C’est simple comme trois lettres : E-F-T, pour Emotional Freedom Technique (Technique de liberté émotionnelle en français).
Cette méthode dont on entend de plus en plus parler a été créée dans les années 90 par l’Américain Gary Craig. Cet ingénieur diplômé de Stanford voulait une technique utilisable par tout le monde pour alléger les souffrances émotionnelles et psychologiques. Ici, nul besoin de la présence d’un praticien, la technique peut être utilisée tout le temps, à tout moment, que ce soit solo dans votre canapé, le soir dans votre lit ou au volant lorsque la pression vous submerge. C’est la principale qualité de l’EFT; elle est adaptable partout à tout moment.
Elle est aussi extrêmement controversée pour son “effet placebo” par la communauté scientifique. Pour comprendre exactement ce qu’il en est, nous avons rencontré Sabine Tielemans, psychologue, psychothérapeute et praticienne EFT.
Qu’est-ce que l’Emotional Freedom Technique (EFT) ?
“Il s’agit d’une méthode psychocorporelle issue de la psychologie énergétique”, explique Sabine. “Il existe tout un regroupement de techniques qui agissent sur le psychisme par l’intermédiaire du champ énergétique corporel. L’EFT est la technique la plus répandue car la plus accessible”. La praticienne EFT explique les deux types d’utilisations de cette méthode de “self-help” : “Tu peux l’apprendre par toi-même pour toi-même. Je dis toujours qu’il faut au moins l’essayer, ça ne peut de toute façon pas faire de mal. La seconde application, plus thérapeutique et clinique, consiste à faire appel à un professionnel pour accompagner dans les gestes, pour détricoter et résorber des traumas plus profonds“.
“Tu peux l’apprendre par toi-même pour toi-même. Je dis toujours qu’il faut au moins l’essayer, ça ne peut de toute façon pas faire de mal”
Son gros plus, c’est qu’elle permet de gérer les situations de stress de façon momentanée. C’est discret et ça permet de diminuer la tension, de prendre un peu de recul et de retrouver la lucidité nécessaire pour résoudre le problème. Si cette technique est essentiellement utilisée au niveau du stress, elle permettrait également de soulager les douleurs physiques, certaines addictions alimentaires, se fixer un objectif sportif ou augmenter ses performances académiques.
Pour quels effets ?
L’action est double nous explique-t-elle. D’un côté, c’est le psychocorporel qui va intervenir puisqu’il s’agira d’exercer une action directe sur le corps au moyen de tapotements sur des points d’acupuncture au niveau du visage, du torse et des doigts de la main. Cette stimulation de certaines zones-clés issues de la médecine chinoise va ensuite s’accompagner d’une thérapie d’expression verbale. Il s’agira de nommer verbalement la difficulté, le ressenti, la douleur à chaque tapotement.
“Ces deux actions corporelles et verbales simultanées vont libérer émotionnellement le corps de ce qui l’encombre. Lorsque tu stimules un point d’acupuncture, tu envoies un message de calme au niveau d’une partie de ton cerveau appelée l’amygdale. C’est le petit bouton rouge qui se met en alerte lorsque le stress arrive. Le fait de stimuler ces zones-clés va provoquer une sensation d’allègement qui va parcourir tout le corps”. Sabine insiste sur le fait que le problème doit être exprimé de façon sincère et précise. En exposant le problème de cette façon en le répétant, une action se produit au niveau du système nerveux central qui activera la branche parasympathique (calme) et désactivera la branche sympathique (stress).
“Lorsque tu es face à un événement problématique, c’est ta perception et ta réaction face à celui-ci qui vont être problématiques, pas l’événement en lui-même”
“L’objectif est de retrouver une sérénité intérieure et permettre au corps et à tout le système de retrouver de l’espace et du calme”, assure Sabine. “Lorsque tu es face à un événement problématique, c’est ta perception et ta réaction face à celui-ci qui vont être problématiques, pas l’événement en lui-même, c’est une nuance très importante pour comprendre l’EFT.”
Comment ça se passe ?
- La première étape consiste à identifier précisément le problème. Chaque événement a plusieurs facettes et il y a des dizaines de façons de l’envisager en fonction de chacun. Il faut en choisir un en particulier pour s’en décharger. Verbalement, ça doit être précis, ça ne peut pas être trop global comme “je ne m’aime pas”. Par exemple, mon patron me donne une deadline très serrée. Une série de pensées en cascade va aussitôt envahir mon système pour l’empêcher de trouver une solution. À ce moment-là, je vais prendre la première chose à laquelle je pense et qui me perturbe le plus : la peur de me faire virer, par exemple.
- J’identifie l’intensité de cette peur sur une échelle de 0 à 10 (0 signifiant pas de peur et 10 le summum de la peur).
- Ensuite, je vais accompagner cette peur de la formule “même si (identification du problème), je m’aime”. Cette formulation associe le négatif et le positif. Cette étape est très importante car elle permet de “brancher la machine”, comme une pile actionnée grâce à ses deux pôles positif et négatif. Cette formule s’actionne simultanément à la stimulation du point karaté. Si la formulation “je m’aime” est difficile à prononcer, alors vous pouvez verbaliser une autre formule d’acceptation positive de vous-même “je m’aime comme je suis”, “je suis OK avec moi” “je m’aime et je m’accepte du mieux que je peux”, ou la formule que vous préférez du moment que cela invite à l’acceptation de vous-même. Vous répétez cela trois fois. Cela donne : “Même si j’ai peur de me faire virer, je m’aime et je m’accepte comme je suis”.
- Une fois que vous avez mis en route cette formule, vous stimulez les points d’acupuncture du visage et du torse : le sommet du crâne, puis l’intérieur des sourcils, puis le coin externe des yeux, puis l’espace entre la bouche et le nez, puis le menton, puis la clavicule, puis les côtes, puis le dessous des seins. Cela s’appelle faire une ronde que de stimuler les différents points d’acupuncture. On répète dans ce cadre-ci de la ronde uniquement le pôle négatif, en changeant de point d’acupuncture à chaque fois, et non plus la formule de mise en route avec le pôle positif. Par exemple: sommet du crâne “j’ai peur de me faire virer”, creux des sourcils: “j’ai peur de me faire virer”,… et ce à chaque changement d’endroit du corps.
- Après chaque ronde, il s’agit de s’interroger sur l’évolution de mon pourcentage de stress. Est-ce que si j’étais à 8 sur 10 – soit 80% du fonctionnement de mon système monopolisé par le stress et 20% seulement disponible pour la résolution du problème – je suis désormais à 6 ou 7 ? Si cela n’a pas diminué ou a légèrement diminué, je recommence une ronde, jusqu’à atteindre le niveau souhaité. La respiration est très importante dans ce processus. Entre chaque ronde, il s’agit de s’arrêter pour inspirer profondément avec le nez puis d’expirer profondément avec la bouche. On ferme les yeux et on visualise l’événement pour évaluer s’il nous stresse autant qu’avant.
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Quand l’utiliser ?
L’EFT peut être utilisé momentanément dans n’importe quel contexte provoquant du stress ou de l’angoisse. Il peut aussi précéder un événement futur que l’on appréhende. Il suffit de s’accorder un moment chaque jour pour réaliser une séance et observer au fur et à mesure les progrès se faire jusqu’à la date fatidique. Il existe également ce qu’on appelle “la procédure de paix personnelle“, une forme de nettoyage émotionnel sur le long terme.
“Pendant 3 mois, tu vas prendre un carnet pour y noter tous les événements qui t’ont provoqué un sentiment d’inconfort depuis que tu es né jusqu’à maintenant”, explique la psychologue. “Il devrait y avoir entre 300 et 500 événements. Même si l’événement ne te fait plus mal aujourd’hui, tu le notes. Tu le titres. Et tu vas sélectionner tous les jours entre 1 et 3 événements sur lesquels tu vas tapoter. Déjà après quelques semaines, on observe une différence, une sensation de légèreté, une façon de vivre les répercussions des événements de façon beaucoup plus sereine”.
Pourquoi commencer tôt ?
“Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse”, déclare Sabine. “Le fait que cette méthode se répande est une excellente chose car cela envoie un message très fort : il est important de prendre soin de soi, de permettre à son corps et à son esprit de récupérer un équilibre et une sérénité intérieure, de ne pas être perpétuellement dans l’agitation”.
“Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse”
Mais la thérapeute, coach et formatrice insiste également sur le fait que, plus tôt le message est envoyé et les outils mis à disposition, plus il sera facile d’être autonome dans la quête de son propre bien-être dès l’enfance. “L’idéal est de commencer jeune. Même chez les nourrissons, c’est tout à fait possible : douleurs, coliques,… Le parent va poser ses doigts sur certains points d’acupuncture pour réduire le stress de l’enfant. L’autonomisation se fait d’ailleurs beaucoup plus facilement entre 4 et 6 ans, lorsque les enfants sont complètement dans leur fantastique et leur imaginaire”.
Alors on tente ?
Rendez-vous sur le site de Sabine Tielemans pour tout savoir sur l’EFT.
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