Chanel dévoile Lipscanner, son application exclusive qui propose un choix personnalisé de teintes de rouges à lèvres en fonction de vos goûts personnels ainsi que la possibilité de les tester virtuellement.
Bluffant n’est-ce pas ? Nous avons posé quelques questions à Cédric Begon, Directeur du Connected Experience Lab de Chanel. Il nous en dit plus sur l’application Lipscanner, ses avantages pour la consommatrice mais aussi sur les futures expériences offertes aux clientes grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’industrie de la beauté.
Dites-nous en plus sur ce laboratoire quelque peu secret dans lequel vous travaillez ?
Le Connected Experience Lab existe depuis janvier 2018. Il s’agit d’une structure au sein de Chanel Beauté avec une équipe entièrement dédiée à la création de services numériques pour le retail (le commerce de détail) et le mobile. En clair, l’objectif est d’apprivoiser de nouveaux leviers techniques, de nouveaux angles de conception pour fluidifier les relations entre le retail physique et online et de créer des liens intéressants avec nos produits. Ce que nous souhaitons c’est mettre la technologie numérique au service d’une expérience que nous voulons luxueuse, très qualitative et bien évidemment respectueuse de la vie privée. C’est permettre nos consommatrices de découvrir toutes les facettes d’un produit, de mieux articuler leur choix et d’entretenir avec la Maison Chanel une relation particulière, une relation de connaisseuses. Mon rôle est de diriger toute cette structure et d’assurer la collaboration avec un grand nombre de départements en interne et de partenaires extérieurs afin de bien identifier les améliorations que nous pouvons apporter à l’expérience.
Et Lipscanner est le fruit de tout ce travail ?
Avec Lipscanner, nous avons consacré beaucoup de temps afin de proposer une réelle innovation sur le terrain de la recherche visuelle et de permettre cet usage ludique qui très rapidement, en 2 clics seulement, propose de passer de l’inspiration couleurs à l’application du produit sur soi, sur ses lèvres. Ce travail a nécessité un peu plus de 18 mois de travail pour mettre au point un moteur de recherche visuel innovant et l’intégrer dans un design d’app particulièrement épuré. Ce qui nous importait c’était de proposer une gestuelle qui permette de faire le lien entre l’envie de maquillage qui s’exprime, qui apparait de façon fortuite, et le produit qui satisfait cette envie. La rapidité a une fonction pratique, une dimension utilitaire, mais c’est surtout sur l’émotion qu’on joue. Vous pouvez partir d’un visage qui vous séduit ou d’un objet qui vous plait et être rapidement guidée vers le bon produit et de pouvoir l’essayer sur soi en maquillage virtuel ce qui est un moyen très puissant d’explorer d’autres facettes de soi de façon ludique et d’investir d’autres aspects de sa féminité. Lipscanner propose une véritable trajectoire émotionnelle. Il s’agit d’une technologie empathique qui facilite le contact avec la marque.
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Que peuvent apporter les nouvelles technologies à l’industrie de la beauté ?
Ces technologies ne sont plus tellement nouvelles finalement. Cela fait déjà plusieurs années qu’elles apportent de la valeur ajoutée à l’expérience client, à titre d’exemple ; notre première expérience de maquillage virtuel est sortie en 2016 en point de vente. Nous avons depuis construit une courbe d’expériences intéressante. Le numérique apporte des points forts à l’expérience beauté en fournissant les bonnes informations au bon moment. C’est probablement ça la puissance, ou en tout cas l’une des puissance du numérique c’est cette extrême rapidité, cette extrême efficacité qui permet de gagner du temps et de gagner en pertinence dans la façon de proposer des produits à nos clients et clientes. Ce temps gagné doit être utiliser pour rendre l’expérience plus passionnante, profiter pleinement du produit, de sa texture, de sa sensorialité. Tout ne peut pas se résumer au numérique. L’essor des usages numériques, qui ont d’ailleurs connu une accélération encore plus importante cette dernière année, ouvrent de nouveaux horizons pour se entrer en relation avec le produit et le défi pour nous est de les utiliser au mieux avec un design d’expérience le plus agréable, efficace, pertinent, occasionnant le moins de charge mentale possible et en offrant la possibilité à un moment dans le parcours d’entrer en contact physique avec le produit. Sans oublier de pouvoir bénéficier le plus possible de conseils humains.
Et quels sont les avantages de ces technologies pour les consommatrices ?
Nous avons beaucoup testé l’app auprès de différents panels et le côté émotionnel et ludique sont primordiaux. Il y a un aspect libérateur de pouvoir tester le produit chez soi, seule avec son appareil. Il y a quelque chose de très intime et de très personnel qui se joue dans la transformation de soi, dans l’exploration de ses différentes facettes. Ça se joue entre soi et soi. L’app permet ça, elle permet aussi de demander d’avis de proches face à un reflet de soi qui questionne. Vous pouvez prendre une photo de vous maquillée et l’envoyer, vous pouvez directement acheter le produit online, vous pouvez aussi vous rendre en point de vente pour toucher le produit. Ce que Lipscanner amène c’est une façon de tirer parti de la puissance du numérique pour faciliter le lien au produit et garder du temps utilise pour savourer le produit, sa qualité et sa sensorialité. Le lien est dans l’attention que vous pouvez réserver au produit physique sans perdre de temps à trouver celui qui vous convient. Pour obtenir cette pertinence de recommandation il a fallu faire travailler ensemble des spécialistes de différents secteurs de la Maison ; ceux du maquillage et ceux de machine-learning. Aujourd’hui ces technologies ont atteint de tels degrés de souplesse qu’elles peuvent être manipulées de façon assez légère par des experts venant de domaines très différents.
Quel a été le plus gros challenge dans la création de cette appli ?
Faire travailler ensemble nos expertes avec les ingénieurs en machine learning n’a pas été difficile car de tous les côtés, il y a eu beaucoup d’enthousiasme. Le vrai challenge a été de faire en sorte que le résultat soit satisfaisant en travaillant avec des images dont la qualité pouvait être très aléatoire. Nous avons beaucoup travailler sur cet aspect pour garantir la pertinence de nos recommandations, qu’elles soient utiles. Mesurer de la couleur avec un smartphone sans référence colorimétrie c’est un véritable défi. Les modules d’intelligence artificielle que nous avons développés et brevetés sont suffisamment performants que pour fonctionner malgré cette contrainte. On a multiplier dans l’entrainement de l’algorithme les carnations, les formes de visage, les expressions faciales pour que cela fonctionne aussi bien que possible. L’autre gros challenge a été celui du design d’interface parce que amener un nouvel usage et le rendre adoptable n’est pas si simple car le diable est dans les détails. A chaque étape, on s’est demandé si on pouvait enlever les frictions de navigation. La technologique n’est rien si elle ne franchit pas la barrière de l’usage et cette barrière est haute car la qualité des interfaces auxquelles les clientes sont habituées est haute. Cette expérience développée avec Lipscanner correspond aux codes du luxe à savoir ; la rapidité, la pertinence et du temps gagner pour savoir les autres valeurs ajoutées du produit notamment sensorielles.
Cette technologie pourrait-elle être développée à d’autres produits comme les fonds de teint ?
Oui tout à fait, la base que nous possédons désormais avec cette technologie brevetée est très intéressante donc nous y réfléchissons activement (rires).
Et au niveau du soin ? Est-il possible par un selfie d’identifier un type de peau ou une problématique spécifique ?
C’est le sens de l’histoire. Dans un monde où les algorithmes de machine learning acquièrent de mois en mois des capacités d’analyse qui peuvent égaler voire parfois suppléer des regards experts y compris en dermatologie, c’est plus que probable qu’on en arrive à identifier certaines caractéristiques. Ce secteur est extrêmement dynamique et il a été fortement dopé par le contexte sanitaire actuel et l’adoption massive de comportements numériques. L’industrie va voir émerger de plus en plus de solutions et des solutions de plus en plus qualitatives. Le numérique va devenir un véritable allié de l’expérience de luxe. Il est toujours possible de pousser de nouvelles portes et d’augmenter la connaissance du produit et le plaisir que l’on a à le posséder.
Le meilleur reste donc à venir …
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