la publication d’un selfie. Il souligne que les outils de retouche qui étaient auparavant uniquement disponibles pour les professionnels sont désormais accessibles aux jeunes d’une simple pression sur un bouton, sans réglementation. À la place des mannequins sur un plateau, ce sont maintenant des jeunes filles dans leur chambre qui gomment leur identité.

Après un an d’exposition accrue aux écrans et aux idéaux de beauté irréalistes, avec la pression qui s’ensuit, il n’a jamais été aussi important d’intervenir.

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