Saviez-vous que l'on passe en moyenne 34 fois plus de temps dans la file des toilettes que les hommes ?
C'est la hantise de n'importe quelle personne ne disposant pas d'un pénis et ayant déjà mis les pieds à un festival, une retransmission de match en plein air ou autre événement du même acabit : la fameuse file pipi. Il n'est pas rare d'apercevoir un véritable attroupement et des files kilométriques en dessous d'un panneau "toilettes pour femmes" à côté d'une rangée de Cathy cabines bondées (oui, exactement comme l'image ci-dessous).
Et même après avoir fait littéralement deux heures de file, le pire est à venir puisqu'il s'agit d'entrer dans la "cabine" minuscule en parvenant à ne toucher ni le loquet, ni la planche, ni la porte, et surtout pas un des quatre murs. On se tient donc en équilibre dans un espace d'1 mètre sur 1 en profitant enfin de la délivrance de se soulager après 20 minutes d'attente. Pourquoi, pourquoi a-t-on conçu des toilettes aussi peu pratiques pour les femmes ? C'est ce qu'on tenté de comprendre et résoudre deux jeunes femmes à l'initiative de Peequal.
Un problème universel
Tout le monde parle de Peequal : Le Guardian, la BBC, Forbes, DJane Mag au Brésil, le Korea JoongAng Daily en Corée,... La preuve que le problème est universel. L'invention, quant à elle, est britannique. Ce sont les designeuses Amber Probyn et Hazel McShane qui ont eu l'idée de créer Peequal comme une alternative aux Cathy cabines classiques. Les deux jeunes femmes récemment diplômées de l'Université de Bristol sont parties du constat que les femmes britanniques passent en moyenne 34 fois plus de temps dans la file des toilettes que les hommes. Un résultat peu étonnant quand on sait que, toujours selon les calculs de leur étude, il existe un urinoir féminin pour dix masculins. Un état de fait qui, on peut le dire, est profondément inégalitaire.
Peequal, c'est quoi ?
Peequal, c'est un urinoir qui se présente non plus sous la forme de cabines mais comme une sorte de pizza colorée assez fun ("fun" étant un mot franchement difficile à utiliser lorsqu'on parle d'urinoir, c'est dire à quel point le projet est enjaillant). Dans cette pizza multicolore, six femmes peuvent se soulager en même temps. Les toilettes peuvent se démonter et se remonter dans plusieurs autres formes pour s'intégrer dans n'importe quel espace ; en coin ou en serpent à l'infini par exemple. Le gros plus pour les nareuses ? Pas le moindre contact n'est nécessaire, contrairement à une cabine classique. Et comme si cela ne suffisait pas, le concept est fabriqué localement à partir de matériaux 100% recyclés et il peut être à son tour recyclé après un cycle de vie de 8 ans. La boucle est bouclée.
Mais comment on l'utilise au juste ? Le dispositif se compose d'urinoirs dits "pedestal" ("piédestal" en français). Soit comme des urinoirs masculins mais placés au sol, un peu façon toilettes turques, et suffisamment profonds que pour éviter les éclaboussures. Mais pas facile de rester stable dans un endroit exigu et sans prises (que l'on n'aurait de toute façon pas vraiment envie de saisir). L'autre point faible, le manque d'intimité. Les cabines sont cachées par des murs en coins mais ne disposent pas de portes (pratique pour l'hygiène en revanche). Les murs ont été rehausser mais restent relativement bas. Ils sont suffisamment grands pour vous cacher lorsque vous urinez mais on peut largement voir dépasser les têtes lorsque vous vous relevez. Heureusement, les deux designeuses adaptent constamment leur invention aux retours d'expériences qu'elles reçoivent. Peequal a déjà été testé sur différents événements en Grande-Bretagne et on espère qu'elle débarquera (très) rapidement chez nous !
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