Mais si, c'est possible... Puisque, cet été, les talons seront quasi bannis, on n’a droit à aucun faux pas pour relever le niveau de notre potentiel séduction.
1. En tongs et claquettes de piscine pour pécho
La carte de la nonchalance, c’est la bonne pioche du printemps. Mais attention, en soignant le haut au cordeau. Lignes droites, fringues carénées et colonne vertébrale au garde-à-vous sont de rigueur. Ne l’oublions pas : les filles trop apprêtées effraient la plupart des hommes qui font directement le raccourci suivant : « Elle a passé deux heures à se préparer ➞ Elle chasse ➞ C’est une pro de la drague ➞ Est-ce que j’ai envie de concourir avec la moitié du bar ? ➞ Serai-je capable d’assurer ? » Ou, pire : « Elle cherche un mari. » Là, le gars est déjà parti…
Alors qu’avec des pompes qui sont l’anti-sex modèle flip-super-flops, on obtient l’équation suivante : « Elle se fiche bien de choper ➞ Elle n’a pas d’idée derrière la tête ➞ C’est la femme de ma vie/nuit. » Le résultat est le même qu’avec des Loubout’ de 12, la scoliose en moins.
2. En socques, façon Geisha
Un bon plan pour les petites, à qui l’idée de perdre dix centimètres d’un coup colle le moral dans les talons. Les semelles compensées plates à la japonaise, ça évoque les geishas, même à ceux qui ne connaissent de l’Empire du Soleil levant que les bottes de motard des livreurs de Sushi Shop. Ne reste plus qu’à adopter la posture low profile, privées de l’arrogance de nos ergots.
C’est touchant, une fille qui avance à petits pas (quand c’est son choix, entendons-nous). L’inconvénient de l’objet : la démarche d’éléphant dans le plâtre, écueil majeur de la flatform et de ses dérivés. Ses avantages : comme avec des talons, on peut à loisir s’accrocher au bras du garçon visé en cas de pavés, d’escaliers, de pluie, de graviers… C’est la technique, vieille comme le monde, de « la jeune fille en détresse », dont il ne faut pas hésiter à user et abuser (les amazones ne font plus bander personne).
3. Dans ses baskets, comme dans des escarpins
Donc pas trop à l’aise. Souvent, le confort des vêtements est proportionnellement inverse à l’élégance avec laquelle on les porte. Ah, le bruit émoustillant de la charentaise qu’on traîne vers la cuisine. Ça ne vous évoque rien ? Pour cause.
En cas de sneakers agréables, trendy et à la bonne taille, optez pour une tenue qui vous invite (force) à surveiller votre attitude. Une robe fluide ou un top décolleté : on se tient intuitivement droite, les épaules en arrière. L’objectif étant de porter ses baskets de façon relativement inattendue, avec une jupe crayon fendue haut, des bas lignés, un pantalon souple et structuré. En gros, d’en faire des escarpins virtuels. Ça, c’est chic.
4. En Birk’, et qu’il ne dise pas beurk
Même combat qu’au point précédent, l’aspect orthopédie en plus. Ici, au moins, on peut jongler en adoptant la Birkenstock de couleur (pas en rose si on a plus de 11 ans, malgré la tentation). Reste la périlleuse question de la chaussette.
Pour la jouer décalée « je suis tellement pointue que j’ai même plus peur du ridicule », soyez certaine d’avoir la bonne coiffure (qui n’est pas une queue de cheval avec un chouchou), le bon maquillage (du soir, surtout rien de naturel), et bien entendu, la bonne tenue au-dessus. Élégance entretien d’embauche, minimum.
Vous rêvez de porter vos Birks dorées avec un short ? D’accord. Mais soyez sûre, vraiment certaine d’avoir le bon âge pour ça (le même que pour les sandales roses susmentionnées). Quant au haut, low-profilissime. Un col bateau tout au plus, une jupe au genou. C’est le prix du confort extrême de la voûte plantaire avec semelle anatomique : il faut surveiller tout le reste. Alors oui, un prince sera tenté de ramasser votre claquette de plage quand vous l’aurez perdue en vous enfuyant à l’appel du marchand de chichis, sur les douze coups de midi.
5. Pieds nus, c’est un bon début
Tant qu’à se passer de talons comme atouts de séduction, autant zapper les chaussures tout court.
Le naturel est de toute façon le langage le plus charmant pour exprimer son ouverture. Pieds nus, on a l’air de la biche innocente qui n’a même pas ouï le cerf bramer (elle l’a entendu, très distinctement, c’est même pour ça qu’elle est là). On a l’air de la vestale qui ne s’emmêle même pas dans son drapé blanc en avançant vers l’autel. On peut porter une combi de cosmonaute, pieds nus, on est à poil. Désarmée. Désarmante. Peut-être alors, osera-t-il s’approcher. Sans nous marcher sur les pieds, s’il vous plaît.
6. En Jesus Shoes, parce qu’on n’est pas des saintes
On les appelle aussi sandales en cuir à lanières, tatanes de berger... Le côté naturel, sans boucles dorées chichiteuses ou pierreries superflues, la séduction subtile de la déconsommation contenue dans la semelle en cuir fin voire en caoutchouc écolo, ont ainsi poussé des générations de babas à se reproduire dans les plaines du Larzac à même des peaux de mouton.
Et même des Ucclois à s’emmêler les gènes sur la digue à Knokke (parce qu’ils avaient rapporté leurs K. Jacques de Sainte-Maxime). Le charme de la Jesus shoe tient à sa posture minimaliste, alors qu’on ne voit qu’elles à nos pieds. Pour séduire un mâle ainsi chaussée, il est impératif de ne marcher que sur des sols en « on » : béton ou goudron.
Le sable, la terre, la poussière, pire, la nature s’infiltrent et, dès qu’on les enlève, dessinent un triple quadrillage sur le peton : bronzage graphique, marques rouges de la peau autour des lanières parce que le pied a gonflé et traces de saleté. Alors qu’en ville, on est tranquille. La sandale d’alter, on adhère. Surtout si elle est signée Lespagnard, Prada ou Balenciaga.
7. Avec des pieds pédicurés, c’est gagné
Si l’on se compromet en sandalettes, toute notre séduction repose sur le soin impeccable qu’on portera à nos pieds, des orteils au tendon d’Achille. Le vernis écaillé, oui, si on est dans un trip « Wicked Game », Chris Isaak, 1989. Même si vous n’étiez pas née vous connaissez, Helena Christensen qui ne fait pas de façon avec sa laque noire qui part en sucette, le chanteur sexy en marcel que ça ne dérange pas, qui lui roule des pelles pendant qu’elle se roule dans les vagues.
MAIS. Elle est bien maquillée, le cheveu nickel, le maillot qui pigeonne. Dans toute autre configuration, il est fondamental d’avoir le ripaton irréprochablement gommé, hydraté, épilé jusqu’au gros orteil, et l’ongle qui brille. Vous avez déjà suivi dans l’escalier une dame en mules qui avait des crevasses au talon ? Voilà.