La mythique boîte de nuit Mirano, équivalent belge du Palace parisien, a joué ses premières notes il y a 40 ans. Pour célébrer la fleur de l’âge des nuits bruxelloises, l’équipe des origines, sur qui le temps n’a pas eu de prise, organise une festive rétrospective.
« En mars 1981, l’ancien cinéma de la chaussée de Louvain retrouvait du lustre et des boules à facettes sous le nom de Mirano Continental et sous l’égide de Paul Sterck, entrepreneur-entertainer. Bien plus qu’une discothèque, cette institution directement inspirée du Studio 54 a marqué plusieurs générations de clubbers, passés depuis à la postérité de la mode belge. Dries Van Noten y a défilé en grand pour la première fois, et en 1994, Malcolm Mc Laren (compagnon de Vivienne Westwood et l’un des illustres promoteurs du mouvement punk) commentait, au micro, un fashion show organisé en pleine rue (et avec éléphants !) par Bernard Gavilan, DJ et fière figure de proue de la fripe historique à Bruxelles. Ont dansé sur la piste tournante Kylie Minogue, Prince, Grace Jones, Karl Lagerfeld. Et peut-être vous. Au milieu des années 80, la direction artistique était placée entre les mains d’Étienne Russo, fondateur par la suite de la société Villa Eugénie, qui crée depuis les décors, organise et scénographie les défilés de mode les plus prestigieux et démesurés. C’est lui qui, le premier, a lancé les prestations live de mannequins et les a fait défiler sur la scène du Mirano. L’homme qui fait aujourd’hui la pluie et le beau temps sur les mises en scène des Fashion Weeks du monde entier a démarré comme barman à l’étage. Progressivement, il a pris en charge l’organisation de soirées à thème. Les défilés se sont professionnalisés, le Mirano a produit les premières présentations d’Elvis Pompilio, de Cathy Pill, de Mademoiselle Jean, d’Idiz Bogam, de Shampoo and Conditioner, de Xavier Delcour, les remises de prix de la Canette d’or, les débuts de figures de la mode belge à l’instar de Valy Bax, mais aussi des premières de cinéma, des cycles Pasolini…
Les cinq premières années, le Mirano décollait comme une fusée. C’était le lieu hyper select où voir, être vu et être reçu. L’année 1986 a marqué l’arrivée de décors pharaoniques – notamment une maquette de bateau géante installée au milieu de la piste de danse. Cette boîte déjà légendaire prenait une dimension internationale. Avec l’avènement de la musique techno dans les années 90, le Mirano a connu un léger ralentissement. Mais le navire avait vu d’autres déferlantes : lancé avec deux fois rien, porté à bout de bras par une équipe d’artistes bénévoles où tout le monde savait tout faire, toujours dans l’improvisation et l’éphémère, chacun savait faire face aux demandes particulières.
Toujours, la mode et la musique ont été les deux moteurs du Mirano, avec, entre autres le célèbre concours Smirnoff, qui sponsorisait de jeunes créateurs. Ils sont nombreux, qui signent aujourd’hui certains de vos vêtements, à avoir démarré au bar.
Cette exposition, histoire des mille et une nuits de la hype bruxelloise, initiera des rencontres et des conférences thématiques autour de 40 ans de mode, de graphisme, de musique, d’archives du milieu du clubbing, au lever de cette aube qui a vu s’épanouir la jeunesse du Tout-Bruxelles. À titre d’after, un livre et un film seront consacrés aux grandes années du Mirano, qui sont en réalité les heures de gloire de la création belge, émergente et toujours dansante.
Aux Halles Saint Géry, jusqu’au 8 septembre 2021.
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