Ils sont controversés et subversifs, mais aussi sources d’innovations en matière d’écoconception et d’upcycling. Portés par l’engouement nostalgique pour les années 80-90 et la suprématie de la basket, les hydrocarbures recyclés se refont une écoplastique.
Avant de revenir dans nos placards, le plastique finit souvent dans les océans (90 % des oiseaux marins en auraient déjà ingéré et désormais, on trouve même des microplastiques dans les larves de poisson). D’ici à 2050, les expert·e·s même les plus optimistes prédisent qu’il y aura plus de plastiques que de poissons dans la mer. En 2015, Adidas a lancé une collaboration avec Parley Ocean Plastic pour créer des vêtements de sport à partir de déchets plastiques marins recyclés en fil de polyester haute performance. Et puisque les tenues de sport sont gourmandes en matières techniques (donc synthétiques), l’année passée, c’est Puma qui s’est associé à First Mile Recycling, pour produire des pièces en fibres d'écoplastique. Le bilan en un an ? 40 tonnes de déchets plastiques, soit l’équivalent de 1.980.286 bouteilles, qui ne seront ni enfouies ni rejetées dans l’océan.
Quant à la marque française Veja, qui explore depuis le début des processus écologiques de production de baskets avec caoutchouc naturel, coton recyclé et « cuir » de maïs, elle développe de son côté des séries en B-mesh, tissu fabriqué à partir de polyester recyclé, conçu à partir de bouteilles en plastique récoltées. Une paire de Veja = trois bouteilles. En Belgique, la marque Norm innove avec des sneakers réalisées en Europe à partir de matériaux recyclés. Six bouteilles deviennent le fil qui tisse une paire, les semelles sont composées de 70 % de caoutchouc recyclé et 30 % de caoutchouc naturel fair trade.
Du côté d’Alain Afflelou, il faut cinq bouteilles en plastique récupérées dans l’océan pour nous remettre les yeux en face des trous, avec la ligne de montures écologiques H2O.
Alors, prêts à se jeter à l’eau pour un polyester plus respectueux de la Terre ? Vilebrequin lance une nouvelle collection de shorts de bain tissés dans un fil fabriqué à partir de déchets plastiques récupérés par les marins de Méditerranée. Un maillot = 200 grammes de déchets recyclés. Tandis que chez Botter (maison cofondée par Rushemy Botter, diplômé de l’Académie d’Anvers), des déchets et des filets récupérés en mer soutiennent une ligne (de pêche) écoresponsable et drôlement désirable. La nouvelle vague s’apprête à « écodéferler ».