Aujourd’hui, nettoyer sa cup dans les lieux publics, sans accès à un évier privatif, relève du véritable défi. Tulipal a voulu remédier au problème.
“Imaginez quelques secondes : vous êtes une utilisatrice de la cup au travail. Vous devez changer votre cup, mais le seul évier disponible se trouve dans une zone de passage. Comment faire ?”. C’est en partant de ce constat que deux étudiants de 23 ans, Julia (jeune bio-ingénieure) et Lucas (jeune ingénieur polytechnicien), ont décidé de créer un dispositif ingénieux permettant de nettoyer sa cup où que l’on soit : au sport, au resto, en soirée, au boulot,…
71% des femmes ne savent pas où ni comment nettoyer leur cup pendant la journée
Car oui, alors que le premier brevet de cup a été déposé il y a presque 90 ans, sa généralisation s’est faite très tardive. Alors ne pensez même pas à chercher un système de nettoyage. Tulipal est le seul a avoir déposé un brevet de nettoyeur portable pour le moment. En Chine et aux États-Unis, on retrouve de nombreux modèles et prototypes de stérilisateurs portables, mais rien qui ressemble à un nettoyeur.
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Or Tulipal n’a pas du tout la même vocation d’un stérilisateur dont le but est, comme son nom l’indique, de stériliser sa cup (un geste qu’il est conseillé de réaliser à chaque début et fin de cycle). Ici, le but est de pouvoir rincer à l’eau la cup remplie de sang que l’on vient de retirer pour la replacer ensuite “comme neuve”. Chose absolument impossible à faire discrètement lorsqu’on se trouve dans des toilettes publiques sans évier privatif.
Résultat, malgré le fait que de plus en plus de femmes utilisent la cup menstruelle, 71% d’entre elles ne savent pas où ni comment la nettoyer pendant la journée. Ainsi, 2/3 des utilisatrices ne suivent pas les recommandations sanitaires de la cup menstruelle malgré elles. En effet, les médecins et gynécologues recommandent de nettoyer 3 à 4 fois sa cup par jour.
Tulipal, c’est quoi ?
Face à ce constat, un groupe d’étudiants en cours d’entrepreneuriat à l’ULB décide de s’atteler à trouver une solution pour pallier ce “vide”. Le projet s’arrête au cadre académique, sauf pour Lucas qui décide d’aller plus loin et qui y consacre même son mémoire. Julia le rejoint. Encouragés par les femmes qui découvraient leur projet, ils lancent le premier prototype de nettoyeur de cup menstruelle.
L’objet surnommé “brusher” se présente sous la forme d’un petit cylindre sobre et ergonomique (on pourrait la confondre avec une gourde). On le remplit d’eau du robinet aux toilettes ou chez soi. On vide le sang de sa cup dans les toilettes et on l’insère ensuite dans le dispositif. Il suffit de manipuler un petit joystick pour mettre en mouvement la brosse à l’intérieur. Une fois la cup nettoyée, on dévisse un côté du cylindre et on vide l’eau “usée” dans les toilettes. La cup est quant à elle retenue à l’intérieur grâce à un dispositif ingénieux. Il suffit ensuite d’ouvrir l’autre côté pour récupérer sa cup propre et de la réutiliser. Le produit convient à toutes les formes de cup !
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Un crowdfunding qui cartonne
En tout, deux années auront été nécessaires à la conception du produit, la création d’une communauté et la rédaction de deux brevets. Le nettoyeur a été testé auprès d’un groupe d’utilisatrices afin d’améliorer l’ergonomie de cette dernière version au mieux. Il est temps de lancer le projet, un crowdfunding est mis en place sur Ulule pour financer la production. Il connaît rapidement un succès énorme. Alors que l’objectif initial s’élevait à 8 500€, le montant atteint aujourd’hui plus de 41 000€. En 2021, Tulipal est d’ailleurs élue startup étudiante de l’année.
Au-delà du simple fait de vouloir simplifier la vie des utilisatrices de la cup, Tulipal souhaite démystifier les règles et contribuer à l’émancipation de la femme à travers un discours d’empowerment. La start-up medtech oeuvre aussi pour l’écologie et pour plus d’inclusivité. Une cup remplacerait plus de 1360 tampons avec leurs emballages individuels et leurs applicateurs plastiques. Simplifier l’utilisation de la cup, c’est généraliser son utilisation. De plus, le “brusher” est développé localement à Bruxelles et produit en Belgique dans un laboratoire de recherche en ingénierie médicale à l’École Polytechnique. Concernant l’égalité des genres, Tulipal préfère parler de “personnes menstruées” plutôt que de femmes pour inclure la communauté LGBTQIA+.
Prochaine étape ? La création d’un dispositif de stérilisation. Exit le micro-ondes ou la casserole de cuisine. Elle se composera d’une base destinée à rester chez soi et sur laquelle il suffira de clipser son dispositif portable. De la vapeur d’eau bouillante sera diffusée et stérilisera la cup en même temps que l’intérieur du dispositif.
Actuellement, il est seulement possible de s’inscrire sur une liste d’attente pour recevoir en premier.ère son “brusher” Tulipal. L’étape crowdfunding vient de s’achever et le produit sera en principe lancé en octobre et disponible sur un e-shop consacré mais également dans différents magasins partenaires physiques. Le prix tournera quant à lui autour d’une trentaine d’euros.
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