Const, mon grand frère est le premier essai écrit par Charles Didisheim. Il y raconte la mort de son frère et tout le processus de deuil traversé, pour partager et aussi aider autour de lui. Rencontre.
Le 2 mars 2017, Constantin Didisheim meurt dans une avalanche alors qu’il skiait à Courmayeur, en Italie, et qu’il tentait de venir en aide à des amis emportés par une première coulée. Il avait 25 ans. Charles Didisheim, son petit frère de 22 ans, apprend son décès alors qu’il est en Chine. Il sera rapatrié le soir-même pour rejoindre sa famille à Courmayeur. S’ensuit alors un voyage long de 40 heures pendant lequel Charles commencera à écrire: “Ça me faisait du bien et c’était un moyen de me contenir dans les transports. C’est comme ça que c’est venu, et j’ai gardé cette technique“. L’écriture, avec la musique aussi, devient son “exutoire” comme il aime le dire.
Le partage de ses écrits
Trois ans plus tard pendant le confinement de mars 2020, Charles prend le temps de rassembler tous ses écrits dispersés sur son ordinateur, téléphone ou sur papier pour en faire un document unique. Il les partage ensuite avec sa famille. “Il y a eu beaucoup d’émotions, c’était assez fort mais ce n’était pas difficile. C’était plutôt eux qui demandaient à savoir comment je vivais mon deuil et où j’en étais car je communiquais très peu là-dessus. J’avais du mal à en parler oralement. Partager ces écrits a permis de leur faire comprendre où j’en étais et ce qui m’arrivait“. Et de fil en aiguille, ces ressentis couchés sur papier font leur chemin jusqu’en maison d’édition.
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Ecrire et comprendre pour faire son deuil
Charles Didisheim écrivait à l’origine pour se soulager. “Ça m’a permis d’extérioriser tout cet énervement des premiers instants. Mais après, pour combattre cette rage d’une mort si brutale, il m’a fallu comprendre. Comprendre comment il était mort, retourner sur les lieux, cerner la topologie du terrain. C’était important pour moi de retrouver le médecin légiste et de comprendre son diagnostic final pour connaitre les circonstances exactes de son départ“. Charles reprend dans son livre tout ce cheminement qui lui a permis de savoir ce qui c’était passé et de se reconstruire. De l’annonce du décès jusqu’au processus de deuil plus solitaire, tout est expliqué sans tabou.
Pour combattre cette rage d’une mort si brutale, il m’a fallu comprendre comment il était mort
Il parle aussi de qui était Constantin et de leur complicité. Le petit frère raconte les principaux souvenirs qu’il garde de son ainé. De Londres à Sydney en passant par Marrakech, des bêtises d’enfants aux conneries d’ados, Constantin “vivait à 100 à l’heure“. “On raconte d’ailleurs que tu es mort de vieillesse tant tu as accumulé d’expériences“, écrivait Charles. C’est aussi pour se souvenir de Constantin que Charles a écrit. Le livre est d’ailleurs rempli de photos de leur enfance et adolescence.
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L’importance de parler du deuil
Comme Charles l’explique, la partie la plus difficile à écrire a certainement été celle dans laquelle il tente de décrire ses ressentis et émotions. Mais écrire était nécessaire. “Ça m’a permis de réfléchir et de faire mon deuil de manière plus constructive et formelle. On pense beaucoup à la personne décédée dans la vie quotidienne, mais prendre le temps de poser correctement des mots sur les ressentis aide à avancer. Ca m’a permis de répondre à certaines questions que je me posais“. Aujourd’hui, il affirme n’avoir plus aucun tabou. Parler des morts, c’est même indispensable.
Partager pour aider
Si Charles Didisheim a écrit ce livre, c’est pour plusieurs raisons. “J’ai d’abord écrit pour moi et ma famille. J’ai été capable d’en faire un livre à partir du moment où je n’avais plus de tabous, et si j’ai décidé de le publier, c’est parce que plusieurs personnes m’ont dit que ça pourrait aider ceux qui vivaient la même chose. Mes frères et sœurs d’infortune comme je les appelle“. Le livre possède donc 3 objectifs : honorer la mémoire de Constantin, partager et enfin aider. Charles termine même son livre avec une série de conseils qu’il donnerait à toute personne qui serait amenée à vivre un deuil.
Depuis la sortie de son livre en octobre 2021, Charles Didisheim confie avoir déjà reçu une bonne centaine de retours très positifs. “J’ai reçu des messages très touchants de personnes qui ont vécu de loin ou de près des situations similaires et qui se retrouvent dans mon récit. Ça fait très chaud au cœur“.
Const, mon grand frère, édité par Marque Belge et Filigranes, est à retrouver sur filigranes.be. Charles Didisheim le présente également sur son site et son compte Instagram qui y est dédié.
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